Le parquet général égyptien a décidé de faire appel du verdict du procès Moubarak, selon une source officielle égyptienne. Si l'ancien président a été condamné à la prison à vie pour la mort de centaines de manifestants lors du soulèvement l'an dernier, l'acquittement de six responsables de la sécurité sous son régime et de ses deux fils, jugés pour corruption, a suscité des manifestations de colère en Egypte.
Au lendemain du verdict, un responsable officiel qui a requis l'anonymat, a rapporté que le procureur général égyptien allait faire appel. Il doit faire appel de l'intégralité du verdict, qui comprend la condamnation à la prison à vie de l'ancien ministre de l'Intérieur égyptien.
Le tribunal a rendu sa décision en pleines tensions politiques dans le pays à l'approche du second tour de la présidentielle des 16 et 17 juin, qui sera disputé par une figure de l'ancien régime, Ahmed Shafiq, ami de longue date d'Hosni Moubarak et qui fut son dernier Premier ministre. Après l'annonce du verdict, ses locaux de campagne ont été mis à sac dans les villes de Fayyoum et Hurgada. Ahmed Shafiq sera opposé au candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, arrivé en tête au premier tour.
Tentant de tirer profit de la colère suscitée par le verdict, ce dernier a rapidement promis que s'il était élu, Hosni Moubarak et les anciens responsables de son régime soupçonnés d'être impliqués dans la mort de manifestants seraient à nouveau jugés. "L'Egypte et ses fils révolutionnaires continueront leur révolution. Cette révolution ne s'arrêtera pas", a-t-il lancé.
Après l'annonce du verdict, les adversaires de l'ancien régime avaient dénoncé une "farce". Samedi soir à la nuit tombée, ils étaient au moins 10.000 à manifester sur la place Tahrir du Caire, épicentre des manifestations de l'an dernier, devenue le symbole de la révolution égyptienne. Des rassemblements de protestation ont eu lieu également dans le port d'Alexandrie sur la Méditerranée et à Suez sur la Mer Rouge.
"La justice n'a pas été rendue", expliquait Ramadan Ahmed, dont le fils a été tué le 28 janvier 2011, lors de la journée la plus sanglante du soulèvement. "C'est une escroquerie", a-t-il lancé devant l'école de police où le tribunal a prononcé son verdict. "Ce procès est une farce", scandaient les manifestants, réclamant "l'exécution des meurtriers".
Hosni Moubarak, qui est âgé de 84 ans, a été reconnu coupable de complicité de meurtres et tentatives de meurtres pour n'avoir pas empêché la répression meurtrière du soulèvement de l'an dernier, au cours desquels quelque 900 manifestants ont été tués, pour la plupart abattus par les forces de l'ordre ou écrasés par des véhicules de police. L'ancien président, qui avait démissionné le 11 février 2011, après 18 jours de manifestations contre son régime, encourait la peine de mort.
Son ancien ministre de l'Intérieur Habib el-Adly a lui aussi été condamné à la prison à vie pour les mêmes chefs. En revanche, six anciens responsables de la sécurité égyptienne ont été acquittés, parmi lesquels le général Ismaïl el-Chair, ancien chef de la police du Caire. Le juge Ahmed Rifaat a cité le manque de preuves concrètes pour justifier ces acquittements.
Premier dirigeant renversé lors du Printemps arabe à être jugé dans son propre pays, Hosni Moubarak n'a en revanche pas été condamné pour corruption, les faits étant jugés prescrits, tout comme ses deux fils, acquittés.
Ce verdict vient rappeler que malgré le départ d'Hosni Moubarak, après trois décennies de pouvoir autoritaire, l'essentiel de l'appareil de sécurité de l'ancien régime a largement été épargné par les réformes ou les purges 15 mois après le soulèvement. Nombre des hauts responsables de la sécurité qui étaient en place au moment des manifestations sont toujours en poste. AP
AP
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Posté Le : 03/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Maghreb Emergent
Source : www.maghrebemergent.info