Algérie

Education: Les nouveaux horaires font déjà polémique



Entre les syndicats de l'Education nationale qui sont sur le qui-vive, les enseignants mal informés sur le nouveau système de l'horaire continu et des parents d'élèves sceptiques, la nouvelle rentrée scolaire s'annonce mouvementée.

 Malgré les assurances du ministère de l'Education sur une année scolaire sans nuages, les différents acteurs du secteur de l'Education, eux, annoncent un mauvais temps qui remet sur table tous les problèmes déjà vécus l'année dernière. Un passif qui n'a pas été totalement réglé l'année dernière et qui a été, de ce fait, du moins pour le partenaire social, reconduit cette année et pour lequel les syndicats autonomes aiguisent leurs armes pour passer à l'action, à tous moments.

 A commencer par l'horaire continu qui sera appliqué, pour la première fois cette année et qui risque de faire polémique. Le nouveau dispositif ne semble pas faire l'unanimité. Les premiers à critiquer cette nouvelle mesure sont les parents d'élèves qui n'hésitent pas à exprimer leur appréhension sur le comment sera appliqué ce système et quelles seront ses conséquences sur le cursus scolaire ? Quels sont les établissements concernés et que sera servi dans les assiettes de nos enfants ? Des questions que se posent la majorité des parents et pour lesquelles aucune explication n'a été donnée. A quelques jours de la rentrée, plusieurs parents d'élèves ainsi que des élèves eux-mêmes nous ont exprimé le manque de communication sur cette question. L'inquiétude vient surtout des parents qui ont des enfants malades et qui suivent un régime. « Nous ignorons complètement comment sera organisée cette opération. Pour les enfants diabétiques qui sont sous insuline, ils ne peuvent manger qu'une demi-heure après leur piqûre. Si ce temps est consacré pour le déjeuner, à quelle heure donc pourront manger ces enfants malades ? » s'interroge cette mère de famille qui se dit pas informée du tout sur cette opération et qui exprime son inquiétude des risques d'intoxication suite à cette restauration à l'école, si les mesures d'hygiène ne sont pas respectées.

Le «oui mais» des syndicats

Pour les syndicats autonomes de l'Education, ce système a ses points positifs puisqu'il permet à l'élève de réviser ses leçons et d'avoir un après-midi libre pour faire d'autres activités de distraction mais il nécessite toutefois, un allègement des programmes adaptés aux heures de cours par semaine. C'est ce que propose le SNAPEST (Syndicat national autonome des professeurs de l'Enseignement secondaire et technique). Selon le représentant de ce syndicat, « ce nouveau système est une bonne chose pour l'ensemble des élèves des CEM, mais pour les élèves du secondaire, l'application de l'horaire continu sera difficile du fait qu'il est impossible de terminer les cours à 14h30 avec le même programme tracé. Telle que la situation se présente actuellement, avec le nouveau système, nous aurons moins d'horaire pour le même nombre de semaines pour l'année scolaire. Impossible dans ce cas de laisser sortir les élèves à 14h30. La fin des cours est arrêtée à 15h30 ou 16h30.  Des horaires plus adaptés au programme ». Même son de cloche du côté de l'Union nationale des professeurs de l'Enseignement fondamental (UNPEF). Son représentant explique que l'horaire continu est une bonne chose et devrait être accompagné d'une révision des programmes et des moyens adaptés afin d'assurer le bon déroulement de cette opération. Notre interlocuteur expose aussi le problème des enfants diabétiques des établissements mal équipés pour prendre en charge les élèves et leur assurer la restauration. Quant aux enseignants, bien que soutenant ce système, ils ne semblent pas bien informés. La majorité avec qui nous avons discuté, ignorent si leurs établissements sont concernés par les horaires continus ou pas. Ils attendaient leur rentrée, prévue hier pour le savoir. Selon une enseignante à Oran, « ce nouveau système ne peut qu'être bénéfique pour les élèves. Il est intéressant dans le sens où la relation professeurs-élèves sera plus renforcée. Les élèves vont avoir le temps de réviser, de faire leurs devoirs. Ils n'auront plus à avancer le prétexte de la fatigue et journée trop chargée pour étudier à la maison comme ils ont l'habitude de le faire. Aussi, ils auront moins de va-et-vient à faire à l'école et moins de problèmes de transport. L'après-midi sera donc libre pour faire d'autres activités de détente», comme il est déjà prévu, en fait. Cependant, concernant les détails de l'application de ce nouveau système et si les programmes seront adaptés, ce professeur de lycée dit n'avoir aucune information. « On est dans le flou et nous n'avons pas encore été informés comment sera appliqué ce nouveau système ou si notre établissement est concerné ».

Une rentrée très «attendue»

D'autre part, concernant la nouvelle rentrée scolaire, tout le monde l'appréhende. Pour les deux syndicats, SNAPEST et l'UNPEF, plusieurs dossiers sont restés en suspens l'année dernière et ils attendent que le ministère concrétise ses engagements. Le SNAPEST revient sur le régime indemnitaire et notamment sa révision, la médecine du Travail, la retraite et la gestion des Oeuvres sociales. Le syndicat, bien que soutenant le décret stipulant le transfert de la gestion des Oeuvres sociales à une commission indépendante, demande plus de transparence et de solidarité et insiste pour que la commission nationale et les commissions de wilaya soient maintenues et rejette de façon catégorique, les commissions installées dans chaque établissement. Pour faire un point de situation de toute cette nouvelle rentrée scolaire et décider des actions à entreprendre, le SNAPEST devra se réunir ces jeudi et vendredi, à deux jours du jour « j ». Il n'écarte pas de renouer avec le mouvement de protestation si les dossiers, qualifiés d'importants transmis au ministère de l'Education restent sans suite.

Quant à l‘UNPEF, il brandit carrément la menace de la grève et annonce une rentrée chaude si la tutelle campe sur les mêmes positions et ne concrétise pas les promesses déjà faites. Selon son représentant, «les enseignants attendent des réponses concrètes à leurs revendications. Nous demandons nos droits. En ce qui concerne le régime indemnitaire, nous demandons à être alignés aux autres secteurs. Un régime qui a été calculé sur le salaire de base pour les enseignants alors que pour les autres fonctionnaires, il a été calculé sur le salaire principal ». Le statut particulier est l'autre revendication de ce syndicat ainsi que la révision du classement pour les postes. Concernant les Oeuvres sociales, l'UNPEF souligne que les mêmes avantages doivent être préservés étant donné que le pouvoir d'achat est en régression et une flambée des prix inimaginable s'annonce, chaque fois sur le marché. Pour étudier toutes ces questions et des actions à mener, le conseil national de l'UNPEF se réunira après la rentrée scolaire. Une réunion décisive pour le syndicat qui menace déjà d'un mouvement de grève si la plateforme de revendications n'est pas prise en charge.




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