Algérie

Egypte: De nouveaux affrontements, le ministère de l'Intérieur assiégé



L'Egypte, sans président depuis le départ sans gloire de Hosni Moubarak et un nouveau parlement élu, dirigé par les Frères musulmans, est de nouveau secouée par de graves événements.

Le drame du stade de Port Said, mercredi, a été ainsi un détonateur pour une nouvelle flambée de violences dans le pays. Ainsi, les affrontements entre forces de police et manifestants se poursuivaient hier au Caire et dans plusieurs grandes villes égyptiennes, pour la quatrième journée consécutive, après les événements dramatiques du stade de Port Said où 74 supporters sont morts.

Hier, la tension n'est pas retombée dans la capitale égyptienne où les manifestants maintenaient le siège autour du ministère de l'Intérieur, alors que des milliers d'autres se rassemblaient Place Tahrir, pour appeler les militaires à quitter le pouvoir. Dans la nuit de samedi à dimanche, de nouveaux incidents ont éclaté entre les forces de sécurité et des manifestants au Caire, où le Centre national des Impôts était en feu, selon la télévision publique égyptienne. Une partie du bâtiment, proche du ministère de l'Intérieur, était la proie des flammes. Selon des témoins, c'est pratiquement la même ambiance qui règne au Caire que celle qui a fait tomber le régime de Moubarak. Des centaines de policiers bloquaient les rues menant au ministère de l'Intérieur, dans le centre de la capitale égyptienne, et tiraient des gaz lacrymogènes pour contrôler des dizaines de manifestants qui répliquaient en lançant des pierres et des cocktails Molotov. La police a construit un mur en béton en travers de la rue Mansour, devenue l'épicentre des violences, et s'abritaient derrière des rouleaux de fils barbelés, dans d'autres rues.

Des manifestants ont capturé un homme qu'ils ont présenté comme étant un officier de police en civil, le ramenant derrière leurs lignes sous les hourras, pendant que certains tentaient de le protéger des coups portés par des protestataires. Sur la place Tahrir, les slogans fusent de toutes parts: «Ni l'armée ni les Frères. Les Frères sont des «felouls» [résidus de l'ancien régime]. Pour Haya, 20 ans, il n'y a rien à attendre de ce parlement élu où les islamistes majoritaires sont complices du pouvoir. «Il faut que le Conseil suprême des forces armées s'en aille, les Frères musulmans sont main dans la main avec eux. On continue à présenter les manifestants comme des fous incontrôlables, on nous attaque… Mais les fous, ce sont les généraux au pouvoir». Selon un docteur sur place, Mostafa Nabil, la police a lancé un assaut sur les positions des manifestants, tirant à la chevrotine et arrêtant des médecins d'un hôpital de campagne, qui ont été libérés peu après. En milieu de journée, l'intensité des violences a décru. Ces trois derniers jours, les heurts reprenaient de plus belle, en fin de journée. «Mon cÅ“ur brûle quand je pense à ce qui s'est passé à Port-Saïd, et nous savons tous que la police est responsable», a lancé un manifestant, Ahmed Farag, expliquant que les protestataires n'avaient pas l'intention d'attaquer le ministère de l'Intérieur, mais de manifester devant le siège de la police.

Au moins douze personnes sont mortes au Caire et à Suez depuis le début, jeudi, des manifestations, au lendemain des affrontements au stade de Port-Said, et 2.532 blessées, dont des policiers et des manifestants, avait indiqué, samedi, le ministère de l'Intérieur.

Ces événements interviennent alors que les militaires sont pressés par la classe politique pour avancer la date des élections présidentielles.

Le CSFA (Conseil supérieur des forces armées), qui gère le pays, après la fin du régime Moubarak, tarde en effet, à fixer une date pour les présidentielles, après la tenue des législatives qui ont consacré la victoire des Frères musulmans, que certains manifestants accusent d'être proches des militaires. «Le drame de Port-Saïd est ressenti bien au-delà d'un épisode de violence de stade», estime Issandr El-Amrani, analyste politique, et rédacteur en chef du site Web arabis.net. Pour lui, «les gens sont exaspérés par une situation sécuritaire qui devient intenable alors que l'armée justifie son maintien au pouvoir pour des raisons de sécurité! Il est légitime de se poser la question : jusqu'à quand vont-ils diriger le pays?» Parmi les milieux politiques égyptiens, on parle évidemment de la théorie du complot. Et, après Port Saïd, ces théories du complot, imputant les violences à l'armée, à la police, ou aux forces encore actives de l'ancien régime, sont au menu des analyses des différents milieux politiques. Même pour ceux qui n'y souscrivent pas, la négligence – volontaire ou non – des autorités est problématique. Voilà pourquoi le drame de Port Said, selon El Amrani, a été immédiatement propulsé sur le terrain politique. «Ce qui s'est passé dans ce stade de football a changé la donne, c'est peut-être pour cela que certains députés du bloc des Frères musulmans ont tenu des propos très durs contre l'armée», relève t-il. Ces manifestations sont également enregistrées dans plusieurs autres villes d'Egypte, notamment à Suez, Alexandrie et Port Said.

Les militaires, accusés de vouloir se maintenir de force, expliquent qu'ils sont là uniquement pour maintenir la sécurité du pays, où les actes de banditisme et de kidnapping se sont multipliés, ces dernières semaines.




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