Algérie

EL-BAYADH: L'unique laiterie ferme ses portes



Avec une production quotidienne de 15.000 litres de lait cru entre les mains, les propriétaires de vaches laitières ne savent plus où donner de la tête depuis que le seul exploitant de l'unique mini laiterie de la wilaya a mis les clés sous le paillasson, cessant toute activité et ceci depuis le début de cet été. De même que l'interdiction de vente du lait cru local sur le marché, décidée par la wilaya après l'apparition de la brucellose, n'a pas été aussi pour arranger les choses. Cette production laitière a chuté dangereusement pour atteindre le seuil fatidique de 2.500 litres/jour. Selon le directeur des Services agricoles de la wilaya, toute la production de lait cru actuelle n'est réservée qu'à l'allaitement des jeunes veaux et ceci au détriment du marché local qui accuse un énorme déficit en lait et ne profite guère au consommateur local qui se rabat sur le sachet de lait venu de contrées très lointaines. En matière d'approvisionnement en lait, la wilaya est tributaire de celles de Djelfa, Tlemcen et Béchar.

Autre casse-tête également, la fabrication des fromages et autres dérivés du lait cru, une activité qui périclite depuis que cette mesure d'interdiction de la vente du lait cru est entrée en vigueur.

Une jeune femme, ayant pris son courage à deux mains, après avoir obtenu un prêt bancaire octroyé par l'ANSEJ, s'était lancée, corps et âme, dans cette activité en produisant fromages et beurre du terroir, créant ainsi trois emplois permanents, est actuellement au bord de la faillite. Elle doit rembourser, rubis sur ongles, ses dettes contractées auprès de cet organisme public. Que dire alors lorsque les pouvoirs publics, tout en offrant de multiples opportunités et de l'argent frais aux jeunes et aux producteurs locaux, toutes activités confondues, se heurtent à un manque d'imagination et d'idées de la part de bénéficiaires qui tergiversent et à titre d'exemple, pour l'achat d'une huilerie, au moment où la wilaya se trouve avec une production oléicole de plus de 1.000 quintaux d'olives et d'exiger de ces derniers l'achat et l'acquisition d'une mini laiterie. C'est leur demander alors la lune ! « Ne cachons pas le soleil avec un tamis », nous confie avec amertume, un producteur de lait cru qui a baissé les bras, mettant à l'index la DSA qui, selon lui, a manqué de motivation et de suivi pour soutenir cette activité qui s'est essoufflée dès son lancement. Et notre interlocuteur de poursuivre que cette dernière ne se relèvera pas de sitôt puisqu'elle a été étouffée dans l'Å“uf. Unanimes, ces propriétaires de vaches laitières ont d'ores et déjà entamé la vente groupée, au rabais, de leur cheptel bovin de race, estimé à plus de 13.000 têtes. La filière lait cru vient de perdre ainsi plus de 8.500 vaches laitières, cédées à des prix très bas à des agriculteurs venus du nord du pays.

La sonnette d'alarme est tirée car cette filière est menacée de disparition d'autant que la production laitière actuelle est cédée aux laiteries de Saïda.

Pessimiste sur l'avenir de la production laitière locale, ce propriétaire d'une vingtaine de vaches laitières, soutenu par un autre aviculteur, qui n'hésite pas à se couper en quatre dans sa ferme, située à quelques encablures de la ville, craint beaucoup pour l'avenir de cette activité qui mérite d'être prise, à bras le corps, par les services concernés. Avec la disparition de cette filière, c'est toute une activité qui sombre et sera gommée définitivement du registre du monde rural. Il est à regretter ces vaches à la robe tachetée qui agrémentaient les verts pâturages de la steppe ; une image qui ne reviendra sûrement pas de sitôt.




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