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Egypte: l'armée a isolé le président élu



Au Caire, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) n'a toujours fait aucun commentaire officiel sur la décision du président Morsi rétablissant le Parlement dissous par ses soins en s'appuyant sur l'arrêt rendu par la Haute Cour constitutionnelle égyptienne ayant invalidé pour vice de forme les élections législatives dont il est issu. C'est cette Haute Cour qui a réagi en faisant savoir au président que sa décision de réhabilitation du Parlement contrevient à la loi du pays et lui a rappelé que les arrêts rendus par elle ne peuvent être contestés ni faire l'objet d'appel y compris par le chef de l'Etat.
Il va de soi que l'attendu de la Haute Cour affaiblit juridiquement le président élu que les militaires peuvent désormais accuser d'avoir outrepassé ses prérogatives en violant la loi. Il se trouve en plus que dans le bras de fer ouvert avec elle par Mohamed Morsi, la puissante instance militaire a reçu aussi l'appui intéressé des principales formations politiques du courant laïco-libéral qu'arrange sa décision de dissoudre le Parlement fraîchement élu dominé par les islamistes. Elles escomptent en effet que de nouvelles élections législatives verront l'affaiblissement électoral des islamistes dont la conduite et les déclarations d'intention ont semble-t-il vite fait d'amoindrir l'influence sur l'électorat. Sur ce point, les calculs du CSFA et de ces forces politiques se rejoignent. Pour les deux parties, l'enjeu est d'empêcher que les islamistes, Frères musulmans et salafistes, restent en position d'écrire une constitution leur donnant le cadre légal pour appliquer le projet de société dont ils se revendiquent.
Il apparaît que les « gages » donnés par Mohamed Morsi aux formations politiques autres qu'islamistes en vue d'obtenir leur soutien et appui dans la confrontation qu'il s'est décidé à ouvrir avec les militaires au principe qu'ils ont usurpé l'essentiel de ses prérogatives présidentielles, n'ont pas convaincu. Non pas parce que le président élu aurait tort d'avoir engagé les hostilités à l'encontre de l'institution militaire, mais parce que sa victoire éventuelle sur elle ouvrirait la voie à la mainmise totale des islamistes sur les institutions de la République. Hormis les Frères musulmans dont il a été le candidat, Morsi n'est parvenu à rallier à sa position sur la question du Parlement qu'une faible frange des révolutionnaires ayant été les véritables artisans des manifestations de la Place Tahrir. Pour ceux-ci, l'adversaire prioritaire est l'armée qu'ils accusent non sans raison d'avoir confisqué leur révolution, favorisé sa récupération par les islamistes et vouloir en éteindre totalement les braises.
Ayant engagé le fer avec les militaires, Mohamed Morsi est condamné à gagner son défi, faute de quoi il devra se contenter d'être le président « un quart » qu'il a solennellement refusé d'être. Quant à démissionner sous la pression des militaires, la respective lui est interdite par la confrérie qui le sponsorise et n'entend pas renoncer à détenir la présidence de la République égyptienne quitte à accepter que le pouvoir de celle-ci soit subordonné dans les faits à celui de l'institution militaire. Il n'en demeure pas moins que la situation est confuse en Egypte et grosse de menaces pour la stabilité du pays, voire même pour sa sécurité. Une période de flou comme celle que vit l'Egypte est favorable à toutes les dérives extrémistes.


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