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Accusés de diffusion de fausses informations, de soutien aux Frères musulmans, les trois journalistes de la chaîne qatarie croupissent depuis plus d'un an dans les geôles égyptiennes.«La justice égyptienne est aveuglée par son incompétence ! Les trois journalistes doivent être libérés immédiatement, c'est une affaire de plus qui n'honore pas l'Egypte», affirme Yéhia Hammad, sociologue et journaliste égyptien. «Cette injustice peut aller loin sans que cela ne dérange l'opinion publique et surtout les autorités locales.» L'Australien Peter Greste, le Canado-égyptien Mohamed Fahmy et l'Egyptien Mohamed Baher, employés de la chaîne qatarie Al Jazeera en langue anglaise, purgent actuellement des peines de sept à dix ans de prison après avoir été reconnus coupables, au cours d'un procès montrant de nombreuses irrégularités, de «diffusion de fausses informations de nature à porter atteinte à la sécurité de l'Etat et à la paix sociale» et de «soutien à la confrérie des Frères musulmans», déclarée «organisation terroriste» en Egypte. Le procès en appel des trois journalistes s'est ouvert le 1er janvier 2015 devant la plus haute juridiction égyptienne. Cette instance a également ordonné que Fahmy soit rejugé, et a refusé sa libération sous caution. Les avocats de la défense ont déclaré que les procureurs ont reconnu des problèmes majeurs avec le verdict. Un procès aura lieu dans un mois, mais ils devront en attendant rester en détention. Employés par l'antenne anglophone d'Al Jazeera, les trois journalistes avaient été arrêtés fin décembre 2013. En juin, Peter Greste et Mohamed Fahmy avaient été condamnés à sept ans de prison, et Baher Mohamed avait écopé de dix ans, un verdict qui avait déclenché un tollé international. Les trois hommes ont toujours rejeté ces accusations.TerrorismeCertains observateurs croient d'ailleurs que les trois hommes ont été victimes de représailles de l'Egypte envers le Qatar, un Etat du Golfe qui finance le réseau Al Jazeera et qui était un proche allié du président Morsi et des Frères musulmans, une organisation aujourd'hui interdite. Les deux pays ont entamé des rapprochements depuis quelques semaines, ce qui a fait naître l'espoir d'un dénouement prochain dans l'affaire des trois journalistes. Dans une lettre ouverte publiée mardi par le New York Times, Mohamed Fahmy écrit que «les journalistes d'Al Jazeera ont été les pions dans une joute géopolitique qui n'avait rien à voir avec notre travail en tant que professionnels impartiaux. Nous sommes trois journalistes qui avons été entraînés bien malgré nous dans une guerre froide entre, d'un côté, l'Egypte, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et le Bahreïn, et de l'autre, le Qatar et ses alliés, dont la Turquie», soutient-il. «Nous aimerions rappeler à M. Al Sissi que dans la guerre qu'il a déclarée au cancer islamiste, et à ses rejetons violents, les journalistes ne sont pas ses ennemis, mais ses alliés. Nous dévoilons au grand jour le terrorisme qu'il tente d'éradiquer.» La cour de cassation a ordonné la semaine dernière la tenue d'un nouveau procès, mais en attendant, les trois journalistes devront demeurer en détention puisque leur demande de remise en liberté sous caution a été rejetée. Les proches de Mohamed Fahmy espèrent cependant que le journaliste sera déporté avant la tenue du nouveau procès. «La décision de la cour de cassation va à contre-courant de la tendance actuelle de la justice égyptienne, qui est en train de devenir plus que jamais une simple chambre d'enregistrement entérinant d'office la répression des autorités. Les tribunaux enferment des détracteurs du gouvernement et des militants politiques, tout en laissant les membres des forces de sécurité et les représentants de l'Etat responsables de violations flagrantes des droits humains en liberté», dénonce Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.ClooneyPar ailleurs, dans une tribune sur le site américain le Huffington Post, les avocats de Mohamed Fahmy, Amal Clooney et Mark Wassouf ont déclaré : «Un transfert du dossier vers le Canada est également possible, et cette solution a été validée par le gouvernement canadien. Nous sommes en contact - ainsi que notre confrère canadien, Lorne Waldman - avec des membres du gouvernement à Ottawa et discutons activement des conditions d'un tel transfert avec le ministère des Affaires étrangères canadien, qui nous a informés que le ministre, M. Baird, étudiait notre demande de rendez-vous. Nous espérons vivement qu'une telle rencontre pourra être organisée avant sa visite au Caire, prévue pour la mi-janvier. Nous serions aussi très reconnaissants aux autorités égyptiennes d'apporter une réponse officielle à notre demande de grâce, et à d'autres discussions concernant les termes d'un transfert.» Mardi, la famille de Mohamed Fahmy a appris de bonne source qu'il serait bientôt déporté au Canada, et espère que la visite prochaine du ministre John Baird en Egypte pourra accélérer le processus. Dans la foulée, le ministre des Affaires étrangères canadien, John Baird, a indiqué travailler «étroitement avec le gouvernement égyptien» sur le dossier des trois journalistes d'Al Jazeera emprisonnés en Egypte. «Nous en sommes dans une phase critique» et «quand nous aurons d'autres informations, nous les annoncerons», a-il-ajouté lors d'une conférence de presse.




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