Algérie

Egypte / Le triste statu quo



Egypte / Le triste statu quo
Date n La place Tahrir, au Caire, était devenue un des symboles vibrants du Printemps arabe: le 25 janvier 2011, encouragée par l'exemple tunisien, une «journée de la colère» -contre les inégalités, la pauvreté, les blocages politiques- y est organisée.Le 1er février, 1 million de personnes s'y réunissent pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981. Ce dernier abandonne le pouvoir à l'armée 10 jours plus tard, et sera condamné en 2012 à la prison à perpétuité pour la répression sanglante de la révolution (un millier de morts), avant d'obtenir une libération conditionnelle. La première élection présidentielle libre du pays est remportée en 2012 par Mohamed Morsi, un Frère musulman. Une réforme de la Constitution est approuvée par référendum. Mais, contrairement à la Tunisie, ce scrutin est suivi par une longue période de contestation politique et de crise économique, qui culmine mi-2013 avec la deuxième intervention de l'armée : le maréchal El-Sissi, ex-chef du renseignement et ministre de la Défense, est au pouvoir. La purge s'opère alors dans les rangs des sympathisants islamistes, et des milliers d'opposants au régime sont tués, emprisonnés ou condamnés à mort, comme Mohamed Morsi. Les médias égyptiens sont réduits au silence et les respon-sables de plusieurs ONG égyptiennes sont menacés de mort et obligés de s'exiler. Avec l'élection d'El-Sissi, la répression s'étend aux mouvements de gauche et laïcs, tandis que le régime attiédit les critiques occidentales par des politiques de grands travaux et des achats massifs d'armes. Cinq ans après le début de la révolte contre Hosni Moubarak et les espoirs qu'elle avait suscités, l'Egypte se retrouve sous la coupe d'un régime autoritaire qui a laminé toute opposition sur fond de menace djihadiste et d'économie en berne. A l'exception des Frères musulmans, aucune autre force politique n'a annoncé son intention de manifester demain, lundi, pour l'anniversaire du soulèvement. La police a renforcé son dispositif de sécurité au Caire, notamment dans le centre-ville, où la place Tahrir, haut lieu de la contestation en 2011, a été bouclée. Pour Karim Bitar, chercheur à l'Institut des relations internationales à Paris, il est «aujourd'hui clair que la contre-révolution a triomphé et que tous les espoirs ont été douchés». «Après avoir été confisquée, la révolution a été enterrée», affirme ce chercheur, selon lequel les nouvelles autorités ont «réussi à domestiquer la totalité des contre-pouvoirs traditionnels» (justice, médias, Parlement). Pour Gamal Eid, directeur du Réseau arabe des droits de l'Homme, basé au Caire, l'état des droits de l'Homme «est pire qu'il ne l'était sous Moubarak ou sous le règne des Frères musulmans». «Les Egyptiens assistent, forcés, au retour de leur pays à un Etat policier», déplore de son côté Saïd Boumedouha, d'Amnesty International. «La situation économique et sociale empire de jour en jour», affirme Hazem Hosni, professeur de sciences politique au Caire. Le secteur touristique, pilier de l'économie, a subi de plein fouet le contrecoup de l'instabilité politique puis des violences djihadistes à partir de 2013. Le crash dans le Sinaï (est) d'un avion russe transportant des touristes, revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique (EI), lui a porté un nouveau coup dur fin 2015.




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