Egypte : Le scrutin de la succession

La légitimité électorale risque de souffrir de la désaffection populaire et de précipiter l'Egypte dans une impasse historique. L'Egypte des Al Moubarak, qui rêve de réussir le scrutin de la succession, s'enfonce dans un climat exécrable de violences électorales. A l'ouverture des bureaux de vote du premier tour des législatives, les victimes de la compétition à  couteaux tirés jettent un grave discrédit sur un processus sanglant : la mort d'un jeune, poignardé alors qu'il collait les affiches de son père, candidat indépendant, les heurts entre les partisans de différents candidats relevés dans plusieurs régions faisant un blessé par balle à  Mansourah, des manifestations de délégués de candidats violemment réprimés par les forces de l'ordre… «Â Dès le tout début du vote, il y a une série d'irrégularités et une utilisation de la force qui menace le processus électoral », constate, dans un communiqué, la coalition égyptienne de surveillance des élections.Des agressions commises par les forces de sécurité contre «Â des candidats, leurs représentants ou des journalistes » ont été également dénoncés par une autre ONG, en charge de l'observation des conditions de déroulement du scrutin. Cet état de fait a été corroboré par les correspondants de presse, notamment les photographes, empêchés d'accès dans les bureaux de vote.Le scrutin du «Â plus grand parlement dans l'histoire de l'Egypte », selon El Ahram, ou des «Â pires élections », selon le journal nassérien  El Arabi, n'a de sens que dans la volonté du régime honni des Al Moubarak de succéder à  lui-même ou d'assurer une transmission héréditaire du pouvoir. Le scénario, favorisé par les règles du jeu constitutionnel circonscrit à  la représentation parlementaire, se renforce de la mainmise désormais incontestée du PND (Parti national démocratique) au pouvoir, débarrassé de l'alibi islamiste réduite à  sa plus simple expression. Si les bureaux se vident des électeurs peu motivés par une participation au scrutin dont l'issue est connue d'avance, la légitimité électorale risque de souffrir de la désaffection populaire et de précipiter l'Egypte dans une impasse historique marquée par le refus du changement démocratique revendiqué par l'opposition et l'allié américain soucieux de «refondation fondamental».