Bien que la distance entre Blida etEl-Affroun n'atteint même pas 20 kilomètres, il faut à celui qui veut s'yrendre en bus plus d'une heure de trajet.Pourtant, il n'y a pas de problèmesparticuliers de circulation entre les deux villes, mais vous subirez le diktatdes transporteurs qui se déplacent comme bon leur semble.En effet, durant la matinée, c'est le sensBlida - El-Affroun qui est touché alors que l'après-midi, c'est le senscontraire. Durant la matinée, il y a très peu de voyageurs qui se rendent deBlida vers Mouzaïa, Chiffa ou El-Affroun et le chauffeur, en commun accord avecson acolyte le receveur, s'arrêtera partout, pourvu qu'il remarque un potentielclient. Même s'il se trouve à une distance assez grande du lieu de passage dubus, le client - qui se croit redevenir roi durant un moment - est attendupatiemment, invité même à ne pas de presser. Le bus s'arrête n'importe comment,faisant fi non seulement de toute loi mais aussi de toute convenance : il nevoit que les 10 à 25 dinars représentés par l'individu qui arrive et quideviendra son client. Pour les autres qui sont dans le bus, ils n'ont qu'à setaire et attendre, car leur argent est déjà acquis par le receveur et ils ontintérêt à supporter l'attente, sinon ils seront invités à «prendre un taxi».Ceci au niveau des arrêts qui n'existent pas. Alors, quand c'est un arrêt fixe,avec plaque et autorisation, le pauvre voyageur n'a qu'à s'oublier. Lechauffeur gare convenablement son bus, défait sa ceinture de sécurité etdescend se dégourdir les jambes. Le non habitué ne comprend rien et se demandece qui se passe. Le receveur est déjà descendu avant l'arrêt complet du bus etcrie à tue-tête: «Chiffa, Mouzaïa, El-Affroun, il y a des places». Il lerépétera des dizaines de fois, et regarde avidement chaque passant, l'air de sedire, en se pourléchant les babines: «voilà 15 dinars qui arrivent», et il sefrotte les mains mentalement. A l'intérieur du bus, la chaleur devientsuffocante, la plupart des voyageurs regardent frénétiquement leurs montres,montrant des signes évidents d'impatience, d'autres lisent stoïquement leursjournaux ou insultent à voix basse.Soudain une voix s'élève, après que la maineut frappé la vitre avec une pièce de monnaie pour attirer l'attention despropriétaires: «Et alors, khouya, nous allons dormir ici ?». Celui qui a oséparler ainsi regrette aussitôt sa témérité et retourne ses insultes contrelui-même. «J'aurai dû me taire, personne ne parle, personne ne rouspète, etmoi, comme un idiot, je me fais leur avocat». Cette soudaine volte-face estjustifiée par le regard noir que lui a jeté le chauffeur et la réplique aboyéepar le receveur, «et alors, tu veux me montrer mon travail, si ça ne te plaîtpas, tu n'as qu'à descendre».Ce comportement est le quotidien de tousceux qui empruntent le bus entre Blida et El-Affroun, même s'ils n'en ont pasl'exclusivité puisque c'est ce qui est observé à travers le territoirenational. Ceci a été rendu possible aussi bien par la permissivité affichée parles services concernés qui n'opèrent aucun contrôle, que par l'éducation proprede chacun. Sous d'autres cieux, avant de devenir chauffeur ou receveur de bus,c'est une formation spécialisée qu'il faut suivre et des examens qui suivront.
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Posté Le : 23/08/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Tahar Mansour
Source : www.lequotidien-oran.com