Education

«Aidez-nous à garantir la stabilité dans le secteur, à construire une école de réussite, une école des ambitions pour nos enfants». C'est l'appel lancé par la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, aux enseignants, aux syndicats et aux médias, un jour avant la grève annoncée pour les 10 et 11 et celle du 16 février prochains par les syndicats du secteur.La ministre de l'Education a rassuré ses partenaires sociaux, hier, lors d'une conférence de presse tenue au lycée des Mathématiques à Kouba, affirmant qu'ils auront, à partir d'aujourd'hui, les PV de réunions réclamés. Mais par rapport à la revendication principale des syndicats, à savoir la révision des statuts, Mme Benghebrit a dit refuser de le faire dans la précipitation et sous la pression. Tout en reconnaissant qu'il y a des «défaillances» dans l'actuel statut particulier, revu en 2012 après une précédente révision en 2008, la ministre a affirmé que cette révision doit se faire minutieusement. Et de préciser « qu'il y a des défaillances dans l'actuel statut parce qu'il a été conçu sous la pression vu les conditions qui prévalaient dans le secteur de l'Education en 2012 (des grèves récurrentes). La ministre a affirmé que cette révision ne pourrait se faire dans un délai inférieur à cinq années. Mais elle a tenu à souligner que certaines défaillances ne sont pas dues aux textes de l'actuel statut, mais dans l'application de ces textes. Elle affirme que certains dysfonctionnements peuvent être réglés rapidement. Elle a indiqué que la révision du statut particulier était tributaire de la stabilité du secteur de l'Education nationale et avec l'effort de l'ensemble des acteurs. Benghebrit a précisé en outre que plusieurs revendications ont été satisfaites, d'autres, telles que la valorisation des heures supplémentaires, la prime d'encadrement, la prime des intendants, connaissent un processus normal d'adoption au niveau du gouvernement. Pour ce qui est de la récupération des instituts technologiques de l'éducation, elle affirme que 10 ont été récupérés avec les promesses de récupérer rapidement le reste. La ministre a également souligné que certaines revendications émanant des syndicats autonomes sont d'ordre local et peuvent trouver des réponses localement. Elle précise que «nous sommes dans un processus d'amélioration et un processus ne veut pas dire ici, maintenant et tout de suite». Elle appelle les syndicats à faire confiance à sa personne et aux responsables du secteur : «C'est une question de temps seulement», dit-elle «et cela ne veut pas dire que je suis en train de gagner du temps», lance-t-elle, «car je n'ai aucun intérêt personnel à tirer de cette situation». Benghebrit regrette le recours systématique à la grève, rappelant qu'elle a consacré personnellement 500 heures pour le dialogue et des séances de concertation avec les syndicats.Refusant de parler sur le recours à la justice, si les syndicats persistent à aller vers la grève, Benghebrit a préféré interpeller la conscience des syndicalistes et les acteurs du secteur. Elle précise : «Il faut que tout le monde ait le sens de la responsabilité, le défi, aujourd'hui, est de travailler ensemble pour le développement de l'école algérienne, c'est une responsabilité commune». Et de poursuivre : «Car il s'agit de l'avenir et de l'état d'âme des élèves ainsi que de leurs parents; un arrêt de travail de deux jours pour un élève le démotive et le déconcentre». Et de conclure : «Ils me reprochent de parler d'état d'âme des enfants, et bien, ma faiblesse réside dans l'amour des enfants et des élèves».UN LIVRE UNIFIE PAR DOMAINE POUR LA 1E ET 2E ANNEE PRIMAIRE DES 2016La ministre a, en outre, évoqué les «ajustements», voire la révision des programmes, à commencer par ceux de la première et la deuxième année primaire ainsi que pour la première année moyenne. Elle affirme que le travail est déjà engagé pour produire de nouveaux livres. «Les cahiers des charges sont déjà prêts et l'ONPS lancera des appels d'offres, dès mars prochain. Les élèves auront des livres nouveaux à la rentrée scolaire de 2016, a-t-elle indiqué. Une des nouveautés consiste dans l'unification des livres par domaine. Benghebrit explique que les élèves auront un livre de sciences et mathématiques et un autre livre comprenant toutes les matières en relation avec la langue arabe. Les élèves de la 1e et 2e année du primaire auront seulement deux livres, de quoi alléger le cartable et se débarrasser de certaines leçons redondantes qui n'apportent aucun plus à l'élève. L'autre nouveauté, c'est l'introduction des auteurs algériens dans ces nouveaux programmes. Sachant que les auteurs sont actuellement peu présents dans les programmes des trois paliers, ça ne dépasse pas les 2%. L'introduction de textes appartenant à des auteurs algériens concernera les trois langues, arabe, amazigh et français.La ministre a également évoqué la généralisation du préscolaire à l'horizon 2018, pour lutter contre les inégalités, en indiquant qu'il est à 80% dans certaines wilayas et ne dépasse pas les 15% dans d'autres.Concernant le projet de prise en compte de la fiche de synthèse pour les candidats au baccalauréat, la ministre a reconnu qu'il y a eu un recul par rapport à cette question, affirmant que «nous avons reculé pour ne pas créer des problèmes supplémentaires parce que la mise en ?uvre de cette fiche de contrôle aurait supposé des explications et sensibilisations plus importantes au préalable». Ce projet sera tranché, selon la ministre, lors de l'évaluation annuelle du secondaire prévue au mois de juillet prochain. Cela veut dire qu'il ne sera pas appliqué lors du baccalauréat de cette année.