Algérie

Education nationale : Les dérives de la politique



La décision du ministre de l'Education de faire admettre d'office, en classe supérieure, tous les élèves recalés à l'examen de la 6ème, fait craindre que l'école ne soit dirigée, encore une fois, par ses propres cancres.

Ce n'est pas la première fois que l'école algérienne devienne l'otage de dérives politiques, dont les conséquences pourraient lui nuire tout au long de son histoire. Durant les années 70, les élèves qui étaient exclus du système éducatif, notamment à la fin du cycle moyen, avaient la possibilité d'être injectés dans les rangs de ce qui était appelé à l'époque « l'école normale » pour devenir, quelque temps plus tard, instituteurs dans le cycle d'initiation ou primaire. Résultats : l'enseignement a été parfois assuré par des personnels qui, en fait, n'avaient pas les aptitudes requises. La faute ne leur incombe guère. Elle participe d'un esprit politique dont la dérive est d'ordre pratiquement historique. En tout cas, Aboubakr Benbouzid semble en avoir été l'un des héritiers. Sa gestion de l'école n'en finit pas d'étonner. Admettre en classe supérieure des élèves qui ont échoué à leur examen de passage, ne peut être une décision saine dans la mesure où elle implique un remue-ménage dans les structures éducatives aux contraintes bien pesantes. Le plus dur est qu'elle risque de faire admettre aux têtes brunes que l'effort moral ou physique de la personne n'est pas le seul à mériter récompense. Il pourrait, dans leur esprit, ne pas en être une exigence ou même un critère. Il suffit d'une décision politique prise au nom d'un populationnisme scolaire décadent pour que les choses basculent. L'autre décision de Benbouzid non moins décadente, celle rendant obligatoire le préscolaire pour les enfants de trois ans. Alors que les sociétés modernes affirment qu'une scolarité précoce n'est pas très rentable pour l'enfant en terme de savoir, le ministre de l'Education en fait une stratégie de refonte de l'école. Au regard du manque de structures scolaires à travers le pays, du nombre important d'élèves par classe, du niveau passable d'une grande partie de l'encadrement, de l'insuffisance des moyens matériels, que ce soit l'une ou l'autre décision, elles sont toutes dénuées de bon sens.

Le secteur de l'Education n'est pas le seul à balbutier. L'on apprend par des supports de communication qu'il a été décidé de remettre un drapeau à chaque famille, ceci pour semer le sentiment de patriotisme dans les âmes qui s'en sont « égarées ». Il fut un temps où l'emblème national était sorti à toute occasion, soirée musicale, match de football et autres manifestations. Ces dernières années, il y a eu changement de couleurs. Beaucoup de jeunes brandissent, quand ils en ont l'occasion, des drapeaux de pays étrangers. Ce n'est pas parce qu'ils ne peuvent pas se procurer le drapeau national, la précision ne méritant même pas d'être apportée. Mais il faut croire que ceux qui ont lancé la campagne de distribution d'un drapeau par famille sont loin des réalités de ce pays. Ou alors, ils refusent d'admettre la gravité et la profondeur des maux qui le rongent. Les nombreux harraga qui se jettent à l'eau leur en prouvent pourtant l'existence tous les jours. Faut-il leur agiter le drapeau national pour qu'ils reviennent et acceptent de vivre sans toit et sans emploi, sous l'oeil arrogant ou corrupteur d'un agent en mal de pouvoir ? Entre le drapeau, le peuple et l'Etat, il y a l'histoire d'une confiance qui s'est effritée à chaque fois qu'il a été question de démontrer qu'en principe, le premier a été hissé pour que le second vive dans la dignité grâce à la droiture et l'abnégation du troisième. L'hymne national dans les écoles et le muezzin dans les médias lourds sont loin de permettre à un système politique défaillant de faire (re)naître le patriotisme ou le sentiment de religiosité chez un peuple qu'il a toujours fait otage de ses lubies. Erigées en instruments de gouvernance, les constantes nationales continuent en tout cas, de faire l'objet d'élucubrations politiciennes que bien des courtisans du pouvoir en place en sont capables. Appelés à propager aussi loin que possible la nécessité d'une révision de la Constitution et d'un troisième mandat présidentiel pour Bouteflika, des propagandistes, à l'image de Khaled Bounedjma ou de Tayeb El Houari, incarnent bien le système politique dans toute sa déficience.






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