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El Bayadh pleure ses disparus                                    A la une : les autres articles
Une semaine après les inondations survenues à El Bayadh, le désarroi demeure profond. Les familles cherchent leurs proches disparus tandis que d'autres s'entassent par dizaines dans des écoles et à l'ex-Sonipec. El Watan Week-end a visité ces quartiers devenus, désormais, sources d'angoisse.
«Mes deux amis n'ont plus donné signe de vie'», «Mon voisin n'a plus revu sa femme et ses quatre enfants depuis'», «Au moins trente enfants en bas âge ont disparu»' Après les inondations de samedi dernier, El Bayadh offre un décor apocalyptique de maisons effondrées où flottent des odeurs d'égout. Et les témoignages fusent dans le même sens, contredisant le bilan officiel -lui-même pas très clair, la Protection civile annonçant 11 morts et une disparue, alors que le wali en recense 12. Ignorant les déclarations officielles, les habitants cherchent encore, presque une semaine après, leurs proches «disparus». «Je suis venu d'une autre ville pour prendre des nouvelles de mes amis, nous confie Halim affligé. Les deux ont disparu, ils sont âgés de 21 et 23 ans.» De son côté, Mansour, 20 ans, frère de la jeune Meriem, reconnue officiellement disparue, s'étonne de l'écart flagrant entre la version des autorités locales et la réalité.
«Lors des recherches entamées depuis la disparition de ma s'ur de huit mois, j'ai découvert qu'au moins trente bébés, répondant à la même signalisation que Meriem, sont recherchés. Comment ose-t-on les ignorer '», s'emporte-t-il. Acheminant sur les lieux du sinistre des moyens humains et matériels considérables, les services de la Protection civile font de leur mieux pour retrouver ceux qui ne font plus partie ni des vivants ni des morts. Mais pour les habitants d'El Bayadh, cette mobilisation massive des sapeurs-pompiers, si elle reste largement insuffisante, contredit, à elle seule, les chiffres officiels. «Les autorités locales n'auraient pas remué ciel et terre pour sauver une petite fille de huit mois, même si sa disparition est un événement dramatique», assurent plusieurs sinistrés.
«Le vrai bilan des disparus est certainement plus important. Les autorités veulent, comme d'habitude, minimiser les dégâts !», dénoncent d'autres habitants. Sur les abords de Oued Ferrane, dans le quartier El Graba, la quasi-totalité des maisons ravagées par les inondations ne sont plus que des murs abritant boue entremêlée de meubles et de matelas en éponge. Des couvertures et des vêtements emportés par les eaux de l'oued, dont ils ont pris la couleur, s'entassent sur les trottoirs. Les habitants continuent tant bien que mal d'évacuer l'eau à l'aide de frottoirs et de balais.
Dans cette ambiance où se mêlent tension et désespoir, la méfiance s'installe entre population et autorités locales. A l'indignation de ne pas voir reconnu ses disparus, El Bayadh dénonce aussi «la lenteur des services compétents à prendre en charge les familles sinistrées» recasées dans quatre écoles et dans l'ancienne usine de chaussures (Sonipec), et le «mensonge qui entoure plusieurs dossiers» que le débordement de l'oued a déterrés (relogement, disparus, construction du mur). La catastrophe sans précédent, que viennent de vivre les citoyens d'El Bayadh, n'a pas seulement bouleversé leur vie, mais a fait l'effet d'un tsunami dans leurs relations avec l'administration.
«En temps normal, nous accordons du crédit aux promesses de nos responsables, même si nous savons qu'elles n'aboutiront jamais, reconnaît un père de famille du quartier El Graba. Mais nous n'acceptons pas que ces mêmes responsables tentent de redorer l'image de la wilaya au détriment de vies humaines.»
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