Algérie

Économie à l’abri, développement menacé


C’est dans l’air du temps : c’est le privé qui est à l’origine des crises. Il faut revenir aux instruments étatiques du développement économique. Temmar suggère que l’Algérie va donc créer de grandes sociétés nationales pour promouvoir l’investissement industriel. Donc retour à la Sonacome II, à la SNS II, à la SNMC II, etc.
Mais cette expérience-là a déjà été faite. Ce qui tenait lieu d’industrie a fini en tonneau des Danaïdes d’effacement de dettes et de déficits. Il y avait deux ou trois entreprises viables, comme la Sonatrach et l’ONCV ; elles sont toujours là. Les autres, qui survivent aussi, c’est parce qu’on ne peut se passer des services publics qu’elles sont réputées régir.
N’ayant pas fini de présenter la privatisation comme une entreprise de développement national, le gouvernement arbore la pertinence renaissante de la “grande entreprise publique”.
L’Algérie n’a pas su se développer par les sociétés nationales et, à la première baisse du prix du pétrole, n’a pas pu financer les déficits structurels de l’industrialisation planifiée. Par la suite, elle n’a pas su, non plus, s’assurer une relance par l’investissement privé national et étranger, malgré un baril réévalué et des recettes en augmentation qui ont permis la mise en œuvre d’un “programme de soutien à la croissance”.
Depuis que le Président a avoué que “nous avons fait fausse route”, on conforte tout ce qui exclut l’idée d’un appel au capital étranger (et donc ce qui va avec : la technologie, le management, le transfert de savoir-faire), parce que certaines des premières expériences d’IDE ont été, nous dit-on, financièrement hémorragiques.
En quoi donc la version moderne des sociétés nationales serait-elle plus efficiente que l’ancienne ? On n’a pas pu faire fonctionner une économie d’État parce qu’il n’y avait plus de pétrodollars ; on n’a pas pu initier une économie de marché parce qu’il y avait trop de pétrodollars. Tout se passe comme si c’était les disponibilités financières qui, en définitive, dictent le choix de la politique de développement : le plan, c’est pour les beaux jours du commerce des hydrocarbures ; le marché financier, c’est pour l’après-pétrole.
Mais voilà, et Djoudi vient de rectifier, à Washington devant le G24, l’enthousiasme national sur la mise à l’abri du pays devant la crise du système financier : l’assurance n’est qu’à “court terme”, a-t-il précisé dans son discours au FMI.
Il venait de voir le baril passer en dessous des 80 dollars. Il ne sera pas aisé de financer la création et l’entretien de grandes entreprises publiques, consommatrices de “matières premières” — pour certaines — et de services importés — pour toutes. Il faut de l’argent pour redevenir le paradis des “ensembliers” et des “bureaux d’études” qu’on fut pendant longtemps.
Les perspectives n’étant pas favorables à un raffermissement rapide du marché des hydrocarbures, on peut craindre que si la crise n’a pas d’impact sur notre économie enclavée, elle risque d’en avoir sur notre développement, déjà compromis par l’absence de politique.M. H.
musthammouche@yahoo.fr 
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