El-foum

F i Ramdane, il paraît que se brosser les dents est interdit. Résultat: quand vous prenez le bus je ne vous dis pas ce qu'endure le nez. Des bouches, des goûts et dégoût.

Constamment humide, en cette période elle est sèche, la bouche, et ne devient bavante qu'à l'approche du muezzin du maghreb.

Si c'est par cet orifice que fi sayère liyam peut sortir la parole la plus douce, comme la plus grinçante, la plus convaincante, la plus suppliante, la plus aimante, fi ramdane, son rôle se limite à abriter la langue. C'est le silence bouillonnant. Et si jamais on ouvre la bouche pour libérer la langue, les oreilles en prennent un sacré coup. Le vocabulaire ne devient qu'onomatopées reflétant un quotient intellectuel qui dépasse largement la température «fessière». C'est dire que ça vole très haut!

«Celui qui ne peut pas issom yakoul», osera le sage pour calmer les esprits. Mais les nerfs à fleur de peau transformeront la sagesse, sur des journaux en mal de scoops, en «condamné à 45 jours de prison ferme (comme s'il y avait des prisons ouvertes!) pour coups et blessures volontaires.

Une chose merveilleuse fi sidna ramdane, c'est que yekchef koulchi. L'année durant les femmes donnent à leur bouche, grâce aux cosmétiques, un air de fête aux couleurs diverses. Même la bouche louche se permet douceur et charme. Fi ramdane oualou rouge à lèvres la journée. On se rattrape après leftour, mais... faqou.

Chez l'homme, le soir la bouche se dévergonde en s'approchant de la cigarette, humidifiée par un bon expresso, elle laisse fuir des airs multiples ou des sifflets de convoitise au passage d'une jolie fille (allahouma inni sayem)

Mais comme tout être vivant, la bouche vieillit quand l'abandonnent les dents, et qu'elle n'aura plus la force de sourire. C'est par elle que sortira le dernier souffle, par la bouche. Motus.