Un calme précaire régnait hier lundi dans certains quartiers de la
capitale égyptienne, après les violents heurts de la nuit de dimanche à lundi, entre
manifestants coptes (chrétiens orthodoxes) et forces de sécurité, formées de la
police et de militaires.
Le bilan de ces violences, qui ont éclaté à la suite d'une manifestation
de Coptes contre l'incendie d'une église à Assouan est de 24 morts et plus de 200
blessés. D'autres heurts avaient éclaté dans la nuit de dimanche entre
manifestants coptes, près de l'hôpital où ont été emmenés les morts et les
blessés, et des forces de l'ordre. Les heurts, selon les témoignages étaient
très violents et des Coptes seraient morts par balles, d'autres écrasés par les
véhicules des forces de l'ordre. La confusion était totale dans la nuit de
dimanche sur ces événements, les plus violents depuis la chute du président Hosni
Moubarak.
Mais, très vite, les analystes
revenaient, hier lundi, sur les dangers potentiels qui planent sur le pays, à
quelques encablures des législatives de novembre prochain. Lundi en milieu de
journée, le gouvernement égyptien avait entamé une réunion d'urgence à
l'initiative du Premier ministre Essam Charaf, selon lequel ‘'le pays était en danger». Au moins 40
personnes ont été arrêtées à la suite de ces affrontements. «Ce qui se passe, ce
ne sont pas des affrontements entre musulmans et chrétiens, ce sont des
tentatives de provoquer le chaos et la sédition», avait dit Essam
Charaf sur sa page officielle Facebook.
Dans des déclarations rapportées par l'agence Mena, le Premier ministre avait
en outre estimé qu'il s'agissait d'un «complot pour éloigner l'Egypte des
élections». Le grand imam d'Al Azhar, Ahmed al-Tayeb,
a appelé de son côté, musulmans et chrétiens au dialogue «afin de tenter de
contenir la crise».
CHENOUDA CALME LE JEU
«Les dirigeants doivent prendre des mesures sérieuses pour traiter les
problèmes à la racine, autrement cette situation peut mener à la guerre civile»,
estime de son côté Fouad Allam, ancien chef des
services de sécurité pendant deux décennies, à la télévision al-Arabiya, demandant une révision de lois religieuses discriminatoires.
D'autres relevaient en revanche, que les heurts n'avaient pas simplement un
fondement religieux mais étaient alimentés par le ressentiment contre la police
et le pouvoir militaire. Les raisons qui ont fait dégénérer ce qui avait
commencé comme une marche pacifique de milliers de Coptes du quartier de Chobra vers Maspero, où se trouve la télévision publique
dans le centre du Caire, restent confuses, même si certaines tendances
politiques pointent du doigt ‘'des éléments infiltrés'' parmi les manifestants
qui ont tiré sur les forces de l'ordre. Beaucoup de témoignages font état
d'éléments armés parmi les manifestants qui ont tiré en direction des forces de
sécurité, qui, selon le chef de la police, n'étaient pas armées.
Ces affrontements sont dus à des «inconnus infiltrés», a déclaré le chef
de l'église copte orthodoxe, le patriarche Chénouda
III. «La foi chrétienne dénonce la violence. Des inconnus se sont infiltrés
dans la manifestation et ont commis les crimes que l'on impute aux Coptes», a
affirmé le patriarche dans une déclaration publiée après une rencontre avec 70
responsables de son Eglise. Le grand imam de la prestigieuse institution
musulmane sunnite d'Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb, a de son côté appelé le patriarche de l'Eglise
copte Chenouda III. «Il s'agit d'un complot contre la
patrie et la révolution», a pour sa part affirmé l'écrivain Alaa
al-Aswany sur Twitter. Le
pire avait été craint dans cette nuit d'enfer de dimanche lorsque des
affrontements ont eu lieu entre musulmans armés de bâtons et chrétiens près de
l'hôpital où étaient soignés la majorité des manifestants coptes, ce qui a fait
craindre des violences à plus grande échelle. Plusieurs véhicules étaient en
feu dans une grande rue voisine de l'hôpital et des manifestants coptes
prenaient de l'essence des voitures pour en faire des cocktails Molotov. Mais
en fin de soirée, les musulmans ont marché vers l'hôpital en criant «Musulmans,
chrétiens, une seule main», mettant fin aux violences près de l'établissement, selon
des témoins.
L'ARMEE VEUT SAVOIR
De son côté, l'armée égyptienne a demandé hier lundi au gouvernement
d'enquêter rapidement sur ces violences. «Le cabinet a été chargé de former
rapidement une commission d'enquête pour déterminer ce qui s'est passé et
prendre les mesures légales à l'encontre de toute personne dont l'implication
sera prouvée dans les évènements, que ce soit par la participation ou par
l'incitation», a indiqué l'armée dans un communiqué. Le communiqué a été
diffusé à l'issue d'une réunion de crise du Conseil suprême des forces armées (CSFA),
au lendemain de ces affrontements, les plus meurtriers survenus en Egypte
depuis le renversement de M. Moubarak, le 11 février. Le CSFA, dirigé par le
maréchal Hussein Tantaoui, souligne qu'il «continue
d'assumer la responsabilité nationale de protéger le peuple après la révolution
du 25 janvier». Selon le CSFA, ces affrontements sont dus «aux efforts de
certains pour détruire les piliers de l'Etat et semer le chaos», et assure
qu'elle prendra «les mesures nécessaires pour rétablir la situation
sécuritaire'' dans le pays, à un peu plus d'un mois des élections législatives
dont la forme et le déroulement divisent encore les partis égyptiens.
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Posté Le : 11/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com