Algérie

Education Les cours de soutien, point culminant de la dérive pédagogique


? De réforme en réforme, le système éducatif algérien en est venu, tout naturellement, aux cours de soutien au profit des élèves du moyen et du secondaire. L'objectif de ces cours, selon le premier responsable du secteur qui en a fait la promotion en fin de semaine dernière, est de permettre aux classes de fin de cycle de bien préparer les examens de fin d'année. Le ministre de l'Education est formel : les cours particuliers coûtent cher aux parents, contrairement aux cours de soutien dispensés par les établissements scolaires durant les vacances d'hiver. Jusque-là, rien d'anormal si des élèves de fin de cycle préparent leurs examens (BEM, BAC) en prenant des cours particuliers. Ce qui est anormal, par contre, c'est quand le premier responsable du secteur fait la réclame de ce type de cours en dehors du système pédagogique mis en place par ce même ministère. Car, enfin, soyons sérieux : si le système pédagogique actuel est bien adapté, pourquoi imposer aux élèves des cours en période de vacances, une période durant laquelle ces mêmes élèves sont censés se reposer ? Pourquoi consacrer dans les faits, avec des primes pour les enseignants volontaires assurant ce type de cours, ce système de «rattrapage», si en même temps, on occulte le fait que le système pédagogique algérien est l'un des plus faibles au Maghreb ? C'est là, assurément une reconnaissance tacite de la faiblesse de l'enseignement algérien, avec des élèves presque «incultes», alors que les programmes scolaires ne sont jamais terminés en fin d'année. Imposer aux parents des élèves devant passer des examens c'est, quelque part, reconnaître que l'école algérienne est en passe de faillir à sa mission. Depuis le début des années 2000, pour ne prendre que cette date, combien de réformes ont été prescrites comme remède de cheval à l'école algérienne ? Le ministre le reconnaît lui-même : en 2006, 40 pour cent des 9.000 élèves qui ont suvi des cours de soutien ont réussi à décrocher le Bac. C'est là un aveu d'échec, même si pour le ministère c'est un «petit record» dans la grisaille du système éducatif algérien. Bon sang ! Pourquoi toutes ces «réformettes» pour que les élèves arrivent en bout de cursus scolaire «illettrés» et ne sachant pas où se situent les principales capitales sur une carte géographique ? Les petites révolutions dans le système éducatif national n'ont rien produit de probant depuis une vingtaine d'années, sauf le colmatage de brèches encore béantes dans le système pédagogique renouvelable à souhait au grè des humeurs. Les enfants des Algériens sont devenus des cobayes. Jusqu'à quand ? Maintenant, de réforme en réforme, ne faudrait-il pas repartir du bon pied, avec la reconnaissance des erreurs passées et faire table rase de ce volontarisme politique des uns et des autres, qui a, au passage, cannibalisé l'Education nationale ? Enfin quoi, des élèves de fin de cycle secondaire qui ne connaissent pas le plaisir de la lecture alors qu'ils doivent passer un Bac «Philo» ? Soyons sérieux, le système éducatif algérien navigue «au pif» depuis quelques années sans qu'il y ait un redressement salvateur. Bien au contraire, la situation ne fait qu'empirer, selon des parents d'élèves, d'année en année. Les cours de soutien constituent le «parfait exemple» de la dérive du système éducatif national qui voudrait, selon ses concepteurs, que les enfants fassent les «heures Sup» pour terminer leur programme annuel.
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