Algérie

Ecran de fumée



Ecran de fumée
La foule! De nombreux partis, le nombre exact reste encore indéterminé, vont se lancer à la conquête de sièges à la future Assemblée populaire nationale. Il est fort probable que l'on va assister à une foire d'empoigne où des apprentis politiciens vont tenter d'arracher le «singulier» ticket de «député». A l'aube du multipartisme en Algérie, alors que son parti, le FIS dissous, était en pleine ascension, Abassi Madani n'avait pas hésité à brocarder ses outsiders les qualifiant de «sanafir» (terme pouvant aller du gouailleur et mielleux «petit», dans le meilleur des cas, au péjoratif et négatif nabot). Toute chose égale par ailleurs, peut-on dire que celles-ci ont évolué depuis' Peu, très peu en vérité, même si aujourd'hui il n'y a plus autant de partis que l'on a pu en comptabiliser en 1990 quand leur nombre avoisinait la centaine. Peu de ces partis ont survécu en 2012 et ceux qui ont résisté à la pratique politique vivotent, resurgissant miraculeusement au détour d'un scrutin, notamment le plus couru, celui des législatives. Dans ce tohu-bohu, si le chacun-pour-soi est de rigueur, certains essaient, néanmoins, de réunir leurs forces dans des alliances souvent à géométrie variable - telle «l'alliance verte» islamiste - intitulée «coalition politique». Or, un tel montage politique a ses règles et est précédé de négociations qui déterminent les parts de chaque parti en fonction de son poids électoral, du nombre de ses députés (éventuellement), de son programme politique et des points communs qu'ils défendent notamment. D'ailleurs, comment peut-on concevoir une alliance politique si programmes et projets de société sont aux antipodes les uns des autres' Ainsi eu égard au nombre de partis islamistes, on imagine que chaque leader islamiste a sa propre idée sur le «projet de société» islamiste. D'où le fait que pour nombre de politiciens algériens, ce qui importe n'est donc pas d'avoir une conviction politique formatée par un programme, mais d'être présents sur le terrain politique et, singulièrement, tenter de prendre le bon «wagon» qui pourrait mener loin. Aussi, nombreux sont les «politiciens» qui n'ont de politique que le nom. Dit autrement, la seule préoccupation de ces «politiciens» est somme toute d'avoir leur part du gâteau «Algérie» et pour cela, sont prêts à toutes les compromissions. Ce qui donna d'ailleurs lieu, lors de précédentes élections, à des alliances politiques contre nature entre des partis qui n'avaient ni programmes ni visions politiques particulières pour l'Algérie. Quant aux leaders de ces partis, nombre d'entre eux se sont signalés par leur propension à jouer aux petits chefs. On pouvait imaginer que dans le désordre et la confusion prévalant ces dernières années, les islamistes avaient la partie belle, qui, sûrs d'eux - disposant d'un programme et d'un projet de société - ont ratissé large, imposant leur vision des choses à tous et s'imposant à des Algériens fatigués par le cirque qu'était devenu le champ politique national. Qu'en est-il aujourd'hui' Quelle est la force véritable des islamistes, divisés à l'extrême et où aucun leader n'émerge réellement' Des nationalistes, vivant sur un héritage appartenant à la nation, corrompant les valeurs d'engagement et perdant de vue le pourquoi de leur mission. Des démocrates, laminés par la vague islamiste, qui ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, n'ont pas su avoir le sursaut salvateur pour mobiliser cette importante frange d'indécis. Aussi, en l'absence d'une véritable culture politique et du fait d'une méconnaissance anormale des mécanismes et des valeurs qui s'attachent au fait politique, nombreux sont ceux qui ont fait de leur «parti» le tremplin de l'envol vers leur destin. En réalité, le champ politique national a été, au lendemain même de l'ouverture politique, bâti sur un vaste malentendu dont la conséquence a été le fait que le premier venu pouvait se donner le qualificatif de «leader» politique, ouvrant une brèche aux opportunistes et arrivistes de tout acabit qui ont su tirer avantage de ces écrans de fumée dits «partis politiques». Vous avez dit sanafir'


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