Algérie

EGYPTE Changements superficiels pour l'Exécutif du Frère musulman Morsi



EGYPTE                                    Changements superficiels pour l'Exécutif du Frère musulman Morsi
L'armée demeure aux commandes en Egypte. Il lui a fallu un bon mois pour accoucher de son exécutif. Mohamed Morsi avait d'ailleurs compris l'étroitesse de sa marge de man'uvre lorsqu'il fut contraint de désigner son Premier ministre parmi une liste élaborée par les 19 généraux du Conseil suprême des forces armées (CSFM) qui est resté le pouvoir réel après la chute de Moubarak. Celui-ci est un jeune technocrate du précédant gouvernement mais proche des militaires qui l'avaient adoubé, sa barbe fraîche et lui-même l'avait avoué, c'est au mieux un effet de mode, au pire, une tactique pour tromper les islamistes. Résultat, son gouvernement ne paraît pas vraiment rompre avec le passé, comme lui.
Les technocrates sont très présents et plusieurs ministres restent, y compris et surtout à l'Intérieur et à la Défense, secteurs controversés.
Des portefeuilles sont certes revenus à des Frères musulmans, ce qui représente une nouveauté, mais ils ne sont pas stratégiques. Le nouveau puzzle gouvernemental est bouclé de toutes les façons par le maréchal Tantaoui qui a conservé la Défense, alors que la cote de popularité de ce chef du CSFA qui a dirigé le pays pendant la période de transition n'était pourtant pas au beau fixe depuis longtemps. à l'Intérieur se retrouve Ahmed Gamal al-Din, qui était l'adjoint du précédent ministre de l'Intérieur. Il est aussi le frère d'une personnalité du désormais dissous Parti National Démocratique de Moubarak et aurait été parmi les plus inflexibles lors des négociations pour la libération des prisonniers politiques et pendant les dernières manifestations violentes avant l'élection de Mohamad Morsi à la tête de l'égypte. Au Caire, il s'est dit que le président de la République avait proposé des noms de réformistes et de révolutionnaires pour l'Intérieur et les Affaires étrangères mais le CSFA a refusé préférant garder leurs anciens titulaires. Mohamed Kamel Amr, ministre des AE, ne bouge pas. Les Finances, nerf de la guerre dans une économie dont le tiers est entre les mains de l'armée, ne changent pas de main non plus : Momtaz Al-Saïd reste en place. Les ministres de la Culture et des Antiquités gardent leur poste. Et celui de la Production militaire reste également en place. Parmi les technocrates, Osama Saleh, Osama Kamal et Mahmoud Balbaa aux ministères importants de, respectivement, Investissement, Pétrole et Electricité. "Nous sommes bien loin d'un gouvernement révolutionnaire, bien loin aussi d'un afflux de sang neuf à la tête de l'égypte", ont commenté les analystes au Caire.
Il y a même des apparatchiks du régime Moubarak comme le ministre des Sports, El Amry Farouk, un homme d'affaires et membre du conseil de direction du club Ahly, le plus ancien club sportif du Caire, qui s'était présenté aux élections parlementaires de 2010 sur les listes du PND, le parti de Moubarak. Quant aux Frères musulmans, ils se sont contentés de postes techniques. Le ministère de l'Industrie et du Commerce extérieur octroyé à un frériste, homme d'affaires dans l'agro-alimentaire. Le ministère de l'Enseignement supérieur, celui de la jeunesse dont le titulaire Osama Yacine a été le responsable de la sécurité sur la place Tahrir pendant le soulèvement début 2011. Le ministère de l'Information, grande première, revient à un Frère musulman, Salah Abdel Maqsood, secrétaire général du syndicat des journalistes et critique de l'immobilisme et de la propagande de la presse d'état. Les juges et les journalistes disent craindre pour la liberté de la presse déjà sous haute surveillance de la part des militaires. Les Frères ont tout de même obtenu un poste éminemment politique, celui de la justice dévolu à Ahmed Mekky, précédemment vice-président de la Cour d'appel du Caire mais qui avait apporté son soutien à Mohamed Morsi le mois dernier, appuyant sa demande de rétablir le Parlement dissous par l'armée pour des raisons administratives. Les salafistes n'ont rien obtenu, ils prétendent boycotter le gouvernement, notamment Nour, le plus grand parti salafiste. Des membres de partis très laïques ont, pour leur part, refusé de participer au cabinet, objectant la personne même du premier ministre, jugé "incompétent" et surtout "islamiste", même s'il n'appartient pas au parti de la Justice et de la Liberté, le parti des Frères musulmans. Pour le moment, deux femmes sur trente-cinq ministres, elles aussi du précédent gouvernement, complètent l'actuel exécutif: Nagwa Khalil (Affaires sociales) et Nadia Zakhary (Recherche scientifique). Copte, Nagwa Khalil était aussi membre de la Commission d'enquête sur les responsables des violences commises pendant le soulèvement de 2011.
D. B


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