Algérie

El-Bayadh: 600 travailleurs menacés de licenciement



Les caisses de l'Entreprise nationale des travaux El-Haoudh (ex-Syndicat intercommunal des travaux) se sont taries de ses 600 travailleurs entre maçons, ouvriers et coffreurs, qui ne savent plus à quel saint se vouer ni à quelle porte frapper pour sauver le peu qui reste de leur entreprise, aux abois depuis plusieurs mois.

 Une entité économique qui avaient connu de beaux jours depuis sa création en 1972 et jusqu'en 2005, date du début de la descente aux enfers. Sa situation financière, jugée des plus critique et des plus alarmante, met en péril l'avenir de ses 600 travailleurs angoissés, qui s'arrachent les cheveux, craignant la dissolution un jour ou l'autre de leur gagne-pain.

 Pourtant, son carnet de commandes était richement garni et les projets de réalisation qui lui ont été octroyés dans le secteur du bâtiment devaient sans aucun doute lui insuffler une bonne dose d'oxygène. Vers la fin de l'année 2008, soit après 3 années de gestion qualifiée de catastrophique, le pot au roses a été mis au jour. Relevant de la Société de gestion et de participation de l'Ouest de Béchar, celle-ci a aussitôt dépêché des experts comptables pour éplucher les registres de l'entreprise. Des anomalies comptables ont été relevées : des faux en écritures, dilapidation des biens et deniers publics, passation de marchés en sous-traitance contraires à la règlementation en vigueur et, pire encore, selon notre source, l'ex-directeur s'est offert un salaire mensuel de plus de 210.000 dinars, en sus de faramineuses primes de rendement. Un volumineux dossier contenant tous les aspects de cette scabreuse affaire de dilapidation des deniers publics par cet ex-directeur qui a géré l'entreprise entre 2005 et 2008, actuellement entre les mains du procureur de la République près le tribunal d'El-Bayadh. Une plainte a été déposée à son encontre par la SGP/Ouest de Béchar.

 Une affaire dont les effets collatéraux éclabousseront un nombre important de fournisseurs et d'acquéreurs d'engins cédés aux enchères à des prix dérisoires, voire ridicules. En passant au peigne fin les comptes et registres comptables de l'ENTHE, les experts dépêchés par la SGP/Ouest n'en ont pas cru leur yeux, puisque, selon la convention-cadre établie avec la SGP/Ouest, l'entreprise plafonnait le salaire de son ex-directeur à 60.000 dinars/mois.

 Selon les éléments de l'enquête établie par les experts financiers, l'ex-directeur de l'entreprise a procédé à l'achat d'une station de bitumage usagée pour un montant de 170 millions de centimes auprès d'une tierce personne sans aucune pièce justificative, administrative ou bancaire. Ces experts, a-t-on appris, s'interrogent sur la destination de l'enveloppe financière d'un montant de 19 milliards de centimes affectée à 9 projets de réalisation dont a bénéficié cette entreprise, dont un projet de 800 millions au titre de l'année 2008 concernant la réalisation de logements sociaux.

 Autre surprise de taille qui a fait dresser les cheveux aux experts comptables relevant du Centre national de la comptabilité, la passation d'un marché de gré à gré à un entrepreneur privé portant sur le bitumage d'une route pour un montant de 600 millions de centimes, après encaissement de son chèque n° 197411. Et la liste des griefs portés à l'encontre de l'ex-directeur est longue et difficile à énumérer. L'ampleur de cette affaire est telle qu'elle a fait les choux gras de la presse et même de la rue qui s'en est emparée pour en faire un sujet de discussion sur toutes les terrasses des cafés de la ville d'El-Bayadh. Un volumineux dossier de plus d'une soixantaine de pages est détenu par la justice, et l'on évoque la dilapidation de plusieurs milliards de centimes.

 Pour l'heure, les 600 travailleurs de cette entreprise grabataire attendant une bouée de sauvetage à la veille du mois sacré du Ramadhan et de la rentrée scolaire. Ils s'impatientent, nous ont-ils dit, et seraient tenter d'occuper la rue pour exprimer leur ras-le-bol et arracher ainsi leurs droits. Ils ne le cachent pas et estiment que le Ramadhan et la rentrée scolaire leurs tapent sur la tête plus que le soleil aoûtien. Ils ne resteront pas les bras croisés face à la mort certaine de leur entreprise, une promesse et non une menace, nous confiera l'un d'eux avec rage et volonté.




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