Algérie

Ecrans pour tous Hors caméra



Ecrans pour tous Hors caméra
La culture s'apparente par bien des aspects à la...fiscalité. Trop d'impôts tue l'impôt, dit on. Trop de culture risque aussi de lasser le grand public, qui manquera d'enthousiasme vis-à-vis d''uvres qui semblent s'adresser davantage à l'élite qu'à lui. La force et la faiblesse du cinéma d'expression amazighe est d'avoir, dès ses premiers pas, placé la barre trop haut. « La colline oubliée », « Adrar Nbaya » (La montagne de Baya), par le seul fait de l'usage d'une langue jusque-là minorée, ont suscité l'enthousiasme. C'était aussi des 'uvres de qualité. Mais on ne peut prétendre qu'ils eurent l'impact de « L'opium et le bâton », voire de « Les vacances de l'inspecteur Tahar ». Au passage, « La colline oubliée » s'est perdue. On en parle désormais comme de l'arlésienne. Il n'a pas eu de sortie en Algérie et même dans le cadre du festival où les autres 'uvres de Bouguermouh sont projetées à l'exception de la plus connue. Comme la colline, le film est-il oublié ' Le public a aussi besoin de films, d'images où se reflètent son quotidien avec ses amertumes et ses rêves d'aujourd'hui. La société, les familles qui vivent des mutations profondes ne sont pas seulement tournées vers le passé. Happer les derniers mots, fixer pour l'éternité la gestuelle des populations, les traditions menacées par la modernité, sont nécessaires, voire urgents. Adapter les 'uvres de nos écrivains est nécessaire et méritoire. Faut-il s'en contenter ' Le film amazigh doit également faire rire, montrer des jeunes de nos jours qui s'aiment et se déchirent. La poésie des amours de Menache et Aazi dans « La colline oubliée » paraîtraient presque anachroniques pour la nouvelle génération. La société vit aussi à l'heure des départs massifs en exil, vers des pays lointains, subit les effets néfastes du terrorisme, de la drogue et voit débarquer dans les villages des vieilles aux yeux bleus. La Kabylie ne doit plus se réduire à la fontaine, aux aspects folkloriques, car la parabole, les études, le travail des femmes et l'argent ont modifié les comportements. Une sorte de néo réalisme s'avère indispensable pour dire son temps. La réussite du travail de Samir Ait Belkacem qui adapte les grands succès internationaux destinés aux enfants ne s'explique pas autrement. La salle où fut projetée lundi après midi « Kiki, le Viking 2 » s'est avérée exiguë pour contenir le flot de spectateurs de tous âges. Des vieux se sont fait accompagner de leurs petits-enfants pour partager un moment de joie. Les uns ont dû retrouver des héros qui parlent de leur âge, d'un univers où ils ne sentent pas dépaysés. D'autres ont apprécié des dialogues qui prouvent avec éclat que la langue amazighe peut tout dire. C'est dans la recherche de cet équilibre entre le souci d'authenticité et l'attachement aux réalités actuelles que ce cinéma, en quête de repères, peut se frayer une voie salutaire. R. Hammoudi


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