El-Bayadh : L'abattoir municipal dans tous ses états

Qu'ils soient bouchers, ménagères ou consommateurs, tous montrent du doigt l'unique abattoir municipal de la ville qui ressemble plus à un dépotoir public qu'à un lieu où s'exerce l'une des professions les plus séculaires. Odeurs nauséabondes, détritus et autres déchets organiques d'origine animale, tel est le tableau peu reluisant qui s'offre au visiteur des lieux. Les conditions d'abattage et de désinfection de l'abattoir remontent, à ne pas s'y tromper, à l'époque médiévale. Des monticules de viscères, dégageant de très fortes odeurs nauséabondes, s'entassent à même le sol aux côtés des carcasses de moutons et de taurillons fraîchement écorchées, et pire que cela, l'eau, destinée au nettoyage de la salle d'abattage, puisée non loin sinon tout près du collecteur principal des eaux usées de toute la ville, et de surcroît béant, est emmagasinée dans une citerne rongée par la rouille et, comme l'abattage du cheptel destiné au marché local se fait à une heure tardive de la nuit, sous quelques lampes, il s'avère difficile, sinon impossible, aux vétérinaires chargés du contrôle de la qualité des carcasses de diagnostiquer les viscères et autres organes sensibles de la bête écorchée. La fourniture d'eau au site a été coupée par l'A.D.E. en raison des énormes dettes qui se sont accumulées au fil des dernières années et la vanne du robinet ne sera pas ouverte pour longtemps. Des propositions de fermeture de l'abattoir municipal, pour des raisons d'insalubrité et de non-respect des règles d'hygiène basiques les plus élémentaires, ont été formulées et soumises aux instances locales par la Direction de l'environnement de la wilaya d'El-Bayadh et même appuyées par des constats établis par le bureau de l'hygiène communal, dans ce même sens, sont restées lettre morte et dire qu'il s'agit d'un problème de santé publique qui risquerait d'avoir de sérieuses conséquences sur la santé du consommateur non averti de l'état des lieux. Du côté de l'APC d'El-Bayadh, on essaye, tant bien que mal, de minimiser la situation très déplorable, il faut le dire, de l'abattoir municipal, par un discours non alarmiste en nous informant qu'un nouvel abattoir est en cours de réalisation et, contrairement à l'actuel qui ne dispose que d'une petite chambre frigorifique aux murs décrépis, il sera doté de tous les équipements adéquats... L'unique source de revenus pour la commune, après celle du droit de stationnement et du souk hebdomadaire, est l'actuel abattoir municipal, qui fait piètre figure, qui laisse beaucoup à désirer et qui mérite un long toilettage. Il s'agit, pour les élus, de prendre le taureau par les cornes, pas celui qui est destiné à l'abattage, mais le site même en y ajoutant, naturellement, une pincée de sérieux dans le contrôle vétérinaire de chacune des pièces destinées à la consommation, avant l'estampillage des carcasses et de leur écarissage.