Algérie

El Gueddafi impose une guerre à huis clos



Les insurgés libyens, maîtres de l’est du pays, ont continué leur progression hier vers l’ouest et ont attaqué une ville contrôlée par l’armée régulière du colonel Mouammar El Gueddafi, alors que l’opposition affrontait la police dans les rues de Tripoli.
Dans le quartier rebelle de Tajoura, dans l’est de la capitale, des affrontements ont opposé une centaine de manifestants, scandant des slogans contre le régime, aux forces de l’ordre. Ces dernières ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les protestataires, selon des témoins.
Sur la place Verte, dans le centre-ville, une centaine de pro-El Gueddafi ont manifesté leur soutien au «guide de la révolution», selon un journaliste de l’AFP. Des heurts limités ont eu lieu entre des petits groupes de manifestants pro et anti-El Gueddafi non loin de là, a indiqué un témoin. Les forces de l’ordre bouclaient le secteur, mais elles sont restées en retrait sans intervenir, tirant simplement en l’air. Au 18e jour de révolte contre le dirigeant libyen, les insurgés - un mélange de jeunes Libyens sans expérience du combat et de militaires ralliés à l’opposition - avancent le long de la côte, et se trouvent désormais à plus de 300 km au sud-ouest de Benghazi, fief de la contestation anti-El Gueddafi. Des bombardements intenses et des tirs d’artillerie étaient entendus près de Ras Lanouf, alors que des insurgés se dirigeaient en camion vers ce secteur, selon un journaliste de l’AFP. Des bombardements répétés et des rafales d’artillerie étaient entendus depuis une position dans le désert, située à une dizaine de kilomètres à l’est de Ras Lanouf, port pétrolier stratégique situé à environ 600 km à l’est de Tripoli. Quatre morts au moins Au moins quatre personnes ont été tuées dans les combats près de Ras Lanouf, selon un insurgé joint sur place. Un médecin a, de son côté, fait état de «nombreux morts et blessés» à Ras Lanouf. «Le plan est d’avancer petit à petit dans leur direction pour les pousser à reculer. Nous ne voulons pas nous battre, nous voulons leur imposer une pression psychologique (...) Mais si nous devons tuer pour remporter cette bataille, nous le ferons», a expliqué le colonel Bachir Abdelkader.
Un peu plus à l’est, le capitaine Chouaib al-Akaki, qui a rallié le camp de l’opposition, s’inquiétait à l’idée des combats à venir, forcément fratricides. «Nous essayons de limiter les pertes des deux côtés. En Libye, nous sommes tous parents. Nous sommes un pays de tribus. Nous avons tous de la famille à Syrte», ville natale et fief du colonel El Gueddafi située entre Tripoli et Benghazi, a-t-il expliqué. Cependant, un autre capitaine rallié à l’opposition, Mohammad Abdallah, a expliqué à Brega qu’il n’encourageait «pas les gens à aller vers Ras Lanouf parce que les troupes d’El Gueddafi y (avaient) des positions solides». «Ce sera un massacre si les gens vont là-bas», a-t-il redouté, ajoutant que des centaines de volontaires étaient partis vers cette ville.A Brega, l’opposition se préparait à une nouvelle contre-offensive. Devant l’entrée de la principale raffinerie, une cinquantaine d’insurgés ont établi un poste de contrôle, équipé d’armes anti-aériennes et installé des barricades sur la route. Rafles et arrestations   A la sortie d’Ajdabiya, à 70 km à l’ouest de Brega, un journaliste de l’AFP a vu plusieurs voitures prendre la direction du port pétrolier. Certains venaient de villes nettement plus à l’est comme Al-Baïda ou Tobrouk. «Je suis venu avec quatre amis. Nous n’avons pas de fusils, mais nous pensons en obtenir en arrivant à Brega. Nous devons prouver (à El Gueddafi) que c’est notre pays. C’est l’heure du jihad», a expliqué Mohammed, 35 ans, employé de banque à Tobrouk. Tout à l’ouest, la ville de Zawiyah (60 km à l’ouest de Tripoli) a été reprise par les forces fidèles au colonel Mouammar El Gueddafi, a affirmé la télévision libyenne.
Le «chef du groupe terroriste» de la ville, Hussein Darbouk, et son second ont été tués, a-t-elle également affirmé, en précisant que d’autres chefs rebelles avaient été faits prisonniers. Des hélicoptères de transport de troupes Chinook étaient visibles dans le ciel de la capitale en fin d’après-midi. Au moins six appareils, pouvant transporter une cinquantaine de soldats et du matériel, volaient vers l’ouest, en direction de Zawiyah. L’opposition a également manifesté à Benghazi pour réclamer le départ du colonel El Gueddafi. Quelque 5000 Libyens ont prié près du tribunal après un prêche au cours duquel l’imam a promis que «la victoire était proche».
 


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