Egypte: plainte contre 12 personnalités accusées de nuire à l'image de l'armée

Une plainte a été déposée contre 12 personnalités égyptiennes, dont l'écrivain Alaa al-Aswany et le cybermilitant Wael Ghonim, les accusant de «nuire à l'image » des militaires au pouvoir et d' «inciter à renverser l'Etat », a-t-on appris mercredi de source judiciaire.La plainte, déposée par une personne et signée par plus de 700 autres, a été transférée par le Parquet général au Parquet militaire, qui devra juger si elle est recevable après avoir interrogé les plaignants et examiné les documents qu'ils y ont joint, a ajouté cette source.
Les 12 personnalités, connues pour leur engagement en faveur de la démocratie et des droits de l'Homme, sont accusées d' «inciter à renverser l'Etat » et de «provoquer la discorde », ainsi que de « nuire à l'image des forces armées » à qui Hosni Moubarak a remis le pouvoir en démissionnant l'an dernier sous la pression de la rue.
Outre MM. Aswany et Ghonim, figurent parmi les personnalités visées la candidate déclarée à la présidentielle Bothaina Kamel, les présentateurs de télévision Rim Magued et Yosri Foda ainsi que les militants George Ishaq, Nawara Negm et Asmaa Mahfouz.
Cette plainte illustre le climat de tension en Egypte, où les militaires sont accusés par les militants pro-démocratie de mal gérer la transition et de réprimer la liberté d'expression mais sont défendus par une partie de la population au nom de la stabilité.
Le Conseil suprême des forces armées a été très critiqué par des organisations de défense des droits de l'Homme pour avoir traduit des milliers de civils devant des tribunaux militaires pour des chefs d'agression ou de viol, mais aussi d'insulte envers les généraux au pouvoir.
Le blogueur Maïkel Nabil a ainsi été condamné à trois ans de prison par un tribunal militaire pour avoir critiqué l'armée sur son blog, avant de voir sa peine réduite à deux ans. Il a finalement été gracié au bout de dix mois de détention.