Dans la région d'El Milia, s'étendant sur une vaste zone à relief montagneux d'El Ancer jusqu'aux localités limitrophes de la wilaya de Skikda, la fête de Yennayer n'est pas simplement une date. Dans l'esprit des gens, elle est plus qu'un calendrier berbère, mais une tradition à laquelle ils se sont attachés depuis des lustres. «Pour nous, c'était Ras El Aam, une fête sacrée que chaque famille tenait à célébrer en plein mois de janvier, c'était vers le 10, le 11 ou le 12 de ce mois, c'était une sorte de festin à organiser dans chaque foyer pour marquer cette date du calendrier amazigh», rappelle Salah, septuagénaire, retraité de son état. Natif de la localité d'Ouled Salah, sur les rives de l'Oued Boussiaba, aujourd'hui englouti par un barrage éponyme, cet homme se rappelle de cette fête, quasiment disparue des m?urs familiales de nos jours. Le festin reposait sur des plats préparés dans la pure tradition de la cuisine locale.A base de poulet, le mets de Ras El Aam est composé de «R'fis» ou «Lafat», une sorte de feuilles fines préparées à partir de semoule et d'huile d'olive, avec un savoir-faire inégalé des femmes de l'époque. Ces feuilles sont découpées en petits morceaux pour ensuite être arrosées avec un bouillon épicé avec des légumes et des ?ufs.
Le tout est servi avec du poulet dans un grand plat autour duquel se retrouvaient tous les membres de la famille. Un mets succulent, paraît-il. Sauf que pour les enfants, il y avait l'histoire de cette vieille femme «El Fattacha», qui s'invitait au festin pour vérifier les plus boulimiques d'entre eux. «On faisait peur aux enfants pour qu'ils ne mangent pas avec excès, c'était beaucoup plus pour leur éviter d'avoir des troubles digestifs, on leur racontait que cette vieille femme viendrait la nuit ouvrir les ventres les plus pleins !», rappellent ceux qui ont vécu cette époque. Chaque enfant était ainsi tenu de laisser de côté, autour du kanoun, une petite quantité de ce qu'il mangeait à cette vieille visiteuse de la nuit pour éviter de subir son passage. Dans la mémoire des gens de la région d'El Milia, l'histoire d'«El Fattacha», à traduire par inspectrice, représente un conte du patrimoine populaire local qui reste étroitement lié à Ras El Aam, ou Yennayer, aujourd'hui décrété journée nationale chômée et payée.
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Posté Le : 14/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amor Z
Source : www.elwatan.com