Algérie

Edition. résumé dans un ouvrage : Le destin fabuleux des femmes de l'Ouest



«Femmes de l'Ouest, un destin fabuleux» est le titre d'un ouvrage consacré entièrement à des figures féminines emblématiques qui ont un lien avec Oran ou plus généralement avec la région ouest du pays.L'ouvrage est donc dédié à «toutes ces Algériennes, qu'elles soient nées qu'elles aient grandi ou séjourné dans la ville, la région et dont l'?uvre avérée, reconnue, devra être sauvegardée pour les générations futures.» L'initiative revient à Fadela Sahri, artiste peintre et Rabiaa Moussaoui, écrivaine.
La première, native d'Oran, en plus de sa peinture, a également écrit des contes pour enfant et en a illustré plusieurs pour le compte d'autres auteurs ou associations. Elle a également collaboré avec des périodiques pour réaliser des portraits graphiques. La seconde, originaire de l'ouest du pays, a passé une partie de son enfance à Sadi El Houari.
Après une carrière consacrée à l'enseignement du français, elle se met à l'écriture et publie plusieurs ouvrages, certains en rapport avec son métier de pédagogue et d'autres avec la littérature, roman ou poésie.
Le parcours de Rabiaa Mousaoui est particulièrement riche, car elle a eu à occuper la fonction de directrice de la culture à Oran et, à ce titre, elle a eu à assumer la charge de commissaire du Festival d'Oran du film arabe (FOFA) durant trois années consécutives et celui de commissaire du festival de la chanson oranaise dès sa création en 2008. L'ouvrage dont il est question ici n'a pas la prétention d'être exhaustif et les auteures s'en excusent d'emblée pour les oublis, mais il présente un très large éventail de portraits de femmes couvrant des domaines divers et avec un souci apparent de ne surtout pas faire dans l'exclusion et c'est sans doute aussi l'un des traits de caractère des auteures.
C'est Aziza, l'épouse d'un prince héritier du trône des Tachefine de la dynastie des Almoravides qui ouvre cet ouvrage. La mort tragique des deux époux survenu au XIIe siècle (vers 1144) a survécu depuis sous forme de légende, celui du «saut du cheval», quelque part entre les hauteurs du Murdjadjo et la rade de Mers El Kebir. Lalla Badra, épouse du bey (Hassan Benmoussa) est restée dans l'histoire pour avoir intercédé en faveur de Hadj Mehieddine et son fils Abdelkader, les sauvant d'une mort certaine en obtenant de son mari la promesse qu'ils soient juste internés et, plus tard, qu'ils soient libérés.
La légende concerne surtout Laalia dont une falaise d'El Ançor porte jusqu'à aujourd'hui le nom. Un exemple de courage et surtout de fidélité en amour pour un époux mort au combat. El caïda Hlima pour Hlima Ziani Benyoucef (1859-1944), Belgaïd Kheïra dite bent Bendaoud (1911-1961) ou Setti Ould Kadi (1904-1965) sont des femmes dont l'histoire garde des traces tangibles et sont toutes les trois connues pour leurs actions de bienfaisance, notamment la seconde qui a eu à se déplacer elle-même à l'Est du pays pour recueillir et faire venir des orphelins du massacre du 8 mai 1945.
Ces exemples sont insérés à titre introductif, car le livre regorge d'autres portraits de femmes contemporaines, qu'elles aient été militantes nationalistes durant la guerre d'indépendance, militantes pour le droits des femmes après l'indépendance du pays ou ayant brillé dans divers domaines d'activité, toutes regroupées dans des rubriques.
Dans celle consacrée à la littérature incluant le journalisme, les auteures intègrent beaucoup de femmes d'origine européenne, mais surtout et c'est particulièrement intéressant, une poétesse populaire de la tradition orale Kheïra Sebsadjia dont l'?uvre a été heureusement sauvée de l'oubli par des chercheurs universitaires. Hormis la rubrique «Femmes politiques», une autre s'intéresse au monde de l'entreprise pour mettre en valeur les femmes qui ont pris des initiatives en faveur de l'entreprenariat féminin à l'instar de Nadjat Belbachir, membre fondatrice de l'association SEVE durant les années 1990.
Les artistes peintres sont aussi nombreuses que les comédiennes de théâtre, du petit écran ou du cinéma, y compris les réalisatrices. Le tragique destin de Menad El Hadja de la troupe théâtrale el Mouja de Mostaganem, victime de l'intolérance, est restitué pour la mémoire et c'est tout l'intérêt de cet ouvrage qui ne se limite pas aux femmes du devant de la scène.
La musique n'est pas en reste avec des talents d'hier et d'aujourd'hui. Le sport également. En rappelant le combat épique, dans le domaine de la natation de Affane Zaza qui, dans la seconde moitié des années 1970 a su, toute seule, tenir tête aux nageuses égyptiennes et tunisiennes qui dominaient la discipline en Afrique.
Moins connue est sans doute Blalta Kheira native d'El Hamri qui a été championne cycliste durant la période coloniale. Un cas unique et cette femme a utilisé sa notoriété pour contribuer à la lutte pour la libération du pays. La dernière partie du livre est consacrée aux militantes du mouvement national en intégrant, là aussi, les femmes d'origine européenne. Hormis des passages sur les bijoux, le costume traditionnel oranais ou les rituels féminins tels que le bain, des poèmes, notamment ceux de Rabiaa Moussaoui, agrémentent les 350 pages de ce livre.
Dans celui intitulé, Tant qu'il y aura des femmes, le monde aura une âme, elle écrit : «Elles sont sortis criant leur holà / elles ont clamé leur point de vue/Elles ont défendu leurs droits dont elles ont été dépourvues/ elles ont manifesté pour une plus juste cause/Auprès des démunis, d'opprimés ou pour bien d'autres choses (?) »
Pour le reste, on peut néanmoins excuser certaines coquilles (au sens large), parfois apparentes, parfois non, mais qui se sont introduites, sans doute par erreur, dans cet ouvrage qui vient d'être édité par l'ENAG.


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