Ecoutons ces voix de femmes... Halima Hamdane au festival du conte et du récit

Intelligence, talent, révolte, cran, ironie, tendresse, sensibilité, humour... Tout cela, et plus encore, c'est Halima Hamdane.
C'est d'abord une présence, une élégance naturelle, une voix mélodieuse, inlassable qui narre les femmes, leurs souffrances, leurs vies. En plus d'être romancière, elle se découvre, fortuitement, le don de conter et d'évoluer avec une rare aisance sur scène. Elle joue du corps, de la voix, des mots, pour donner le ton aux femmes, celles de son pays, du Maghreb, et d'autres.
Elle se fait le «porte-parole de toutes celles qui n'ont pas de voix, avec des mots justes et forts», dit-elle. Elle a été invitée dans le cadre du 4ème festival du conte et du récit, en cours du 6 au 15 avril. Son roman, «Laissez-moi parler !» raconte l'histoire vraie d'une femme noire, Dada Yitto, qui a été esclave dans une famille marocaine, que l'auteure, franco-marocaine, avait connue et aimée. «Mais pendant l'écriture d'autres voix de femmes, qui évoluaient autour d'elle, se sont imposées à moi et j'ai dû les intégrer au fur et à mesure», explique l'écrivaine. C'est à partir de ce fameux roman (2006, Editions Le Grand souffle), qu'est né son spectacle éponyme, qui a subjugué le public jeudi dernier au TRC.
Son aplomb, son verbe somptueux, parfois agrémenté de délicieuses expressions du terroir, a sûrement étonné, voire agacé beaucoup parmi la gent masculine, mais au final, tout le monde lui a fait une ovation. Continuant sur sa lancée, Halima Hamdane récidive avec un autre roman «Le Chaos de la Liberté», publié aux mêmes Editions en 2012, préfacé par le grand J.M. le Clézio (prix Nobel).
Celui-ci relate l'histoire d'une femme scolarisée, éduquée entre deux langues -l'arabe et le français-, entre deux cultures, deux univers, et surtout confrontée à une société imbue de ses tabous, qui choisit finalement de vivre en France. Ce qui va dans le sens de son idéal de dignité et de liberté. Ce livre, elle en a fait la présentation mercredi dernier à l'institut culturel français (IFC), où elle a également livré une conférence qui a suscité un débat aussi houleux qu'intéressant sur la tradition, la religion, le concept d'émancipation de la femme et ses origines, sur la langue et sur l'histoire, très différente du Maroc et de l'Algérie.