L?idée d?une union méditerranéenne a ceci de particulièrement remarquable de paraître déjà estropiée de l?Europe par comparaison au projet euroméditerranéen. L?idée est française et Nicolas Sarkozy a déjà montré le choix stratégique de son pays pour cette région géographique. Une diplomatie de la géométrie prend forme de plus en plus et s?aiguise à la faveur de la mondialisation. La planète semble ainsi empêtrée dans une guerre de position géostratégique avec tout ce que cela suppose et implique comme influence politique, dividendes économiques et sécurisation des risques dont les plus visibles sont le terrorisme, l?émigration clandestine et autres sous-produits de la globalisation. Les Etats-Unis, dont la diplomatie alterne souvent avec la guerre et ses formes secrètes qui visent le chantage ou la contrainte, ont-ils poussé les pays d?Europe à concevoir de nouveaux plans d?attaque pour préserver leurs intérêts notamment dans les pays du Maghreb ? Une espèce de diplomatie " concentrique " semble se dresser comme paravent à celle américaine plutôt " axiale " qui a entrepris de façonner le Moyen-Orient dans la violence même. Mais l?idée de construire une union méditerranéenne n?est non plus pas aussi facile à formuler qu?à faire. L?asymétrie existante entre les deux rives du sud et du nord est d?un poids telle que l?entreprise en question ne manquerait pas de soulever toutes sortes d?arrière-pensées parmi nos pays du sud. L?union n?engage a priori que les forces en son sein. Et les faiblesses ? De celles-ci on semble en effet ne pas en tenir compte puisque l?on suggère déjà que l?union serait d?autant plus souple que, pour éviter des frictions, elle pourrait s?établir par projet qui susciterait l?adhésion suivant le principe de " la géométrie variable ". En voilà un concept qui, selon toute apparence, contient déjà la faiblesse de privilégier la forme sur le fond. Ensuite, la dénomination de l?union méditerranéenne évoque en elle-même l?Union européenne qui s?est construite autour de la valeur d?acquis communautaire. Et quelles seraient ces valeurs pour le projet de Sarkozy ? Energétiques, marchandes, commerciales, de voisinage plutôt de proximité? ? Cette idée de projet est-elle une entreprise de renforcement des marchés ou de démocratisation des régimes du sud ? L?Algérie, c?est connu, a refusé la politique européenne de voisinage, critiqué la faiblesse des résultats du processus de Barcelone, et vient tout juste de se montrer favorable à ce projet pour autant que ce dernier soit capable de réengager les espoirs de coopération. Inflation des initiatives européennes et attentisme de la part des pays du sud. L?ébauche s?est-elle muée en projet ?
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Posté Le : 12/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Benyahia
Source : www.elwatan.com