Algérie

Ecran total



Entre le 1er mai ' Journée des travailleurs ' et le 3 mai ' Journée de la liberté de la presse ' il y a le 2 mai qui s'insère insidieusement dans les marges de l'histoire. Que représente le 2 mai ' Rien, ou juste 24 heures de bonheur pendant lesquelles le régime nage gaiement dans ses certitudes en attendant l'ouverture de la plage de Club des Pins. Cette certitude engagée d'avoir raison sur son propre calendrier et sur sa résistance aux revendications populaires là où, au milieu de célébrations mondiales, l'Algérie fait semblant de fêter le droit au travail en réprimant les syndicats libres le reste de l'année et feint de fêter la liberté d'expression en verrouillant l'accès à l'information tout le reste du temps.Ces deux problèmes sont évidemment liés ; d'un côté les travailleurs qui revendiquent un réel pouvoir d'achat dans un pays si financièrement démesuré, où une amende pour stationnement interdit équivaut à ne pas nourrir ses enfants pendant une semaine ; de l'autre, les journalistes dont la moitié sont de petits soldats consentants mais sur l'autre moitié pèsent les menaces d'emprisonnement suite à une simple attaque en diffamation d'un planton de daïra à Boughezoul. Bien sûr, tout le monde a appris récemment que 3 millions de travailleurs vont être augmentés et c'est dans ce gros bouton très laid planté au milieu du paysage médiatique national, l'ENTV, que le régime choisira de faire passer ses messages. M. Mihoubi, secrétaire d'Etat à la Communication, va sûrement annoncer des avancées en termes de liberté d'expression, comme celle d'avoir lancé des dizaines de télévisions thématiques étatiques, clones sans gloire de l'unique ENTV. Comment parler de liberté d'expression à travers une fenêtre soviétique qui méprise la liberté d'expression ' Seule l'ENTV peut le faire. Le régime a peur et sa télévision n'est qu'un frisson de terreur.


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