Algérie

El Islah appelle à un débat national Pour une transition démocratique en douceur



«La situation actuelle est dangereuse et risque de s'envenimer en l'absence de dialogue», a lancé, hier, le secrétaire général d'El Islah, Mohamed Madjid Younsi, dans une conférence de presse tenue au siège du parti à Alger.
Interpellée par le contexte actuel marqué par une forte grogne sociale, manifestations pour le droit au travail et au logement, grèves dans plusieurs secteurs (travailleurs de l'éducation et de la santé, boulangers, avocats etc.), une lutte de clans qui se traduit par la médiatisation des affaires de corruption ainsi que par l'apparition de l'alignement politique, le parti d'El Islah tire la sonnette d'alarme quant à un éventuel embrasement dans le pays, surtout en l'absence de dialogue et de communication entre les responsables du pays et les gouvernés.
«Les gouvernements qui se succèdent ne se sont jamais donné l'art d'écouter l'autre, encore moins si cet autre est d'un avis différent», a regretté M. Younsi, qui a appelé à un débat national, au risque de voir la situation dégénérer et entraîner le chaos. «Le gouvernement, et à travers lui tout l'exécutif, voit dans le dialogue une sorte de soumission. Etre interpellé par les citoyens semble le déranger.
Il y voit même un éventuel danger», a regretté le secrétaire général du parti. «Un débat national est la solution pour une transition démocratique pacifique et en douceur», a-t-il estimé. «C'est ce qui permettra d'arriver à un consensus national sur les questions de fond, notamment dans la situation dangereuse que nous vivons. Nous refusons l'idée américaine du chaos créatif dont nous avons vu les résultats dans les pays de la région», a expliqué M. Younsi. Il a précisé que l'initiative d'un débat national avec toutes les composantes de la société, formations politiques, société civiles et simples citoyens, devait émaner du gouvernement ou du président de la République.
M. Younsi exhorte ce dernier d'user de son droit constitutionnel et d'appeler à «un débat national sur la situation politique, économique et sociale du pays et qui aura pour but de mettre fin à la congestion à même de mener à une implosion».
Le mouvement d'El Islah préconise pour la réussite de cette initiative de mettre en place des ateliers de réflexion dans chacun des domaines politique, économique et social, la rédaction d'une charte nationale contenant les résultats des travaux du débat et les points ayant fait consensus et, enfin, la concrétisation de ces solutions dans les différents textes législatifs, constitutionnels et juridiques.
Pour une séparation réelle des pouvoirs
Interrogé sur d'éventuelles propositions pour la révision de la Constitution en vue de la présidentielle de 2014, le premier responsable du parti El Islah a indiqué que sa formation avait à plusieurs reprises présenté des propositions de réformes législatives et regretté qu'on leur prête rarement une oreille attentive.
Quand aux principaux axes sur lesquels il faudrait travailler, M. Younsi a estimé qu'il fallait d'abord préciser le mode de régime qu'on veut adopter. Le parti estime qu'un régime parlementaire est celui qui répond le mieux à la volonté du peuple. Il revendique également l'alternance pacifique sur le pouvoir, un principe qui ne peut être garanti que dans le cadre de la limitation de mandats, selon lui.
Ce dernier estime que le président doit être éligible pour un mandat de cinq années renouvelable une seule fois. El Islah appelle également à une séparation réelle des pouvoirs. «Le législatif et le judiciaire restent sous l'emprise de l'exécutif», a regretté le chef du parti, qui demande à accorder le pouvoir de légiférer exclusivement aux parlementaires ainsi que celui de contrôler le travail du gouvernement.
Le parti demande également à garantir l'indépendance de la justice, à travers la mise en place d'un conseil supérieur de la magistrature, un organe totalement indépendant de l'exécutif. Enfin, El Islah appelle à la création d'une cour constitutionnelle comptant des citoyens indépendants ayant le droit de saisir le conseil constitutionnel au sujet des textes anticonstitutionnels.


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