Egypte : clôture des dépôts de candidatures dimanche prochain avec une candidature des militaires en expectative

La haute commission de l'élection présidentielle en Egypte clôturera dimanche prochain la période des dépôts de candidatures dans un climat marqué par l'appréhension d'une "décision" militaire qui changerait le rapport de forces, jusque-là en faveur du courant islamique et son candidat Khairat al Chater, guide général adjoint des Frères musulmans.
Le président de la commission de l'élection présidentielle Farouq Soltane a indiqué que la date de clôture des candidatures a été fixée pour dimanche prochain alors que la liste définitive des noms de candidats sera connue avant fin avril courant.
A ce jour, 8 dossiers de candidature ont été déposés officiellement au niveau de la commission sur les 1274 dossiers retirés dans l'attente du dépôt de la candidature de Hazem Abou Ismail ce jour.
Hazem Abou Ismail, candidat de la majorité du courant salafiste, est considéré comme l'un des candidats les plus forts sur la scène au côté de Abdelmounem Abou al Foutouh, dissident de la confrérie qui jouit du soutien des jeunes et de larges catégories de la société égyptienne toutes tendances politiques et religieuses confondues. Vient ensuite Amr Moussa appuyé par le courant de l'Etat civil notamment le parti Al Wafd qui a annoncé mardi soir son soutien lors de cette course à la présidence de la République.
D'autre part, les Frères musulmans tentent d'éloigner un des candidats islamiques pour préparer le terrain à Khairat al Chater et lui permettre de remporter la majorité absolue des voix des islamistes estimées, selon leurs sources, à "plus de 10 millions de voix".
Des sources proches du Majless Echoura des Frères musulmans révèlent l'existence de négociations avancées avec le candidat des salafistes Hazem Abou Ismail au sujet de son retrait de la compétition en contrepartie de sa nomination vice-président d'al Chater en cas de victoire à l'élection présidentielle.
Par ailleurs, l'annonce du candidat des Frères musulmans a bouleversé la donne politique en Egypte provoquant une division à l'intérieur du courant islamique et même au sein des Frères musulmans en l'absence d'un consensus autour de la candidature d'al Chater au sein du Majless Echoura.
La candidature d'al Chater a donné lieu à des scissions au sein du parti Annour et des Frères musulmans et a suscité un climat de tension et de craintes dans la société en raison des questionnements soulevés par la classe politique et la presse égyptienne sur le revirement des Frères musulmans.
Le candidat indépendant Amr Moussa qualifié par certains milieux populaires et politiques de "résidu de l'ancien régime" espère un "miracle" de la part des militaires pour briser la nouvelle focalisation sur le candidat des frères musulmans.
Il n'est pas exclu que l'ancien chef des renseignements égyptiens, Omar Souleimane rééquilibre la balance lors de cette élection présidentielle dès lors que des informations sur la toile font état d'un accord de principe de Souleimane à une candidature qui devra être annoncée ultérieurement.
D'autre part, certains espèrent une intervention de la justice égyptienne pour arrêter le candidat des Frères musulmans en raison de son dossier judiciaire. D'autres estiment que la période de transition en Egypte demeure sans issue après les épisodes qui entachent la tenue d'élections démocratiques dans le pays sans compter les problèmes qui entravent l'élaboration d'une constitution civile du fait de l'obstination d'un courant religieux qui tente d'accaparer sous couvert de la démocratie les institutions de l'Etat à la lumière d'un vide constitutionnel et d'une anarchie sociétale.
Les militants du parti pour la liberté et la justice ont indiqué quant à eux, que la décision de candidature de Khairat al Chater était une décision finale et irréversible.
La campagne populaire de soutien au président du conseil militaire le maréchal Hussein Tantaoui appelle les forces nationales en Egypte à se rallier autour de ce dernier pour l'amener à entrer en lice.
Cette campagne estime enfin que le président du conseil militaire est seul en mesure de faire sortir l'Egypte de cette situation tout en veillant à préserver sa stabilité.