Algérie

Economie de la connaissance: Le renouveau agricole en question



Les assises nationales sur l'économie de la connaissance ont permis de rappeler que la première grande expérience en la matière a été le Renouveau agricole et rural dont les prémices ont commencé à germer en 2002 au niveau du ministère de tutelle de l'époque.Le rappel de la politique du Renouveau agricole et rural (PRAR) a été fait au cours d'une visioconférence organisée dans l'après-midi du lundi, premier jour des assises en question tenues au CIC Abdelatif Rahal. C'est le professeur Abdelkader Djeflat qui, à partir de Lille (France) où il est enseignant universitaire, qui l'a évoquée en notant qu'elle est la première grande expérience algérienne qui s'est appuyée sur l'économie du savoir et de la connaissance. Expérience du ministère délégué au Développement rural qui en avait lancé l'idée à l'initiative de son ministre d'alors, le Dr Rachid Benaïssa, avec l'aide de l'ensemble de son personnel qui ne dépassait pas la dizaine de personnes. 2004 a été aussi l'année où le CNES (Conseil national économique et social) présidé par Mohamed-Seghir Babes avait planché sur la problématique de l'économie fondée sur la connaissance et en a été le réceptacle de travaux d'experts en la matière. En 2006, le Pr Djeflat, cet ancien enseignant d'économie à l'université d'Oran, expert international et auteur de plusieurs ouvrages, l'avait, lui, proposée à débat lors d'une conférence nationale organisée à Mostaganem. Le 5 janvier dernier, il en a en outre parlé dans une vidéoconférence à laquelle a participé le Dr Benaïssa. L'ancien ministre de l'Agriculture a alors exposé «l'économie du savoir dans le secteur rural et agricole en Algérie. Il a ainsi disséqué la PRAR ou «comment utiliser l'économie fondée sur la connaissance pour construire les outils privilégiés de mise en ?uvre d'une politique nationale de développement rural durable '». Il est remonté dans le temps, 1992, pour en rappeler le contexte: «Face à une situation complexe, diversifiée, inquiétante et sans perspectives claires dans un contexte en mutation, quel type de politique ' Quelles perspectives et quel chemin prendre '». Approuvé par Djeflat, Benaïssa avait exposé trois scénarii pour répondre à la question. Le 1er «tendanciel ou la reconduction du statu quo: les territoires ruraux ne sont pas pris en compte à la hauteur des enjeux qu'ils comportent (...), progressivement, les populations, principalement les jeunes, sont désabusées, les espaces se dévitalisent, car dans les faits marginalisés, considérés comme subsidiaires et donc abandonnés, avec comme conséquence une paysannerie fragilisée, des populations paupérisées se considérant comme exclues de toutes dynamiques de progrès et de développement(...)».
1992, les prémices d'une politique fondée sur la connaissance
2ème scénario «reprendre les considérations du scénario 1 mais en les amplifiant et en se contentant de criminaliser et de dénoncer le passé dans un langage nihiliste et d'impuissance : les interdépendances entre le monde urbain et le monde rural sont définitivement cassées, les incompréhensions s'installent(...) : l'explosion démographique, la faiblesse de la production agricole et de son industrialisation et valorisation, la surexploitation des ressources naturelles, la menace de conflit sur l'eau, l'extension de la pauvreté et du chômage, la sclérose économique.... L'ex-ministre avait ajouté que «les troubles politiques et la montée des intégrismes, des intolérances et des troubles ne sont pas à exclure». 3ème scénario pour lequel il avait opté pour le secteur «celui de la prise de conscience partagée et des actions cohérentes et renouvelées». C'est le Renouveau. Il en a expliqué l'architecture : «Un cadre logique est tracé, un plan stratégique de développement durable est engagé, la diversité des activités est encouragée, la cohésion sociale est renforcée, la mutualisation des efforts, des moyens, les partenariats et les espaces de concertation, de négociations et de participation sont institutionnalisés, le tout mis en mouvement grâce à «la construction d'une économie fondée sur la connaissance, les savoirs, l'innovation, l'accumulation et la valorisation des acquis positifs». Et aussi, avait-il noté, «le respect à toutes les échelles d'intervention du concept du développement (rural) durable». Le cadre logique sur lequel s'est appuyé le Renouveau a été activé à travers «un appel pressant à la mobilisation, à la compréhension, aux savoirs, à la connaissance, à l'utilisation des TIC et à l'innovation à tous les domaines et niveaux (central, intermédiaire, local et sublocal...)», ceci, pour accéder au «renouvellement, motivation, transparence, efficacité, responsabilité, visibilité, modernité, interactions sociales, générationnelles et sectorielles...». Benaïssa avait précisé que la politique du Renouveau rural et agricole devait s'adresser, concerner et associer les «populations rurales, exploitants agricoles, organisations mutualistes et de la profession, opérateurs économiques en amont et en aval de la production, communes rurales, administrations, services publics et privés d'appui technique et financier du secteur». L'obligation de «se renouveler pour assurer durablement la sécurité alimentaire des ménages et un développement humain équilibré, sans exclusion, ni marginalisation, dans des territoires ruraux revitalisés».
Le Renouveau agricole et rural, une expérience à méditer
Les objectifs fixés à cette dynamique : «une autre manière de gouverner le secteur agricole et rural, une croissance économique internalisée, soutenue et durable en milieu rural, une élaboration et une efficacité accrue des outils et instruments de gestion publique». Le processus de mise en ?uvre de la PRAR avait atteint son apogée entre 2009-2012. Benaïssa et son équipe avaient initié à cet effet, «10 outils innovants du Renouveau» avec en sus «l'élaboration de lois et textes d'application de cadrage et de sécurisation, la promulgation le 3 août 2003 de la première loi d'orientation agricole (08-16), et la loi 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et modalités d'exploitations des terres agricoles du domaine privé de l'Etat». Au-delà des nombreuses performances réalisées, la PRAR avait permis au secteur de l'Agriculture d'atteindre une moyenne annuelle de croissance de 13,8% entre 2009 et 2012 et une valeur au prix courant de la production nationale agricole de 29 milliards de dollars (2012). «La Politique du Renouveau Agricole et Rural s'est construite sur une assez longue période par petites avancées en fonction du contexte», expliquait l'ancien ministre. Il précisait que «l'utilisation de plus en plus élargie des plateformes numériques (...), rapprochaient les acteurs nombreux du développement et faisaient découvrir à chacun d'eux des capacités nouvelles d'actions ciblées et plus efficaces pour l'atteinte de ses objectifs». Utilisation qu'il disait «avoir constitué dans plusieurs situations un puissant générateur de confiance entre gouvernants et gouvernés tout simplement parce qu'elles induisaient par la magie du partage à grande échelle d'informations ordonnées sur des territoires éloignés et épars une meilleure visibilité pour les acteurs, une appréciation nouvelle de leurs rôles dans la société, un renforcement de leurs capacités et de leurs confiances en eux-mêmes et en conséquence une plus grande sérénité et responsabilité. La PRAR n'a pu être activée que pendant 5 ans... Elle a été totalement abandonnée en 2013. Pour Benaïssa, «l'économie de la connaissance est surtout une action de terrain pour solutionner des problèmes de gouvernance et de productions. Ce n'est ni un titre ni une discipline isolée». C'est ce qu'a rappelé le président de la République dans son discours lu par son 1er ministre le jour de l'ouverture des assises nationales.


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