Algérie

«Effacer des dettes sans contrepartie est inéquitable»



«Effacer des dettes sans contrepartie est inéquitable»
- Les créances non performantes des banques de la place représentaient, à fin 2010, 19,05% de l'encours des crédits bancaires. Elles ont baissé à 16,6% à fin juin 2011, selon la Banque d'Algérie (24% pour les banques publiques selon le ministre des Finances). Au premier semestre de 2013, ces créances oscillaient entre 14 et 15%, selon la Banque d'Algérie. Quel commentaire pouvez-vous en faire 'Les données disponibles publiquement ne sont pas suffisantes pour en faire une analyse suffisamment complète. Ces ratios ne sont pas publiés de façon régulière avec suffisamment de détails (les mêmes d'année en année) pour que l'on puisse tirer des conclusions sur l'évolution du ratio. Ce que l'on a sur le sujet, c'est uniquement des déclarations ou évocations épisodiques.- Les banques publiques essentiellement s'adonnaient depuis 2011 au moins aux financements des projets Ansej et Cnac, parfois sans qu'ils ne soient même pas accompagnés d'une étude d'impact et de faisabilité. Ces projets génèreraient une bonne partie des créances non performantes. Quelle lecture faites-vous 'Je ne pense pas que les financements Ansej et CNAC dont les conditions les plus contestées datent de 2011 (réduction à 1% de l'apport de l'entrepreneur, «incitations politiques» pour accorder beaucoup de prêts, etc.) soient inclus dans ces montants de créances non performantes.La raison en est simple : les nouvelles conditions de 2011 de ces financement prévoyaient qu'il y ait trois ans de grâce sur les remboursement.Ainsi comme les contrats de prêts ne prévoyaient pas de remboursement avant trois ans (c'est-à-dire pas avant 2014 au plus tôt), tous ces prêts ne sont vraisemblablement pas encore comptabilisés en créances non performantes. S'il s'avérait qu'une grande proportion de ces entrepreneurs ne soient pas capables de rembourser, cela ne commencerait à apparaître dans les comptes des banques en créances non performantes qu'après 2014.- Ces dispositifs de création d'emplois, souvent décriés et remis en cause, n'ont jamais été évalués. Aucune estimation chiffrée n'a été faite. Et pourtant, les banques semblent être prises en tenaille entre une décision politique à mettre en application et des conditions d'éligibilité aux crédits souvent mises de côté. Quelles seraient à l'avenir les conséquences d'une telle politique 'L'esprit et le principe des aides à l'entrepreneurship, c'est très bien. Il y a une série d'expériences positives de par le monde. Néanmoins, il y a des conditions de réussite de tels programmes. Généralement, on évalue de façon continue ces programmes pour en suivre l'efficacité et faire les changement et réajustements à temps, avant qu'il ne soit trop tard. Il y a aussi quelques belles réussites issues du programme de l'Ansej. Le portail internet d'emploi Emploitic qui a été créé par deux jeunes talentueux entrepreneurs avec le programme de l'Ansej est aujourd'hui une belle réussite «DOTCOM» algérienne. Elle est leader sur son marché, innove continuellement et est une des plus performantes dans la région dans son secteur.- Cette politique a induit des poursuites judiciaires contre certains mauvais payeurs, des appels à l'effacement des dettes des bénéficiaires des crédits Ansej et Cnac, la suppression des intérêts? N'est-ce pas la pire décision que pourrait prendre un gouvernement en quête de paix sociale 'Que ce soit pour l'Ansej, la Cnac, ou d'autres dispositifs, effacer des dettes sans contrepartie est inéquitable et n'aide pas à construire les entreprises de demain. Lorsqu'on efface sans contrepartie des dettes d'emprunteurs, on est inéquitable envers ceux qui ont respecté leurs engagements, payé intérêts et principal à temps.Et c'est paradoxalement ceux-là, les entrepreneurs qui feront l'économie de demain, ceux qui sont responsables, qui ont emprunté en connaissance de cause, en évaluant bien leurs risques et capacité à rembourser, qui ont été performants et surtout qui ont respecté leurs engagements. L'échec en entrepreneuriat fait partie de la vie normale d'une économie. Une partie des entreprises échouent, et le processus naturel et normal est que l'entreprise qui échoue aille en faillite.L'entrepreneur perd son investissement dans l'entreprise, les actifs sont liquidés et remis en circulation dans le marché : d'autres entreprises les rachètent. Les créanciers et banques assument éventuellement des pertes, ce qui les incite à s'améliorer dans leurs analyses et gestion du risque. Entreprendre, c'est être responsable : c'est prendre des risques en connaissance de cause et en assumer les conséquences.




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