Algérie

El Eulmi face au mur



Mais dans quel pays vit-on ' Un ministre de la République qui déclare le plus normalement du monde, dans une interview accordée à un confrère, que « la corruption est inévitable », il faut avouer qu'il y a de quoi tomber à la renverse au moment où les membres de l'Exécutif s'échinent, face à la pléthore de scandales financiers qui éclatent ça et là, à prouver le contraire, quand ils n'accusent pas la presse de faire dans la paranoïa. Les « affaires », pour ne citer que les plus récentes, qui ont éclaboussé Sonatrach ou l'autoroute Est-Ouest, seraient tout à fait imaginaires, selon certains ministres, même si de hauts cadres, soupçonnés de malversations, sont soit en prison, soit dans le collimateur de la justice.Étrange donc cette profession de foi de Abdelhamid Temmar, auteur de ce pavé inédit qu'il jette dans la mare sans mesurer les conséquences que celui-ci pourrait avoir sur la crédibilité d'un gouvernement déjà très mal en point, qui nous amène à penser qu'au niveau de la sphère de décision, les cordes ne sont pas toujours bien' accordées. Jamais aucun membre du gouvernement n'a, à ce jour, reconnu aussi explicitement que le phénomène de la corruption en Algérie est, pour ainsi dire, bien installé dans nos m'urs et qu'étant inévitable, pour reprendre le mot de Temmar, les Algériens sont dans l'obligation de s'y conformer.De l'admettre et de vivre avec, quoi ! En clair, c'est un grand tabou que le ministre a fait tomber, alors que le sujet continue de donner des sueurs froides à la plupart de nos dirigeants qui préfèrent user d'euphémismes pour contourner la vérité. Preuve de courage ou tout simplement prise de liberté incontrôlée de la part d'un ministre qui semble oublier, tout de même, que c'est le système dans lequel il a une part de responsabilité qui génère le jeu des compromissions et des dessous de table qui déstructurent totalement notre économie. En s'aventurant sur ce terrain miné, Temmar nous doit de plus larges explications sur cette institutionnalisation de la corruption qui ne dit pas son nom, car il ne suffit pas de reconnaître une évidence, voire une pratique courante qui n'est pas une nouveauté pour les Algériens, sans aller jusqu'au bout de sa pensée.Serait-il capable de venir à la télévision pour le faire ' Encore faut-il bien sûr qu'il soit invité dans l'une de ces interminables tables rondes qui se sont « spécialisées » dans les sujets d'intérêt commun sans jamais cependant franchir le Rubicon des sujets qui fâchent. Mais puisque le DG de l'Unique vient lui aussi de s'impliquer dans une mission qui paraissait aléatoire jusque-là, celle du' service public qu'il semble découvrir subitement, pourquoi rater une belle occasion de donner un sens à ses intentions ' Abdelkader El Eulmi aura-t-il à son tour le courage de démocratiser le petit écran en le mettant au service exclusif des Algériens et non à la disposition des tenants du système qui usent et abusent de la Télévision nationale à leur convenance, comme s'il s'agissait d'une propriété privée ' Normalement, si l'on suit le raisonnement du patron de l'Unique, et bien évidemment son désir de recentrer les objectifs de l'organisme qu'il dirige en l'orientant vers une mission plus noble, toutes les informations dont a besoin le peuple algérien ne doivent en aucun cas être occultées, même si elles dérangent les gens du Pouvoir.Informer librement et fidèlement les téléspectateurs, c'est la vraie mission du service public. Aussi se demande-t-on si El Eulmi a bien compris ce principe sacré qui doit régir les rapports entre la télé et son public ou alors si, comme toujours, il ne s'agit que d'une idée en l'air pour détourner les préoccupations des questions essentielles.Car enfin, vouloir mettre de l'ordre dans la boîte en serrant la vis à certains producteurs privés aux appétits trop voraces est une chose, prendre l'initiative à caractère éminemment politique de restituer le petit écran à ses véritables dépositaires en est une autre. Un récent dossier effectué par un confrère sur l'image que renvoie l'ENTV et ses clones sur le monde extérieur donne l'ampleur de son décalage avec le public qu'El Eulmi voudrait aujourd'hui servir. Il n'est, à l'évidence, pas trop tard pour le faire, mais encore faut-il passer par des actes concrets. S'appuyer, par exemple, sur la déclaration tonitruante de Temmar pour aborder le thème de la corruption sans aucune pression serait un indice de bonne foi. Sinon'


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