Algérie

Education: Les effets collatéraux des horaires continus



Plus de 20 jours après la rentrée scolaire, plusieurs établissements, notamment du primaire, fonctionnent sans emploi du temps et ce, en raison de la réduction de la durée des cours d'environ une heure. Les enseignants se retrouvent, du coup, désorientés et obligent leurs élèves à ramener avec eux toutes leurs affaires, ce qui rend inévitablement le cartable lourd à porter. Approchés, les enseignants affirment qu'il est quasi impossible d'élaborer un emploi du temps hebdomadaire qui tienne compte du volume horaire consacré à chaque matière et dont des niveaux de programmes sont fixés trimestriellement. Par conséquent, il devient nécessaire soit de grignoter sur le temps imparti pour des matières dites «secondaires», soit de sacrifier le mardi après-midi, la seule demi-journée de repos en milieu de semaine. Cependant, pour les parents, la véritable difficulté réside dans la pause entre les séances et estiment que la réduction d'une demi-heure n'est pas à l'avantage des élèves, étant donné qu'ils doivent tout faire dans la précipitation et notamment le déjeuner. «Un enfant qui habite à 500 mètres de l'établissement, à titre d'exemple, n'aura pas suffisamment de temps pour rejoindre l'école et déjeuner selon les normes, sachant que la plupart des enfants prennent un petit déjeuner très léger», estime un parent, qui ajoute que «ce système aurait réussi si de véritables cantines scolaires existaient».

A ce sujet, certains chefs d'établissement, comme c'est le cas de l'école Malek Benabi, ont demandé aux élèves de ramener avec eux de quoi manger afin d'éviter les retards. Ceci n'a pas été apprécié par les parents qui ont manifesté à maintes reprises leur colère devant l'école, estimant que cette solution n'est pas acceptable, étant donné que les élèves seront livrés à eux-mêmes durant la pause, sachant que les enseignants ne sont pas obligés de les surveiller.

Parfois, des situations pareilles ont conduit à la contestation pure et simple de la part à la fois des parents d'élèves, des élèves eux-mêmes et même les enseignants qui n'arrivent à maîtriser les nombreux problèmes qui ont surgi après l'application du nouveau système. C'est le cas au lycée Imam El Houari d'El Hamri. En effet, lundi dernier, contestant l'application, décidée à partir de lundi, de l'horaire continu par leur établissement, les élèves du lycée ont refusé d'intégrer leurs classes en signe de protestation contre cette décision prise, selon les parents d'élèves, à l'improviste.

Le mécontentement est général, puisque élèves, enseignants et parents d'élèves ont protesté durant la même journée devant l'établissement et appelé à l'annulation du nouveau système. Débuter les cours à 8 h du matin jusqu'à 15h30, avec une pause déjeuner d'une demi-heure, à condition de ramener un sandwich de la maison, serait inadmissible pour les contestataires, étant donné que l'établissement ne dispose pas encore de moyens adéquats pour la prise en charge des élèves sur le plan restauration. Une mère de famille et membre d'une association de parents d'élèves s'est dit outrée de cette situation et de cette façon de faire dans le secteur de l'éducation. «Comment expliquer, dira cette mère de famille, que presque un mois après la rentrée scolaire, on nous informe que l'établissement où sont scolarisés nos enfants a décidé de passer au système d'horaire continu. Nos enfants se sont retrouvés à trimballer d'un côté le cartable qui pèse des kilos et de l'autre le sachet de sandwich». Pour les parents d'élèves, les enfants sont déjà épuisés par la surcharge des programmes et voilà que, maintenant, ils devront faire face à un autre souci, celui des sandwichs qui doivent être prêts chaque matin. «Si une famille a quatre enfants scolarisés, combien va-t-elle dépenser rien que pour ces repas de midi ? A-t-on pensé à ces familles pauvres et à ces enfants qui ne peuvent pas ramener de sandwich ?», s'interroge cette mère de famille.

Notons, d'autre part, que ces nouveaux horaires sont quasiment impossibles dans certaines écoles fonctionnant au système de la double vacation comme c'est le cas à Bernard Ville à l'est d'Oran et dans d'autres zones de la wilaya.

Par ailleurs, la mise en application de l'horaire continu à titre pilote dans certains établissements des cycles moyen et secondaire tarde à venir et la dernière décision de la direction de l'éducation de donner libre choix aux chefs d'établissement d'opter pour ce nouveau système ou de garder l'ancien avec l'avis du corps enseignants et des responsables pédagogiques. Pour rappel, à l'annonce de cette nouveauté, 117 établissements pour un total de 71 000 élèves étaient prévus et qu'à la fin de l'année scolaire 2010-2011, une procédure administrative a été lancée pour la demande de demi-pension avec un dossier comprenant, entre autres, un relevé des émoluments annuel et mensuel des parents, une attestation de travail pour les parents activant dans le secteur de l'éducation, une attestation de non activité pour ceux dont les parents sont en chômage et un certificat de nationalité pour les élèves dont les parents sont nés à l'étranger. Toutefois, grande fut la surprise des parents qui ont été informés que seuls les élèves démunis bénéficieront de cette offre, alors que les autres devront ramener avec eux leurs déjeuners.

Toujours est-il que, mal appliqué, manque de moyens et de cantines, le système de l'horaire continu fait encore grincer des dents. Faut-il revoir ce système ou donner du temps à tous les établissements qui ont opté pour cette option de s'adapter avec des moyens adéquats mis en place ?




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