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Pierre Terzian. Directeur de Pétrostratégies«L'Algérie doit mettre fin au gaspillagede son énergie»- Les cours du baril de brent de mer du Nord semblent s'être stabilisés autour de 60 dollars, ils remontent même, malgré la perspective d'un accord sur le nucléaire iranien. Quels sont les facteurs qui contribuent à la stabilisation des cours 'Nous avons la nette impression que pour les Saoudiens, le prix de référence doit être actuellement de 60 dollars le baril. Il y a quelques mois, en février plus exactement, lorsque les prix du baril ont dépassé les 65 dollars, les Saoudiens sont intervenus pour le ramener à des niveaux inférieurs. Ce scénario s'est répété ces derniers temps.Chaque fois que le baril s'éloigne un peu trop de la barre des 60 dollars, les Saoudiens interviennent, essentiellement à coups de déclarations ou d'informations et rabaissent les cours vers la zone des 60 dollars. C'est, semble-t-il, le prix de référence auxquels les Saoudiens sont attachés.- Le Koweït estime que les cours du brut devraient remonter durant les prochains mois, tandis que les analystes du marché considèrent que les cours actuels du brut sont trop élevés au regard des fondamentaux du marché caractérisés par une abondance de l'offre des stocks. Selon vous, quelles sont les perspectives du marché 'Avant de déclencher son offensive en faveur d'une baisse des prix, l'année dernière, l'Arabie Saoudite avait pris soin de réunir ses partenaires du Conseil de coopération du Golfe. Il s'agit des Emirats arabes unis, du Bahreïn, du Qatar, du sultanat d'Oman et du Koweït. Or, nous savons que trois de ces pays, le sultanat d'Oman, le Koweït et le Qatar, ne sont pas du tout contents du niveau actuel des prix du pétrole, qu'ils considèrent comme étant trop bas. Les Omanais l'ont critiqué ouvertement.Les Qataris et les Koweitiens le font en privé, en ajoutant : «Mais que pouvons-nous faire '» Le Bahreïn ne produit pas de pétrole, il est donc hors jeu. Restent les Emirats arabes unis, qui sont au contraire partisans de l'approche saoudienne de manière officielle et ouverte. Dans ce contexte, les Saoudiens doivent, sans cesse, faire en sorte que leur stratégie réussisse pour que leurs partenaires continuent de marcher dans le même sens.- La baisse des cours a induit pour l'Algérie un déclin de plus de 45% de ses revenus. Aussi l'on assiste à des annonces successives de cession d'actifs par les compagnies pétrolières, notamment en Algérie. Cela risque-t-il d'affecter les investissements dans l'amont pétrolier algérien 'L'Algérie va souffrir comme les autres pays exportateurs de la baisse du prix du pétrole. Rien que pour l'exportation du pétrole ? sans compter les revenus du gaz ? les revenus de l'Algérie vont baisser de 30 milliards de dollars cette année. A cela, il faut ajouter la baisse des exportations gazières. Les compagnies qui se retirent le font dans un contexte général d'adaptation aux nouvelles conditions du marché. Les actifs, qu'elles considèrent comme n'étant pas leur corps de métier, deviennent objets de cession.Ce n'est pas que l'Algérie soit devenue un pays inintéressant. C'est simplement que dans un contexte de prix du pétrole bas, les compagnies pétrolières sont en train de réadapter leurs actifs. C'est ce qui explique les cessions. Cela ne concerne pas seulement l'Algérie. On peut citer l'exemple de la société allemande d'électricité et de gaz E.ON, qui est en train de céder pour 2 milliards de dollars d'actifs en mer du Nord, en Norvège et en Grande-Bretagne, alors que ces actifs ont procuré des revenus de plus d'un milliard d'euros en bénéfice net pour E.ON, l'année dernière. Il faut considérer ces adaptations de portefeuilles dans une optique plus générale et non pas y voir une initiative qui viserait un pays ou un autre en particulier.Cela dit, lorsque le contexte international change dramatiquement, comme il l'a fait avec la baisse des prix du pétrole, la concurrence entre pays exportateurs de pétrole pour attirer les investissements devient féroce. L'Algérie, tout comme les autres pays exportateurs, doit en tenir compte, si elle veut relancer les investissements étrangers. En attendant, elle doit faire face à deux défis majeurs à relever. Le premier est enthousiasmant.Il s'agit de développer les découvertes très importantes et très nombreuses qui ont été faites ces dernières années. C'est l'aspect positif et il faut y travailler. L'autre défi, autrement plus redoutable, est de mettre fin au gaspillage et à la surconsommation d'énergie en Algérie. Un gaspillage qui est encouragé par les prix très bas à la fois du carburant routier, de l'électricité et du gaz. C'est un problème majeur et politiquement très sensible.




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