De la tribu des Attaf qui a vécu dans ces terres jusqu’à ce que la colonisation française vienne les spolier de leurs biens, il ne reste qu’un lointain souvenir fait de batailles, de razzias, de deuils, de malheurs et bien souvent de joies simples de la vie, de bonheurs fugaces mais marquants, indélébiles, car si précieux dans des moments dominés par d’autres hommes se prenant pour les maîtres du monde et considérant les fiers possesseurs de cette contrée comme des esclaves. Les descendants des Attaf ont retrouvé leurs champs, la charrue et les moissons, un juste retour à la terre nourricière, aux origines.
Située sur la route d’Oran, entre Chlef et Aïn Defla, encadrée par les petites villes de Sidi Bouabida, Abadia, Bir Safsaf et Zekara, El Attaf respire un peu mieux depuis l’ouverture du tronçon de l’autoroute est-ouest entre El-Khemis et Oued Fodda, lui épargnant les fumées nauséabondes des camions et le bruit assourdissant de centaines de véhicules traversant quotidiennement cette ville dont les immenses champs de blés et de pommes de terre attestent de sa vocation agricole.
El Attaf, ancienne Tigava des Romains, patrie et berceau de Sidi El Hadj Bencherki, né alors que l’Algérie était occupée par l’armée française. La commune a été créée en 1872 sous la férule du cardinal Lavigerie, sous le nom de Saints Cyprien des Attafs. Le cardinal Lavigerie, fervent adepte de la christianisation forcée de tous les Algériens, voulait en faire une sorte de centre pilote pour y installer les premiers prêtres d’origine algérienne, qu’il a choisis parmi les orphelins de la terrible famine de 1886, suivie par une épidémie de typhus et de choléra qui a fait plus de 600 000 morts parmi les paysans dépossédés de leur terre, contraints à l’errance.
Historiquement, la tribu des Attaf tire son origine des Beni Ahmer, dont les territoires se situaient entre Oran et Tlemcen. Les guerres, les séquestres, les famines, les sécheresses, les sauterelles, les ont poussés petit à petit vers le djebel Amour et la région d’El Attaf. C’était déjà , une terre d’occupation des Romains attestée par de nombreuses ruines le long de l’oued Chlef où il reste encore quelques traces de ponts et de monuments. Sur les hauteurs, loin de l’oued et de ses caprices dévastateurs, les ruines de villes sur les bords de l'oued Adda, près de Mazouna.
Un passé douloureux :
Non loin de là , la terre des Sbéha garde encore en mémoire les cris et les hurlements de plus de 500 personnes asphyxiées, emmurées vivantes par celui qui se considérait alors, comme un grand soldat, un officier ayant un sens particulier de l’honneur et qui se vantait, dans de nombreuses lettres à son frère, de ses «hauts faits d’armes» consistant à massacrer des «Arabes».
Le maréchal de Saint-Arnaud, puisque c’est de lui qu’il s’agit, écrivait: «On ravage, on brûle, on pille, on détruit les moissons et les arbres». Il décrit les «enfumades», consistant à asphyxier des centaines de personnes réfugiées dans des cavernes ou des grottes, avec minutie, sans état d’âme. Il imite, ainsi, son supérieur et mentor, le maréchal Jean Jacques Pélissier, célèbre pour avoir enfumé et emmuré des centaines de femmes et d’enfants des Béni Riah dans le Dahra, et le général Louis Eugène Cavaignac, un autre spécialiste des enfumades, des chambres à gaz, bien avant la venue des nazis.
Lavigerie a ainsi recueilli près de 2 000 orphelins qu’il a placés dans deux écoles religieuses : les garçons chez les Pères-blancs d’El-Harrach, les filles chez les Soeurs blanches de Kouba, à Alger. Le Cardinal nourrissait le rêve d’un «grand projet de rénovation de l’Afrique» dont la première étape serait des «villages chrétiens» d’El Attaf. Il en avait déjà implanté deux : Saint Cyprien et Sainte Marguerite. En 1902, la commune a été renommée Les Attafs, pour devenir El Attaf à l’indépendance en 1962.
J'y suis né en 1929.
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HM
Médioni Henri - Ingénieur - Chissey les macon, France
25/01/2014 - 171242
slt les attafs
loukarfi larbi - chef exploitation a sonatrach - el attaf ain defla, Algérie
28/09/2012 - 41315
Trés interessant la biographie :) +1
kaballoft - Student - attaf, Algérie
27/04/2011 - 14109
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Posté Le : 27/02/2011
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Larbi KAID
Source : www.lecap-dz.info