Algérie

Effet papillon ravageur et, nécessité oblige, pouvoirs publics



Effet papillon ravageur et, nécessité oblige, pouvoirs publics
«Le résultat d'une rencontre de football tient généralement à un détail». C'est, dans la bouche des spécialistes de la discipline, un récurrent postulat. Il est désormais applicable à la violence au sein des stades, dans leur périphérie immédiate et malheureusement parfois étendue jusqu'en milieu urbain. C'est aussi ce qui s'est passé à la fin de la rencontre opposant, vendredi passé dans le cadre des 16es de finales de la Coupe d'Algérie, l'AS khroub, club professionnel évoluant en Ligue2 au MO Constantine lequel est depuis cette saison amateur. Son président, en l'occurrence Abdelhak Demigha, quarante-huit heures auparavant, avait anticipé une initiative qui a consisté à prendre langue avec les dirigeants khroubis afin de s'entretenir des conditions de préparation et surtout d'encadrement d'un match somme toute anodin mais pour qui connait l'histoire du football local ne pouvait qu'être classé à hauts risques. La réunion à laquelle nous avons assisté regroupait, le P. Aberkane, maire et surtout l'un des notables les plus respectés de la ville, les deux présidents, l'officier en charge de la sécurité le jour de la rencontre, un arbitre, un vice-président de l'APC, le président du CA ASK, un ancien président du CSC. La rencontre a été très conviviale et tout le monde s'est entendu à peser de sapersonne auprès des supporters des deux camps en mettant en branle tous les moyens de communication, d'information et de sensibilisation afin de dépassionner la confrontation. Sur le terrain, le fair-play a été exemplaire comme en ont témoignés les quatre cartons jaunes (deux pour chaque camp) délivrés sur l'ensemble des 120 minutes de jeu. Ce ne sera pas le cas, une fois le vainqueur connu (MOC) connu à l'issue des tirs au but, nombreux sont les supporters parmi des jeunes et des moins jeunes à quitter l'enceinte pour allerrapidement se poster dans des endroits stratégiques de nature à mettre à portée de leurs projectiles les quelques supporters visibles et/ou repérables de l'adversaire habitant la ville du Khroub. Il faut effectivement souligner que ceux venus de Constantine étaient bien encadrés par un dispositif policier aussi important qu'hallucinant compte tenu des moyens déployés pour une rencontre à la limite insignifiante. Des heurts violents auront lieu entre les policiers et des dizaines de hooligans, l'affrontement déplacé jusqu'aux cités avoisinantes installant jusqu'à une heure avancée de la nuit une formidable psychose parmi les familles résidantes à la périphérie du stade. En fait, il semble désormais acquis que les évènements qui ont ébranlé Constantine une semaine auparavant (CSC-MCA) ont eu l'effet papillon qui aurait pu sans doute être évités si la proximité des deux rencontres n'était pas aussi évidente. Avec la connotation de derby, les risques autour du match ASK-MOC ne pouvaient qu'être prévisibles. Ce qui ne doit pas non plus inciter les instances sportives nationales à faire des concessions ou à adopter le profil bas en bouleversant le calendrier des rencontres ou de rendre au goût du jour leur péché mignon de décaler, par crainte de débordements populaires, sine die une rencontre.Pénaliser par un retrait de points et relégation en division inférieureAutrement dit, juste une échappatoire qui ne servira qu'à différer le mal et non pas le traiter. Ce qui s'est passé lors de cette rencontre aura autant de remakes que de solutions provisoires répondant à cette violence qui donne l'impression de s'inviter de nouveau dans les gradins et tribunes des stades. Les sanctions sportives prises par les instances nationales ont autant d'effet qu'un cautère sur une jambe de bois. Autant revoir le système de fonctionnement de la compétition et une partie de l'édifice réglementaire en envisageant de pénaliser par un retrait de points conséquent tout club dont le public transgresserait l'ensemble des valeurs qu'est censé véhiculer la pratique sportive. Le plus court chemin vers le retour à la raison étant celui qui mènerait tout club vers la rétrogradation à force d'être pénalisé par un retrait de points. Les sanctions financières n'étant pas convaincantes et deux fois plus qu'une parce que dans la réalité elles ne le sont que pour la...galerie et rarement suivies d'effet. La ligue évitant évidemment d'effaroucher des associations dont le leitmotiv quotidien est le manque de moyens...financiers notamment pour se prendre en charge. Ces dysfonctionnements en amont ne font qu'apporter de l'eau au moulin de cette espèce de Cour des miracles qui gère à la base les clubs de football d'une part et des conseils d'administration dont les membres s'auto-intronisent au mépris et de la morale, et plus grave encore, des règles de toute forme de gestion orthodoxe. La violence physique qui sévit dans les stades se nourrit à partir de celle distillée dans les communiqués sulfureux et de ces staffs administratifs, de ceux techniques, des footballeurs. Le tout étant évidemment relayé pas des médias qui font flèche de tout bois. Autrement dit autant d'acteurs présents qu'est absente une culture dans le reste des attributions des uns et des autres. Des membres de C.A. qui ont fait leurs classes dans l'affairisme, des éducateurs, passez-nous l'expression, s'évertuant plus à vouloir gagner a posteriori leur rencontre via des articles de presse ou en invitant leurs joueurs à quitter le terrain. Si ce n'est pas la faute à pas-de-chance ce sera à cause de l'arbitrage. Enfin des footballeurs quiprofitent de cette parodie grossièrement organisée pour faire illusion maiségalement des journalistes, réputés spécialisés, en général juge et partie pour ne pas dire supporter au chauvinisme exacerbé. Un bouillon de culture dont l'exutoire, chaque semaine, est l'enceinte sportive que les pouvoirs publics pour apporter leur contribution à toute la fantasmagorie évoquée, n'hésitent pas à utiliser pour atténuer les tensions sociales et surtout le mal de vivre de la jeunesse. Il n'existera jamais un jour où dans un stade algérien, les supporters de la formation locale continueront à chanter et à applaudir leur équipe même si elle est largement menée au score et quitteront le stade comme ils y sont entrés, c'est-à-dire dans la joie. Ce que tout Algérien a vu la semaine passée lors du mémorable carton infligé par Manchester-City à Arsenal (6-3) ne peut effectivement arriver qu'aux autres. C'est une attitude qui relève du civisme, de la civilité. En gros d'une Civilisation, une vraie.A. L.




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