À gauche des odeurs de cumin et de berlingots roses ou verts, reliefs de fruits confis ou de menthe, s’échappaient par la porte d’une épicerie sans lumière, sans nom ni enseigne. Dans ce hanout tout y était, rangé dans des casiers en bois usés par le temps : des fruits secs, des dattes ou des raisins se prétendant de Corinthe, des boudins de moût de pampres cuites, des petits-beurre et autres brisures de biscuits, des pois-chiches grillés et enrobés d’un glaçage coloré surnommés lé-blis-blis, des clous de girofle et du poivre Kherouâ pour chasser les ardeurs, mille autres surprises aux senteurs de cannelle ou de noix muscade. C’était réellement un plaisir de voir un gamin, un peu borgne et probablement fils du patron, plonger une pelle dosette de grainetier, au manche en bois et au corps bombé fait dans un vieux zinc ou un fer blanc dévoré d’usage, puis de le laisser remplir des grands cornets de papier gris de boucher ; parfois il détaillait un pain de sucre par morceaux, apportant à cette opération un soin extrême en donnant de secs petits coup de marteau. Alors il déposait délicatement sa collecte sur le comptoir graisseux en annonçant le prix fatidique.
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Posté Le : 17/11/2011
Posté par : chaouibani
Ecrit par : Jacques Arena
Source : mémoire