Algérie

Effet rétroactif



Le ministère de la Santé vient d'annoncer une augmentation de 200 pour cent des primes de gardes et autres pour une catégorie de spécialistes. Il n'y a qu'en Algérie que les primes, salaires et autres Smig augmentent de façon aussi forte. Vingt cinq pour cent a été le taux d'augmentation pour le salaire minimum. Mais la caractéristique notable de ces augmentations est qu'elles ont toutes un effet rétroactif quand il s'agit de la fonction publique.
Cet effet rétroactif est-il légal ' Les salaires de la fonction publique sont votés par le Parlement lors des lois de finances. Ils sont contenus dans le budget de fonctionnement du ministère concerné. Or, si on augmente les primes et salaires avec effet rétroactif, une loi de finances complémentaire est nécessaire. Pour les spécialistes de la santé publique, les augmentations des primes prennent effet en 2012 et la loi de finances pour l'année citée est finie, close.
Par quel artifice le ministère des Finances va pouvoir budgétiser la centaine de millions de dinars nécessaire au paiement de cette augmentation sur un budget clos ' Peu de spécialistes en finances publiques pourront donner une réponse cohérente au sens de la loi. Pourtant cette tendance se généralise sans qu'un député ou un conseiller de la nation n'ait osé s'opposer ou se questionner. La rigueur dans la gestion des deniers publics réside également dans le respect des lois votées. Elles ne peuvent indéfiniment être changées et adaptées à des décisions prises par la suite. Ces mesures de rattrapage du pouvoir d'achat doivent être les dernières. Toutes nouvelles augmentations de salaires dans la fonction publique doivent être codifiées de manière claire. Parmi les propositions les plus intéressantes, l'indexation de l'augmentation du Snmg sur le taux d'inflation. Cette proposition, bien que défendue par les syndicats et acceptée par le gouvernement, n'a pas encore vu un début d'application. Cette indexation permettrait aux salariés de maintenir leur pouvoir d'achat et éviterait des mesures de rattrapage tardives et coûteuses pour les budgets des entreprises et de l'Etat. Elle éviterait aussi des grèves inutiles et répétitives.
De la rigueur et le respect des lois sont des obligations si les décideurs veulent que la stabilité se maintienne. De la rigueur est aussi exigée pour tous ceux qui reçoivent les largesses du gouvernement. Les travailleurs du secteur privé continuent quant à eux de payer rubis sur ongle leurs impôts, prélevés à la source, et ne peuvent espérer des augmentations de 200% au risque de voir leur entreprise faire faillite. Il serait peut-être temps que les effets rétroactifs cessent pour que cesse cette impression que l'Algérie est gouvernée par des gens prêts à tout dans leur propre intérêt et non celui du pays.
A. E.


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