Algérie

El ferda : Coup de foudre à Kenadsa



El ferda : Coup de foudre à Kenadsa
Apparenté au genre melhoun tant dans ses textes que dans ses compositions, le mode musical ferda est né à Kenadsa, Béchar, à la même époque de l'apparition du chaâbi qui s'est beaucoup enrichi de l'émigration des poètes populaires algériens fuyant l'occupation. C'est dans la Saoura qu 'ont émergé les grands maître de ce lyrisme dont les qaçaid ont fait le tour du Maghreb. Il est établi que le melhoun, qui n'a pu voir le jour qu'après que le zajal (poésie populaire), a pris une forme d'expression se prêtant à  la chanson, a connu son essor aux XVIIIe et XIXe siècles. C'est d'abord les artisans qui, pour atténuer la rigueur du travail et rompre sa monotonie, ont adopté le melhoun avant qu'il ne soit généralisé à  toutes les franges de la population à  Kenadsa. Du Ksar, cœur vital de la cité, ont émergé des talebs, des chouyoukh, des artisans, des poètes et des artistes. La célébration des mariages constituait une opportunité de rassemblement et une occasion que mettaient à  profit les connaisseurs des textes pour «raconter» leurs qaçaids. C'est dans «la Amma» que des textes inédits sont dits, que les apprentis cheikhs se montrent au public. La «Amma», jour de rassemblement général clôturant la célébration du mariage, consacrera pour l'éternité des hommes et des textes. Concernant la ferda, ce genre musical remonte au IXXe siècle. Sidi Kaddour El Alami, l'un des plus anciens et des plus grands auteurs connus, vivait à  cette époque. Le maître d'œuvre d'El Meknassia est aussi l'auteur spirituel de «Ya Krim El Kourama Ghitna B'Faradj» considérée de tout temps comme qacida culte de la ferda. En effet, entre l'écriture et l'interprétation lyrique de la complainte, Kenadsa a connu un vaste mouvement de révolte des mineurs qui ont fait de ce mode un «blues» à  la mesure d'une condition humaine bafouée. Il est important de préciser que la ferda se distingue des autres genres de chants locaux, par son texte très long et son rythme très lent. Elle se distingue aussi des genres folkloriques de l'époque et dont certains existent encore. La ferda se jouait rarement en plein air. C'est le gnaoua, aïssaoua, hidous, qui se jouaient en défilant dans les derbs (ruelles) du Ksar traînant derrière eux la foule. Et il n'était pas rare d'assister à  des scènes où des hommes et des femmes entraient en transe au rythme soutenu des tbal et karkabou. La ferda met en valeur le texte. On a alors l'impression que la composition musicale et la mélodie ne sont que support du texte chanté. D'ailleurs, l'introduction d'instruments musicaux est progressive et relativement récente. Au début, il est avéré qu'il n'y avait que la ferda (el mizan, la percussion). En cela aussi, on relève l'analogie avec le melhoun qui, dans ses débuts, se jouait avec le seul deff. La ferda met en valeur la beauté des voix, celle du soliste comme celle du chœur. Là réside la ressemblance de la ferda avec les récitations des qaçaid interprétées pendant les fêtes du Mawlid Ennabaoui. C'est «Es Soussan», appelé également «hadjhoudj», très petit luth, généralement de 3 cordes, parfois 4, de son aigu qui fut le premier instrument introduit dans la ferda. Il fut précédé par un enrichissement au niveau des percussions. En effet, la derbouka, le tar, la «ta'ridja» et «aqellal», des percussions de sons variés, sont venus agrémenter la percussion de base de la ferda. Bien des années plus tard, el oud et le violon sont adoptés. Leur introduction dans la pratique de la ferda coïncide avec des étapes du développement de Kenadsa (pénétration de la colonisation, migration des ouvriers mineurs…). Ce n'est qu'avec sa réapparition en 1991 qu'on verra dans la ferda, le banjo et le mandole.


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