Algérie

Egypte : retour à la case départ '


Ahmed Chafik, ancien général de l'armée et dernier chef du gouvernement du raïs déchu, reste en course à l'élection présidentielle. Ainsi en a décidé la Haute cour égyptienne qui a déclaré anticonstitutionnelle la loi votée par le Parlement en avril dernier interdisant les anciens du régime de Moubarak de participer à la vie politique du pays et sur laquelle se sont appuyées les forces de la révolution qui ont exigé son écartement de cette course.
La Haute cour constitutionnelle a du même coup déclaré que la loi encadrant les dernières élections législatives était «inconstitutionnelle par certains de ses articles», notamment l'attribution des sièges au mode de scrutin uninominal. De ce fait, 165 députés élus (un tiers du Parlement) voient leur mandat retiré. Il en résulte la dissolution du Parlement et la caducité de l'élection de la commission chargée de rédiger la Constitution du pays désignée mercredi. Ces décisions de justice ont provoqué une grande colère aussi bien au sein des activistes qui prêchent la poursuite du processus révolutionnaire que chez les islamistes de la confrérie des Frères musulmans ou les salafistes du parti El Nour.
A quelques heures du second tour du scrutin de l'élection présidentielle, la situation en Egypte apparaît bouchée et lourde de la menace d'une nouvelle explosion de la colère populaire contre les militaires que les mécontents accusent d'être les inspirateurs des arrêts de la Haute cour constitutionnelle, comme ils l'ont été pour le verdict d'acquittement prononcé par le tribunal du Caire en faveur des fils Moubarak et six ex-hauts responsables des services de sécurité. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) ne s'est pas trompé sur la réaction qu'allait déchaîner le jugement de la Haute cour et tente de la contenir en ayant fait déployer un impressionnant dispositif militaire. Mais sa réponse au mécontentement qui s'exprime ne peut être seulement sécuritaire. On le voit mal en effet s'en tenir à la poursuite du processus électoral de la présidentielle, si les Frères musulmans décident de retirer leur candidat Mohamed Morsy arrivé devant Ahmed Chafik au premier tour.
Toute l'opposition condamne ce qu'elle qualifie de «coup de force» et les plus intransigeants en son sein réclament «l'annulation de l'élection présidentielle pour empêcher le pays de sombrer dans la dictature». En ignorant cette revendication, les militaires seront contraints à l'épreuve de force qui ne leur répugne pas et y sont certainement encouragés à l'engager sûrs de compter sur l'appui de «la majorité silencieuse» de la population égyptienne lassée par le désordre et la paralysie dans lesquels est plongé le pays et surtout celui des Etats-Unis dont la secrétaire d'Etat a réagi à l'emballement sur la scène politique en déclarant que «l'agenda démocratique dans le pays doit être respecté». Drôle d'«agenda démocratique» qui a donné lieu à des man'uvres politiques du pouvoir militaire visant à vider de sa substance révolutionnaire le mouvement qui a mis fin au règne de Moubarak et recycle l'ancien système sous un nouvel habillage.
Des rebondissements violents sont à craindre dans les heures qui viennent en Egypte. En tout cas, l'ont voit mal comment le Conseil suprême des forces armées pourra maintenir le second tour de l'élection dans un contexte aussi explosif créé par les décisions de la Haute cour constitutionnelle. L'affrontement est quasi inévitable entre les militaires ayant insidieusement confisqué la révolution et les Egyptiens déterminés à la remettre sur ses rails.


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