Algérie


Egypte
Après plus de trois mois sous les verrous, le calvaire continue. Les conditions de détention ont été longuement évoquées par les prisonniers, dont beaucoup se plaignent de blessures non soignées. Le procès reprendra le 31 mars.Le CaireDe notre correspondante«Je n'ai pas d'armes. Je ne suis ni un terroriste, ni un membre des Frères musulmans», clame Mohamed Fahmy depuis l'imposante cage métallique installée dans la salle d'audience de la prison de Tora au Caire. Hier, a eu lieu la troisième audience du procès des vingt journalistes d'Al Jazeera, les seize Egyptiens sont accusés d'appartenir à une organisation terroriste, et les quatre étrangers de leur avoir fourni «argent, équipements et informations» afin de «diffuser de fausses nouvelles» faisant croire à une «guerre civile dans le pays». Seuls huit d'entre eux, dont l'Australien Peter Greste, l'Egypto-Canadien Mohamed Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed, sont détenus par les autorités égyptiennes.Les trois hommes, journalistes pour la version anglophone d'Al Jazeera, ont été arrêtés le 29 décembre 2013 dans leur chambre d'hôtel du Mariott. Et tout leur matériel réquisitionné. Il est notamment reproché aux journalistes d'avoir fait entrer du matériel qui nécessitait des autorisations et d'avoir stockés des vidéos qui nuisent à la sécurité du pays. Des accusations que l'un des avocats de la défense, Khaled Abou Bakr, a essayé de rejeter méthodiquement. D'abord en démontrant que la possession d'ordinateurs, de téléphones ou de caméras par ses clients ne constituait aucun crime, et que par ailleurs tous ne demandaient pas de permissions. Dans un second temps, il a tenté de prouver que les vidéos ne contenaient aucune menace sur la sécurité du pays.«Nous passons 23 heures dans la cellule»Mais le c'ur du problème est ailleurs. Au cours de son plaidoyer, l'avocat Khaled Abou Bakr demande naïvement s'il est possible que des médias couvrent l'actualité de l'opposition en Egypte.Cette question qui résume à elle-seule tout ce dossier est presque passé inaperçue. «Chaque minute qu'on passe ici est une injustice», lance Mohamed Fahmy. Ce journaliste, blessé depuis son interpellation, parvient à peine à bouger son bras gauche de quelques centimètres. Samedi dernier, pour la première fois depuis son arrestation en décembre dernier, il a été hospitalisé. «Quand je lui ai rendu visite hier, il était triste et fatigué d'avoir attendu aussi longtemps entre la dernière audience et celle d'aujourd'hui, témoigne Adel, le frère de Mohamed Fahmy. Le blogueur Alaa Abdel Fattah a été libéré hier, mais l'affaire de Mohamed est différente.»Les conditions de détention ont été longuement évoquées par les prisonniers, dont beaucoup se plaignent de blessures non soignées.A ces plaies s'ajoute le quotidien de tout prisonnier : un mélange de promiscuité, d'humiliation et d'insalubrité. «Nous passons 23 heures dans la cellule, raconte Baher Mohammed. Une très petite pièce. Ma femme est enceinte et je ne serai même pas là pour sa première échographie. Aucun crime pourtant n'a été commis.»Mohamed Fahmy garde toutefois espoir, notamment après l'envoi d'une lettre du président par intérim, Adly Mansour, à sa famille. «Il garantit que le procès sera équitable et affirme que le pouvoir judiciaire est indépendant. C'est une expression de la volonté du Président que nous soyons libres», rapporte-t-il.Condamnations à mortSi l'espoir est toujours permis dans le dossier des journalistes d'Al Jazeera, cela est moins vrai dans le procès des 529 partisans de l'ancien président islamiste, Mohamed Morsi, condamnés à mort hier pour des violences commises durant l'été.Le verdict est tombé lors de la seconde audience d'un procès ouvert samedi dernier à Minya (Haute- Egypte).Sur les 529 condamnés à la peine capitale, seuls 153 sont en détention, les autres étant en fuite. «Ceci est une injustice au sens large et ces condamnations à mort doivent être annulées, a réagi Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International. C'est le plus grand lot de condamnations à mort simultanés que nous ayons vu au cours des dernières années, pas seulement en Egypte, mais partout dans le monde.»




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