écran Total : Combien tu m'aimes ' de Fatma Zohra Zamoum

Sans dire que le public lui a unanimement attribué la standing-ovation, on peut néanmoins considérer que ce long métrage de 98 minutes n’a pas manqué de faire son petit effet sur le parterre de cinéphiles qui étaient venus le visionner. Il s’agit d’une fresque, joliment peinte, d’une famille algéroise, tenaillée par des déchirures en tous genres, notamment sentimentaux, mais encore par l’émergence de mœurs nouvelles et par le basculement des mentalités qui créent, de facto, des conflits générationnels. Adel, petit garçon d’une dizaine d’années, se retrouve cloîtré dans l’habitation de ses grands-parents paternels, pendant que son père et sa mère sont sur le point de divorcer. Pendant cette période douloureuse, il devra s’accommoder du nouveau train de vie, plutôt «vieillot», qui s’offre à lui, et cela au détriment de sa bonne humeur. Toutefois, de ce nouveau ménage dont il ne veut guère, finira par naître, doucement mais sûrement, une complicité réelle entre le bambin et Khadidja, sa grand-mère, devenue pour la circonstance, «une grand-mère poule» : plutôt que de le gronder à chacune des bêtises, elle essayera de comprendre son agissement et d’y remédier autant que faire se peut. Sans aller jusqu’à faire les quatre cents coups ensemble, ces nouveaux compères, dont l’âge est aux antipodes l’un de l’autre, s’adonneront à une existence joyeuse, complice et teintée de clandestinité : Khadidja, dont le mari est autoritaire, n’a jamais mis les pieds dans une salle de cinéma.Ça sera du haut de ses soixante-dix ans et sous l’insistance de son petit-fils qu’elle se décidera, pour la première fois, à franchir le seuil d’une salle obscure, et cela alors que son mari n’y a vu que du feu. C’est justement au sortir de cette salle qu’elle croisera sa jeune voisine, accompagnée de son petit copain. Les deux voisines se «surprendront» mutuellement, et de là la complicité prédominante entre la grand-mère et le petit-fils s’étendra à cette nouvelle arrivante, qui rentrera dans le moule de leur succulente clandestinité : elle ira tous les soirs chez eux y prodiguer des cours particuliers au jeune garçon et cela, tandis que son amoureux se rendra en cette même demeure, «officiellement», pour tapisser les murs de la chambre d’Adel. Cette combine, joliment ficelée par Khadidja, fera de la maison du très autoritaire grand-père, non rien qu’un lieu de rendez-vous entre les deux tourtereaux…