Beaucoup de lieux portent des appellations insolites par dérivation
linguistique ou simplement par un fait qui apparaît anodin mais qui peut
perdurer aussi longtemps que cela puisse durer.
El-Braya, petite et paisible bourgade située à 3 kilomètres au sud de la
commune de Sidi Chahmi, est l'exemple. Pour l'histoire, rapportée de génération
en génération, le nom indique simplement le lieu où un émissaire de l'Emir
Abdelkader aurait perdu un message, à traduire la lettre. Légende ou fait
historique, le coin encore inexploité regorge de faits historiques. Les
habitants au nombre de 6.000 âmes, implantés depuis des lustres dans la région,
célèbrent chaque année Sidi Kaddour Debbi dont le boulevard longeant la station
de la télévision d'Oran porte, d'ailleurs, le nom. Cet homme, originaire de la
tribu des Debaiba venue de Mascara s'installer dans cette contrée, est mort les
armes à la main dès le début de la colonisation. Le village fut rasé, les
enfants et les femmes furent pris en otages. Il aura fallu l'intervention de
l'Emir et ses troupes qui poursuivirent les agresseurs jusqu'aux portes d'Oran
pour faire libérer les prisonniers. Cela a eu lieu en 1832 lors de la fameuse
bataille de Kharg Nitah (actuellement Karguentah). L'Emir portait dans son
coeur cet homme qui pour avoir refusé la conscription des jeunes Algériens dans
l'armée turc a dû passer quelque temps en compagnie du père de l'Emir dans les
geôles froides du beylicat d'Oran en fin de règne.
Aujourd'hui, les problèmes vécus
par les habitants d'El-Braya ressemblent à ceux de toutes les autres bourgades
de la banlieue. Ajouter à cela, le retrait du village par rapport aux grands
axes de circulation. Le chemin de wilaya n°35 rallie Oued Tlelat, chef-lieu de
daïra, peu fréquenté, longe des terres agricoles à perte de vue. Quelques fois,
le transport se fait rare à partir de 17 ou 18 heures au bon vouloir des
propriétaires de ces transports car ces derniers ayant contracté des conventions
préfèrent ramener leurs propres travailleurs. Le transport des lycéens est
assuré par les services de l'APC. Le lycée, quant à lui, se trouve à Hassi
Bounif, pas vraiment loin, et on se permet même de venir à midi pour prendre le
repas.
Même si à El-Braya il n'existe
pas de bidonville ou de constructions illicites, il reste tout de même à
parfaire pour une bonne partie le bitumage des ruelles. Bien tracées et larges,
ces ruelles invitent à une extension tout aussi espacée. Pendant de longues
années, le déversement des eaux d'assainissement sur la chaussée du chemin
reliant à Sidi Chahmi a été à l'origine de nombreux accidents de circulation et
son lot de drames. Une retenue fut aménagée à la hâte pour recevoir toute cette
eau et, selon le premier responsable de l'APC, le problème pris en charge par
SEOR va être réglé définitivement, puisque le déversement se fera directement
dans la grande conduite qui va rallier la station d'El-Kerma pour acheminer les
rejets du grand Oran.
L'eau potable, rare encore pour
de multiples raisons, sera disponible avec le nouveau forage réalisé il y a
peu. Le forage est une solution provisoire, puisque le problème de l'envasement
et même les pannes fréquentes des pompes de tirage n'assurent pas un débit
constant. Toutefois, toujours selon le P/APC, le réseau peut bien être connecté
dans un futur proche à la conduite MAO par dérivation ; c'est-à-dire une
connexion à partir de Sidi Chahmi, située à 3 kilomètres. Pour sa part,
El-Khedaimai, cette petite bourgade rattachée à El-Braya, attend toujours l'eau
potable. Il suffit l'installation de quelques vannes pour voir le précieux
liquide arriver dans ce patelin oublié. Des réseaux d'assainissement ont été
installés comme ceux de la cité des 328 logements, l'éclairage public ainsi que
la voirie au niveau de certaines îlots comme celui de la cité Hattou Hamidou,
les cités des 40 logements et 75 logements, l'accès au CEM. Mais beaucoup reste
à faire pour une bourgade faiblement budgétisée mais qui reste totalement
dépendante pour de tels travaux sur des services de la wilaya. Pour l'exemple,
le stade de football attend un réaménagement. Le sport, en général, sauf pour
le judo, est absent faute de moyens ou de volonté ou les deux à la fois !
D'autre part, la décharge
publique vient d'être interdite et les services de la collecte attendent la
fixation d'un site probablement du côté de Boufatis pour se décharger d'une
collecte problématique pour l'ensemble des communes dépourvues de site. De
tiraillement en tiraillement utile, comme qualifié par de nombreux citoyens,
l'APC, en dépit du semblant de blocage décidé par des élus, ne semble pas
souffrir outre mesure de ce handicap. Mais la couleur politique ne gêne en rien
le service public.
Une bonne chose, une clinique de
neurologie vient d'ouvrir ses portes à El-Braya. C'est dire combien ce village
paisible mais manquant de beaucoup de choses est appelé à se parfaire pour
devenir comme Misserghine, Emir Abdelkader (ex-St Rémy) ou Canastel ce qu'ils
sont actuellement. Le prix du foncier a vertigineusement grimpé pour une
bourgade il n'y a pas si longtemps boudée. Les distances sont relatives et
El-Braya, se trouvant quelque peu en retrait, se rapproche de plus en plus sans
vraiment se mêler au grand Oran qui ne cesse de s'étendre de tous les côtés.
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Posté Le : 12/10/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : T Lakhal
Source : www.lequotidien-oran.com