Algérie

Egypte: Les islamistes raflent la mise



La puissante confrérie des Frères musulmans, reconvertie en Parti de la Liberté et Justice (PLJ) a remporté le 1er tour des élections législatives en Egypte où la vague verte a déferlé sur le pays, à la veille d'un second tour plus serré et qui devrait consacrer l'hégémonie politique des partis islamistes.

Selon Yousri Abdel Karim, secrétaire général de la Haute commission électorale, les Frères musulmans ont remporté 36,62% (3,5 millions de voix), le parti salafiste Al-Nour, né en février dernier, au plus fort des manifestations contre le régime de Hosni Moubarak, a remporté 24,36% (2,3 millions) des voix et le Wassat, parti islamiste modéré 4,27%, (environ 416.000 voix) lors de ce premier tour organisé dans un tiers des gouvernorats, notamment les deux plus grandes villes, Le Caire et Alexandrie. D'autre part, le Bloc égyptien (libéraux) a remporté 15%, les libéraux du Wafd 6 à 11% et le Wassat (formation islamiste modérée) 4 à 6%. Au terme du deuxième tour s'achève la première étape d'un scrutin étalé sur trois phases, jusqu'en mars prochain.

Selon M. Abdel Karim, la Haute commission électorale n'annoncerait le nombre de sièges attribués à chaque liste qu'après la fin, le 10 janvier, des élections de l'Assemblée du peuple (chambre des députés) dans tous les gouvernorats. Le cycle électoral en Egypte se poursuivra du 29 janvier au 11 mars avec l'élection de la Choura (chambre haute consultative).

Pas tout à fait inattendu, le verdict des urnes donne en fait la pleine mesure du poids politique des islamistes en Egypte, et plus particulièrement de la puissance autant politique qu'économique et culturelle des FM, dont les bastions sont invariablement présents dans les grandes villes que dans les campagnes du pays. Pour autant, ce sont les partis libéral et laïc qui passent à la trappe, alors que les salafises du parti Al Nour émergent comme seconde force politique du pays, un résultat inattendu par contre. Mais, au second tour, la lutte sera serrée entre ces deux partis, et ‘'les amis du premier tour vont devenir ennemis au deuxième tour», estime la presse égyptienne. En remportant un quart des voix, le parti salafiste d'Al Nour a étonné tout le monde, rivaux politiques comme alliés. Ce score «est supérieur à ce que nous attendions», a admis le porte-parole des Frères musulmans, Mahmoud Ghozlane. Si une alliance entre les FM et le parti salafiste d'Al Nour est possible pour certains observateurs dans la logique d'une victoire écrasante aux législatives, prélude aux présidentielles prévues en fin d'année 2012, elle serait par contre difficile selon des analystes, selon lesquels les Frères musulmans, organisés depuis 1928 dans le pays, pourraient être gênés par ce nouveau venu au passé radical et violent, certains salafistes étant des «repentis» du jihad (guerre sainte). «La percée des salafistes change la donne au sein du camp islamiste.

DUEL ENTRE FM ET SALAFISTES

Les Frères musulmans pourraient s'associer aux salafistes et se radicaliser», affirme Hassan Nafaa, professeur de Sciences politiques à l'Université du Caire. «Mais ils peuvent aussi les rejeter pour créer une grande coalition centriste capable de gouverner», poursuit-il. «Les Frères perçoivent les salafistes comme un boulet politique. «Ils savent qu'une alliance avec eux pourrait leur coûter cher». Et, sur les questions économiques, le Parti Liberté et Justice (PLJ) est plus proche des libéraux, grands perdants de ce scrutin.

Le PLJ a déjà rassemblé des petits partis libéraux dans son «Alliance démocratique» et pourrait poursuivre cette stratégie pour bénéficier d'une «caution» laïque et apparaître plus rassembleur.

Sur l'autre versant de l'actualité politique égyptienne, le nouveau gouvernement est sur le point d'être formé par le Premier ministre Kamal el-Ganzouri, qui a annoncé samedi que le cabinet pourrait être investi d'ici à mercredi.

M. Ganzouri, 78 ans et ancien ministre sous le régime Moubarak, a été nommé le 25 novembre par l'armée au pouvoir, après la démission de Essam Charaf, à la suite des affrontements meurtriers entre forces de l'ordre et manifestants à la Place Tahrir. Mais le nouveau Premier ministre est contesté par les manifestants qui continuent de se mobiliser sur la place Tahrir au Caire pour réclamer le départ du pouvoir militaire, qu'ils assimilent à M. Moubarak.




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