Algérie - El Hadj Ahmed Ben Ben Mohamed Chérif

El Hadj Ahmed Ben Ben Mohamed Chérif (1826 - 1848)



El Hadj Ahmed Ben Ben Mohamed Chérif (1826 - 1848)

Après avoir été Khalifa de Ahmed El Mamlouk, celui de Mohamed El Mili puis de Brahem Khodja Bey qui faillit le faire arrêter en 1819 pour sa vie extravagante, vivait à Blida assigné à résidence. Il intrigua, manoeuvra, usa de tous les moyens pour rentrer en grâce auprès du dey. Il chercha d'abord à obtenir la protection de Yahia Agha, ami de Hussein dey en lui faisant une cour assidue et empressée. Il profita du séjour de ce dernier à Blida lors du tremblement de terre de 1825 pour le combler de magnifiques présents : chevaux, armes incrustées d'ivoire et d'or, vêtements de luxe, lévriers, etc... Yahia Agha avait tout accepté sans qu’il ne fit aucune démarche auprès du dey.

El Hadj Ahmed en ressentit une vive déception qui devint une haine implacable contre Yahia Agha. Il chercha, depuis, par tous les moyens, à le nuire. A cet effet, il chercha l'appui de Brahem Khasnadji qui avait été son chaouch à Qacentina, dont les visites fréquentes, pour raison de service, au pacha pouvaient le servir. Brahem Khasnadji, entrant dans ses vues, entreprit auprès de son maître, un travail de sape lent, souple, insinueux mais efficace, au point de lui faire inspirer des sentiments de méfiance à l'égard de Yahia Agha. Il le représenta souvent comme un homme ambitieux et sans scrupule, avide de pouvoir, capable de tous les artifices pour atteindre ses objectifs tel que le pouvoir suprême dans la Régence. Brahem Khasnadji réussit à faire réhabiliter son ami et à arracher du dey la promesse de sa nomination à la tête du beylik de l’Est.

Lorsqu'en juillet 1826, Husseïn dey l'investit de ce commandement ce fut à Yahia Agha qu'il confia la mission d'installer le nouveau bey dans ses fonctions et d'asseoir son autorité. Ils partirent donc ensemble, à la tête d'une imposante mehalla en passant par Hamza (Bouira), Ouanoughan, Médjana, Zemmoura, Taghrout, Sétif, Ouled Abdenour, Ouled Soltan, Annaba, pour rentrer à Qacentina. Partout les deux chefs reçurent un accueil chaleureux, mais les acclamations s'adressaient beaucoup plus à Yahia Agha connu pour sa bravoure, sa connaissance des affaires de l'Etat, et surtout pour sa compréhension des problèmes régionaux auxquels il trouvait souvent des solutions satisfaisantes pour tous. Sa popularité et son prestige éclipsèrent la présence de El Hadj Ahmed, ce qui rendait celui ci fort jaloux et plus haineux encore ; Mais, maître de ses sentiments, il n'en laissait rien apparaître. Ils apportaient tous deux, toutes les améliorations qui leur paraissaient de nature à trouver une application immédiate, laissant le règlement des problèmes de fond en d'autres circonstances.

El Hadj Ahmed Bey, après avoir constitué son makhzen, éliminé les indésirables des charges publiques, se mit à l'ouvrage. Il se mit à étudier l'état de la population, ses besoins, ses griefs, les causes des perturbations dont elle avait été tout récemment le théâtre, et les moyens d'en prévenir le retour. Plusieurs têtes des hommes les plus compromis tombèrent sous le glaive du bourreau. Turcs et autochtones, sans distinction, subirent le même châtiment. De plus, il régla pour toute la contrée l'impôt de l'Achour sur lequel en s'était souvent buté jusque là.

Une fois ces dispositions prises et le calme ainsi rétabli, l'agha Yahia rentra à Alger, c'était en décembre 1826.

Dès le début de l'année nouvelle, El Hadj Ahmed Bey monta une expédition contre Zin Ben Younes, principaux rebelles du Dir, à l'Est de Tébessa, qui, à cheval sur la frontière refusaient de reconnaître son autorité. Par trahison, il s'empara de leur chef Ben Younes, qui fut garrotté et envoyé à Alger pour être pendu. Il poursuivit ses opérations contre les Henencha qui avaient tué leur kaïd et se refusaient à payer les impôts. Après s'être emparé de nombreux troupeaux de bétail dans la région, il rentra en avril à Qacentina, laissant le soin à son khalife Ben Aïssa et à son lieutenant Bel Bedjaoui de poursuivre la campagne.

Son retour dans la capitale n'était pas sans motif ; il voulait verser son denouche avant tout le monde afin de montrer au pacha qu'il savait en difficultés financières, qu'il pouvait compter sur lui en toute circonstance. En plus du denouche s'élevant à plus de quatre cent mille soltanis, il prépara à chaque dignitaire, et selon son rang, des cadeaux d'une grande valeur. Quand tout fut prêt, il partit à Alger en mi mai 1827. « Il arriva à la Cour du pacha, accompagné des personnages les plus marquants de la province et les mains pleines de présents magnifiques pour son illustre maître et pour ses vizirs. Husseïn dey, émerveillé, lui exprima dans des termes les plus flatteurs, sa joie et son consentement, et lui renouvela la pleine confirmation des pouvoirs dont il l'avait précédemment investi » (1).

Au cours de l'audience en tête à tête accordée, comme il était de coutume à tous les beys en visite en de telles circonstances, Ahmed Bey n'oublia pas de signaler la popularité dont jouissait Yahia Agha et d'en souligner le danger. Il le mit donc en garde contre cet homme « ambitieux, capable d'employer tous les moyens pour s'emparer du pouvoir ».

Quoique fortement impressionné par ce langage qu'il n'entendait pas pour la première fois, Hussein dey n'osa rien entreprendre contre son ami dont la loyauté n'avait jamais failli (2).

Les ennemis de l'agha Yahia ne désarmèrent pas pour autant. Ils gagnèrent à leur cause le gendre du dey, Brahem Ben Ali, auquel on promit le titre d'agha en cas de succès. Ils édifièrent alors en commun un piège duquel leur ennemi ne pouvait sortir indemne. Yahia Agha ayant été chargé d'approvisionner toutes les garnisons côtières de denrées alimentaires, ils y introduisirent au moment de la livraison des produits avariés. Les complices janissaires qui avaient réceptionné la marchandise élevèrent immédiatement des protestations auprès du pacha accusant Yahia Agha de faussaire et de malhonnête ; Brahem Khasnadji et Brahem Ben Ali présentèrent la chose sous un aspect politique ; ils accusaient Yahia de vouloir créer un mécontentement général qui pousserait les janissaires à la révolte.

Hussein dey vérifia les denrées en présence de Yahia Agha qui comprit qu'il venait de tomber dans un piège. En dépit de ses protestations sur la sincérité de ses sentiments et la régularité totale de l'opération en question, en dépit de la dénonciation de cette machination évidente tramée pour le perdre, il ne put faire revenir le dey sur ses convictions. Il fut donc destitué en février 1828, et remplacé par Brahem Ben Ali, gendre du dey Hussein.

Il se retira dans sa campagne appelée Djenan Bou Gandoura qui devint la villa le « le Sacré Cœur » sous la colonisation et à l'indépendance, une maison pour enfants de Chouhada.Ses amis vinrent lui rendre visite en grand nombre ; mais cette popularité porta encore ombrage à ses ennemis. On le fit transférer à Blida où il possédait un haouch (3), avec interdiction de recevoir des visites.

Quelques jours après, deux chaouchs vinrent lui présenter la décision de sa condamnation à mort (4).

Après avoir fait ses adieux à sa famille, fit ses ablutions et sa prière, il s'offrit aux mains de ses bourreaux qui l'étranglèrent à l'aide d'un cordon de soie savonné, telle que l'exigeait la coutume pour les Turcs condamnés.

Yahia avait épousé, lorsqu'il était kaïd de Boufarik, la fille de Si Ali Ould El Hadj El Mahdi Khiati. Elle était morte sans lui donner de descendance. Il avait épousé ensuite la fille de Ben Khasnadji. Il en eut un fils qui mourut en bas âge, et une fille qui se maria avec Mohamed Ould Agha. Quand il avait acquis le grade d'agha, il avait fait venir de Roumélie (Il était donc d'origine slave, mais sa mère, une Kabyle citadine d'Alger) ses deux neveux : Hassan et Amin. Le premier épousa une fille de Hussein Dey ; Le second une fille de Khodjet El Khil.

Dès les premiers jours de sa condamnation, Hussein Dey fit prononcer le divorce entre sa fille et Hassan.

Entre temps, le 30 avril, il se produisit un incident entre le consul de France et le dey. Malgré son apparence anodine, il servit de prétexte, trois ans plus tard à des événements qui bouleversèrent totalement le devenir de l'Algérie.

Lors de la fête de Baïrem, le corps consulaire des puissances européennes représentées à Alger fut reçu, comme la tradition l'exigeait, par le dey pour la présentation des voeux coutumiers. Le pacha en profita pour rappeler au consul Deval, le règlement de la dette due par son pays depuis 1794. Celui ci, associé à Bakri qui servit d'intermédiaire et qui s'était enfui en France, lui répondit d'une manière insolente pour cacher son embarras à dire la vérité sur la destination des versements déjà effectués par le gouvernement français. Outré par cette offense publique, Husseïn Dey le congédia en le touchant au bras de son éventail. Ce que les manuels d'histoire français appelèrent « le coup d'éventail ».

Deval se plaignit à ses complices du gouvernement (parmi eux, il y avait Talleyrand, qui avait servi à la fois la Révolution, l'Empire et la Restauration). Une escadre française se présenta le Il juin devant Alger pour demander réparation et dans le cas où elle ne l'obtiendrait pas, elle reçut l'ordre d'emmener le consul et les nationaux résidant à Alger, et de poster, au large, un certain nombre de navires pour assurer le blocus du port. Le dey ayant refusé de donner satisfaction aux exigences françaises, la flotte prit le large le 15 juin laissant seulement quelques navires pour embarquer le personnel des Etablissements de Bône et La Calle, et surveiller l'entrée du port.

Pendant que Hussein Dey faisait mettre en état et renforcer les batteries côtières (c'est à cette époque que se situe la manoeuvre qui perdit Yahia Agha) Ahmed Bey faisait détruire les Etablissements français déjà vidés de leurs matériels et de leur personnel.

Après cette opération, Ahmed Bey s'intéressa un peu plus aux affaires de sa province. Fidèle à la politique traditionnelle turque, il usa beaucoup plus de ruses, de manoeuvres dilatoires, et de divisions que de guerres.

Aux Ferdjioua, Ahmed Bey investit du titre de cheikh Bou Okkaz, mais il y avait toujours le clan Derradji fils de feu Magoura qui constituait une menace permanente à la paix et à la stabilité dans la région, et surtout contre l'ordre des choses établi par les Turcs.

Ne pouvant se saisir par la force de ce groupe de mécontents, le Bey employa la ruse. Il réussit avec l'entremise d'affilés insinuants à amener Derradji à solliciter l'aman. On vit dès lors ce dernier figurer avec ses amis dans toutes les sorties du bey, même pour des razzias en des régions lointaines telles que : à Sour El Ghozlan, aux Ouled Dehan près de Annaba.

Après avoir été investi solennellement l'un et l'autre et assisté aux fêtes données en leur honneur, les deux cheikhs (5) quittèrent ensemble Qacentina escortés des principaux membres de makhzen pour se rendre à Sidi El Houssin dans la montagne qui domine Mila où ils devaient prêter serment de demeurer fidèles l'un à l'autre. Cette cérémonie accomplie, chacun regagna son domicile.

Le mercredi suivant, le jour du marché à Djemaâ, les deux cheikhs se montrèrent ensemble, la main dans la main, pour que la nouvelle de leur réconciliation se répandit à travers le pays. Après le déjeuner, Bou Okkaz proposa une promenade à son hôte. Sous prétexte de ménager son cheval, il insista pour que Derradji monta un des siens, choisi parmi les plus chétifs. Ils partirent donc ensemble dans le bois de Merdjet El Beïda. Arrivé au niveau d'un fourret, Bou Okkaz mit pied à terre et fit semblant d'avoir repéré un lièvre. Il appela Derradji qui s'approcha du lieu. Au moment où ce dernier s'arrêtait pour scruter le buisson désigné, Bou Okkaz donna un coup au cheval qui se cabra et mit son cavalier à terre. Bou Okkaz se précipita sur lui, et, après une lutte qui tourna à son avantage, il transperça froidement son adversaire de plusieurs coups de boussaâdi, et lui trancha la gorge.

Son forfait accompli, il retourna rapidement au camp et se saisit des compagnons de la victime auxquels il fit subir le même sort. Deux des convives réussirent à s'enfuir au galop et à disparaître dans le bois. Bou Okkaz fit ensuite une razzia dans la plaine, s'emparant des troupeaux et des vivres, des serviteurs, des frères et enfants de sa victime.

Ahmed Bey ne fit aucune objection, ne serait ce que pour se disculper aux yeux des autres cheikhs qui se doutaient de l'instigateur de la machination, il se contenta de partager le butin rapporté par Bou Okkaz. Les frères et les enfants de Derradji furent gardés à vue à Qacentina ; Ahmed Bey les voulait près de lui pour les utiliser éventuellement contre Bou Okkaz lui même.

Aux Zouagha, il y avait deux sofs ; l'un était dirigé par Mohamed Bou Lakhras, l'autre par Azzedine Derradj Ben Achour.

Ahmed Bey destitua le premier pour confier le commandement unique à Azzedine son cousin (de mère Ben Gana) pour le récompenser des services qu'il lui avait rendus lorsqu'il avait fui la colère du bey son chef et s'était exilé à Blida. Ce bouleversement entraîna de nouvelles guerres entre les deux sofs. Azzedine mort, le bey, occupé ailleurs, chargea son frère Bou Renan Derradj Ben Achour de diriger la lutte contre ses adversaires. A cet effet, il lui fournit : hommes, armes et munitions.

Mohamed Bou Lakhras mourut empoisonné de la main de ses ennemis, laissant des enfants jeunes en bas âge. Bou Renan s'en empara et les mit légalement sous sa tutelle. Le cheikhat de Azzedine revint à son frère cadet Mohamed, alors que c'était le jeune Bou Renan qui s'occupait de tout. Afin que ne se créât aucune animosité entre les deux frères, Ahmed Bey présida lui même le partage des biens. Pour établir un équilibre entre les deux parties il fit céder à Mohamed les territoires appartenant à Mostefa Ben Redjeb descendant de Redjeb Bey Ben Ferhat, kaïd de Mila. Celui ci, très vieux, n'y vit aucun inconvénient du fait qu'il n'avait pas d'héritier mâle que Mohamed était devenu son gendre depuis son mariage avec sa fille veuve de son frère Azzedine.

Maître d'un vaste pays, où tout se faisait à leur gré, et sans que le bey, leur ami, y portât aucune entrave ou contrôle, les Azzedine devinrent en peu de temps, exclusivement riches, des féodaux parmi les plus puissants de la province.

A l'Ouest, il ne pardonna pas aux Mokrani le soulèvement des Beni Abbas et des Bibans imposant le droit de péage aux troupes turques. Hadj Ahmed Bey ne leur fit pas une guerre ouverte, mais paya des agents pour y semer la discorde. Mais cette opération ne se solda pas par un succès comme aux Ferdjioua. Les populations montagnardes ne reconnaissaient, en fait, ni les Mokrani ni les Turcs ; elles ne connaissaient que l'autorité de leurs Djemaâ et leurs propres intérêts. Ce passage des Portes de Fer constituait pour elles une source de revenus qu'elles se réservaient et ne le concédaient pas même aux Mokrani. Elles le défendirent et le défendront jusque vers 1840 quand les troupes françaises d'occupation auront étendu leur présence à la région.

Quant à la famille Mokrani, divisée depuis fort longtemps en deux clans rivaux, n'offrait plus de prise à ces sortes de manoeuvres en son sein. Le clan Abdeslam, créé par les Turcs leur demeura fidèle celui de Hadj Abdallah Mokrani leur sera très souvent hostile. La situation dans cette région demeura donc inchangée jusqu'à l'établissement du colonialisme français qui bouleversa totalement l'ordre des choses.

Dans les Ziban, les Ben Gana, ses oncles maternels, reçurent de ses services les moyens nécessaires pour consolider leur position vis à vis de leurs adversaires les Bou Okkaz. Ceux ci, depuis fort longtemps, divisés en plusieurs clans, admirent le fait accompli de la présence des Ben Gana. Dépouillés, peu à peu, d'une bonne partie de leurs territoires, leur autorité ne s'étendit plus que sur les oasis sahariennes bien au sud de Biskra.

A Touggourt, il ne se produisit aucun changement. Le parti favorable aux Turcs détenait en fait le pouvoir ; l'autre, plus ou moins en dissidence ouverte, occupait l'arrière pays. Nous verrons plus tard qu'il tentera d'offrir ses services aux troupes impérialistes, uniquement par vengeance.

Au mois de juin 1829, le bey envoya le denouche à Alger, soigneusement constitué comme les années précédentes. En plus de la contribution destinée au Trésor, le dey et sa famille, chaque dignitaire, selon son rang, reçut sa part de présents. Ahmed Bey, qui connaissait parfaitement son milieu prit un soin particulier à cette répartition.

La délégation qui revint d'Alger rapporta des nouvelles peu rassurantes sur le déroulement des événements qui découlèrent de l'incident Deval-Hussein Dey.

Conformément aux instructions du dey, Ahmed Bey fit ses préparatifs pour faire face à une guerre éventuelle, car jusque là, personne ne croyait encore à un conflit aimé qui prendrait une ampleur dangereuse.

Le bey fit appel à tous ces feudataires pour qu'ils fournissent des contingents de cavalerie et des fantassins ; à tous ses "mercantis" de stocker des vivres et des céréales, à tous les kaïds de région de veiller aux approvisionnements des populations locales.

Au moment voulu, il fut présent à Alger et participa avec ses troupes à la défense de la ville.

Notes

(1) Vayssettes R.A. n 104 (mars 1874).
(2) On dit que Hussein et Yahia étalent liés par un pacte d'après lequel ils s'étaient jurés réciproquement fidélité. Ce fut pour cette raison que Hussein Dey hésita beaucoup à croire à la trahison de son ami.

(3) Yahia Agha possédait aussi une maison dans le quartier d'Ibn Gaour Ali (ancienne Placé Randon, Djamaâ l’ lhoud). Il avait entamé la construction d'une autre maison de rapport à Bir Djebba (rue du Palmier).

(4) Avant de prononcer la condamnation à mort de son ami. Hussein Dey eut tout de même des scrupules de conscience. Il consulta une assemblée de jurisconsultes pour s’avoir si la conduite de Yahia, lorsqu'il avait donné de mauvaises denrées aux janissaires pour les faire révolter, ne le dégageait pas de son serment de fidélité. Mais les ennemis de Yahia avaient préparé des témoins en grand nombre parmi les fournisseurs et les janissaires accusant Yahia de les avoir soudoyés pour se taire. L'assemblée des cadis et ouléma, devant de tels témoignages, autorisa le pacha à se délier de son serment et à prendre des décisions qu'il désirait

(5) Ne portait le titre de kaïd que le Turc, en général un militaire en retraite qui obtient cette charge ; ou un militaire détaché de la milice pour exercer ces fonctions (surtout pour les régions en état d'insurrection). Ce kaïd possédait sous ses ordres des chouyoukhs, chefs de tribus désignée par lui. Par Contre le titre de cheikh d'une région n’était octroyé que par le bey, les promus relevaient directement du makhzen, C’est à dire du bey lui même, comme les khalifats. Le terme de kaïd, à l'époque française, fut prit du vocabulaire turc, mais la fonction ne correspondait qu’à celle de cheikh de douar.





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