Algérie

Education: Retour annoncé à la protestation



Les soubresauts qui ont secoué le secteur de l'éducation ces derniers temps se poursuivent et cette fois en rapport direct avec les mesures prises par le ministre de l'Education qui, tout en se prévalant d'une décision de justice notifiant l'illégalité de la grève du mois de février, a décidé de procéder à des ponctions sur les salaires des enseignants.

« Cette décision a soulevé le courroux des contestataires qui se sont retrouvés avec une paye réduite de plus de 40%», selon le chargé de communication du Cnapest (le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) que nous avons contacté hier par téléphone.

 Il nous a appris que «plusieurs wilayas du pays tiennent depuis hier leurs conseils pour un éventuel retour à la protestation ». Selon le chargé de la communication Messaoud Boudiba, joint également hier par téléphone, «les wilayas de Annaba, Boumerdès, Constantine, Bouira, Béjaïa, Mostaganem, Alger et Tlemcen tiennent leurs conseil nationaux de wilayas pour engager un mouvement de protestation après les mesures répressives qui ont touché les enseignants suite à leur grève». Pour notre interlocuteur, «le ministre est en train de bafouer les lois du travail et notamment l'instruction interministérielle du 12 mars 1991 sur les ponctions sur salaires pour les journées de grève en cas de non négociations ou de l'échec de celles-ci». Le responsable syndical ajoute: «Le texte stipule clairement que les ponctions sur salaires ne peuvent se faire que sur plusieurs mois et cela ne saurait dépasser trois (3) jours par mois, or en ce mois de février, on nous a enlevé cinq (5) jours et au mois de mars 9 jours. Avec ces ponctions, on se retrouve avec des salaires terriblement amoindris». Il ajoute que «l'option d'un retour à la protestation reste ouverte».

 Dans un communiqué que nous avons obtenu, le bureau de Béjaïa du Cnapest indique que « les PEST (professeurs de l'enseignement secondaire et technique) de Béjaïa, au-delà des revendications exprimées avec force, allant dans le sens du recouvrement des droits socioprofessionnels de l'éducateur, seul garant de la stabilité de l'école algérienne, et auxquelles ils réitèrent leur attachement indéfectible, réaffirment leur engagement pour la défense du droit constitutionnel à la grève comme moyen d'expression démocratique» Et d'enchaîner que «à l'échelle de notre wilaya, les services de la direction de l'éducation se distinguent par leur laxisme, voire leur immobilisme dans la prise en charge des problèmes posés (financiers, administratifs, revalorisation, situations difficiles de certains lycées...). A ce titre, la direction de l'éducation devrait faire montre de la même promptitude et rapidité à régler les problèmes des travailleurs que lorsqu'il s'agit de les sanctionner». Le document poursuit «au regard de cette situation hostile, le conseil de wilaya de Béjaïa, réuni le 07 avril 2010, appelle les PEST à observer une journée de grève et de protestation, suivie d'un rassemblement devant la DE, pour exiger la satisfaction des revendications relatives aux dossiers du régime indemnitaire, des Å“uvres sociales et de la médecine du travail ». Le communiqué conclut que «la date de la grève sera communiquée ultérieurement en commun accord avec d'autres syndicats».

 Par ailleurs, mercredi dernier, plusieurs syndicats à l'exemple du SNTE ont tenu une réunion en vue de discuter d'un projet de création de l'union nationale des syndicats autonomes. Pour le président du SNTE Abdelkrim Boudjennah que nous avons contacté, «l'objectif de cette union est de fédérer les syndicats autonomes autour des droits et libertés syndicales vu que nous ne sommes pas satisfaits de la situation dans laquelle se débattent les travailleurs de la fonction publique que ce soit dans l'éducation, la santé ou dans les autres corps». Il nous fait savoir que «le projet est au stade embryonnaire et qu'une réunion aura lieu la semaine prochaine pour l'élaboration des statuts et d'une plate-forme de revendications communes». Nous avons essayé d'en savoir plus mais il semble que les avis divergent sur cette union, car pour les présidents de l'Unpef et du Satef, Dziri et Sadali, ou encore pour Boudiba du Cnapest, «cette union ne nous concerne pas, nous sommes déjà dans l'intersyndicale des syndicats autonomes de la fonction publique». Les jours à venir nous renseigneront sur ce nouveau projet et sur sa finalité.




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