Algérie

Economie nationale: Vers la constitution d'une banque de données d'ici à 2011



L'intérêt stratégique accordé à l'information économique, peu de temps avant le dernier remaniement du gouvernement, commence à se matérialiser. Mieux vaut tard que jamais, voilà que s'installe le Comité national du recensement économique 2011. Installé, hier, par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Dahou Ould Kablia, ce comité aura «à enquêter sur l'ensemble des entités toutes activités et secteurs confondus hors agriculture». Sa mise en place s'est déroulée en présence notamment du ministre de la Prospective et des Statistiques, Abdelhamid Temmar, du secrétaire d'Etat, chargé de la Statistique, Ali Boukrami, ainsi que du directeur général de l'Office national des statistiques (ONS), Mounir Khaled Berrah.

 Dans un discours d'installation, M. Ould Kablia a indiqué que ce comité, ainsi que ses démembrements régionaux et locaux, créés par le gouvernement à l'initiative de l'ONS, «vont avoir le grand privilège et la lourde tâche de préparer, recruter, animer, répertorier, suivre et contrôler l'ensemble des opérations liées au recueil et à l'enregistrement des données statistiques fiables des entreprises et établissements économiques». »L'enjeu consiste à établir une banque dynamique de données de tous les paramètres et indicateurs de notre économie tant dans sa structure physique, ses moyens humains, financiers et matériels que dans le fonctionnement et le savoir-faire des entités, toutes activités confondues, qui composent notre patrimoine», a expliqué M. Ould Kablia. On se souvient des polémiques générées par les réserves émises dans des rapports économiques du Conseil national économique et social (CNES), au sujet de la fiabilité des données mises à sa disposition.

 A d'autres niveaux, on n'a pas accordé l'intérêt qu'il convient à l'information économique. Le patronat privé, réputé «autonome», ne s'y est pas intéressé. Mieux, il a navigué à vue. On se souvient de la fameuse campagne «consommer national» lancée par le Forum des chefs d'entreprises, il y a quelques années. Elle était censée promouvoir la production nationale, tous secteurs confondus. Son talon d'Achille: personne n'a été en mesure de quantifier et de rendre visible cette production nationale. Si l'on n'identifie pas cette production nationale, comment les Algériens pourraient-ils la privilégier, par patriotisme, par rapport aux marchandises d'importation ?

Restituer les nouvelles réalités économiques

Aujourd'hui, après une série de chamboulements depuis la fameuse restructuration des entreprises publiques économiques de Abdelhamid Brahimi (début 1980) - qui avait atomisé le secteur public - aux sociétés de gestion et de participation (SGP) d'Abdelhamid Temmar, l'Algérien lambda n'arrive plus à distinguer ce qui est produit par le secteur public de ce qu'il ne l'est pas. SNIC, ENAD… on ne sait plus ce qui existe encore ou pas, et les nouveaux acronymes sont méconnus. Du reste, on peut se demander pourquoi les SGP et avant eux les holdings n'ont pas contribué à rendre visible la réalité du secteur public économique. Les données sur ce secteur ainsi que le secteur privé existent mais elles sont éparses et peu actualisées. Cela n'a pas empêché la publication d'annuaires de tous types, avec des insertions payantes, pour combler ce vide, mais sans parvenir à restituer de façon vraiment fiable les nouvelles réalités économiques algériennes.

 Aujourd'hui, l'Algérie entame la mise en Å“uvre d'un nouveau plan quinquennal qui est caractérisé par la poursuite d'un programme d'investissement dans les infrastructures. Dans la dynamique qu'il devrait susciter, la disponibilité des données économiques sera indispensable. Pour le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Ould Kablia «cette connaissance est indispensable aujourd'hui pour infléchir tout investissement dans le sens des orientations du président de la République qui visent à donner la vitalité à notre économie par le développement de notre production et la création de richesses durables et d'emplois pérennes». Il a précisé que «toute vision prospective, tout schéma directeur se déclineront à l'avenir, à partir du travail qui sera engrangé par les équipes qui vont être mises en place graduellement à partir de cette première réunion».

 De son côté, M. Temmar a indiqué que la stratégie de croissance, engagée par le gouvernement, «a besoin d'une assise de connaissance totale et complète de notre économie». Les résultats du recensement vont «nous permettre de développer un certain nombre d'instruments de gestion macro-économiques qui manquent cruellement à la nation», a dit le ministre en charge désormais de la Prospective et des Statistiques.

L'ONS en pointe

Outre le lancement des travaux du Comité national du recensement économique, l'Office national des statistiques (ONS) a prévu, par ailleurs, d'engager, cette année, une enquête sur les ménages et leur mode de consommation. Quant au recensement économique, on rappellera qu'il a été fixé par un décret daté du 28 avril dernier. Parmi les objectifs qui lui sont fixés, outre ce qu'a mentionné M. Ould Kablia, il doit assurer le recueil et l'exploitation de données statistiques relatives à l'activité économique, des opérateurs du secteur privé, des PME, à l'exécution des contrats, des marchés et des accords-cadres. Les travaux qui débuteront à une date qui reste à fixer seront coordonnés par le Comité national, composé des représentants des ministères de l'Intérieur, de la Défense, des Finances, du Commerce, de l'Aménagement du territoire, de l'Energie, des Travaux publics, et l'Agriculture. Le secrétariat du comité national est assuré par le directeur général de l'Office national des statistiques. On note que l'ONS revient en pointe. Cette institution jadis incontournable a eu durant plus d'une décennie un rôle relativement effacé. Elle était passée par une valse de directeurs généraux. En lui confiant ce travail de recensement national économique, tout porte à croire que l'ONS sera l'institution pivot du ministère de la Prospective et des Statistiques, et donc de l'action gouvernementale.




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