Algérie

Egypte: Douze morts dans des affrontements entre musulmans et coptes



De violents affrontements ont opposé samedi soir musulmans et chrétiens en Egypte, à Imbaba, un quartier populaire du Caire, ravivant les fortes tensions interconfessionnelles qui traversent le pays. Douze personnes ont été tuées et 186 autres blessées, selon un bilan de la télévision d'Etat. Selon l'AFP, les principaux affrontements se sont produits autour d'une église du quartier d'Imbaba, attaquée par des musulmans au motif qu'une chrétienne supposée vouloir se convertir à l'Islam y serait enfermée. Une autre église a été incendiée dans ce quartier, où d'importants effectifs de soldats et de policiers anti-émeutes ont été déployés.

 Pour parer à cette situation, le Premier ministre égyptien Essam Charaf a convoqué hier, une réunion de crise du cabinet. M. Charaf, qui prévoyait hier, une tournée aux Emirats arabes unis et à Bahreïn, a reporté son voyage et convoqué «une réunion d'urgence du cabinet pour examiner les événements regrettables à Imbaba», selon l'agence officielle Mena et la télévision d'Etat. Selon l'AFP qui cite le témoignage d'un prêtre, le père Hermina, au moins cinq coptes avaient été tués lors de l'attaque de l'église. Un corps recouvert d'un drap sur lequel était posé un évangile, reposait dans l'église Saint Mina, dont le sol portait des traces de sang. Des militaires ont tiré en l'air pour tenter de séparer les deux camps. «Ce sont eux qui ont commencé à tirer sur nous. Nous étions pacifiques» a, quant à lui, assuré Mamdouh un manifestant musulman. L'armée égyptienne a promis d'agir fermement contre les responsables de ces violences. Un général, s'exprimant dans la nuit sur la chaîne privée ON-TV, a promis que l'armée «ne permettra pas, à quelque courant que ce soit, d'imposer son hégémonie en Egypte». L'officier a souligné que toute personne arrêtée sur les lieux était susceptible d'être jugée en vertu d'une nouvelle loi sur le banditisme, qui prévoit des sanctions renforcées. Hier, l'armée égyptienne a annoncé que 190 personnes arrêtées après les violents affrontements entre musulmans et chrétiens, seraient déférées devant des tribunaux militaires. L'armée a ordonné «le transfert de toutes les personnes arrêtées en liaison avec les événements de samedi soir et dont le nombre s'élève à 190 pour qu'elles soient déférées devant la cour militaire suprême», selon un communiqué.

 L'une des plus hautes autorités musulmanes d'Egypte, le grand mufti Ali Gomaa, a appelé à «ne pas jouer avec la sécurité du pays» et a assuré que les troubles «ne pouvaient pas émaner de gens vraiment religieux, qu'ils soient musulmans ou chrétiens». Les coptes ou chrétiens d'Egypte, représentent entre 6 et 10% de la population égyptienne qui compte au total plus de 80 millions de personnes. Ils constituent la plus importante minorité chrétienne du Moyen-Orient. Des polémiques alternant accusations et démentis sur des chrétiennes coptes qui seraient cloîtrées pour les empêcher de se convertir à l'Islam, alimentent depuis des mois, une montée des tensions entre communautés. Plusieurs manifestations ont eu lieu ces dernières semaines pour réclamer «la libération» de Camilia Chehata et Wafa Constantine, deux épouses de prêtres qui seraient séquestrées par l'Eglise. Les deux femmes auraient chacune quitté leur mari après une dispute conjugale, il y a sept ans pour Mme Constantine, l'année dernière pour Mme Chehata. Toutes deux ont été raccompagnées chez elles par la police, après que les coptes aient assuré qu'elles avaient été enlevées par des musulmans. L'Eglise copte a démenti l'éventuelle conversion des deux femmes, mais aucune des deux n'est réapparue publiquement pour donner sa version des faits. Saisi par des islamistes, le parquet a demandé le 30 avril à entendre Camilia Chehata, mais l'Eglise a refusé de recevoir la notification transmise par un huissier. La communauté copte avait été visée par un attentat dans la nuit de la Saint Sylvestre contre une église copte à Alexandrie qui avait fait 21 morts.




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