Algérie

Ecoles La difficile épreuve des APC



Fréquemment, il y a surcharge des classes, puis et souvent des repas froids servis et rarement des clim' dans des classes au Sud. Fait nouveau : installation de chalets. La gestion des écoles primaires relevant des Collectivités locales pose problème. Et si le ministère reprenait les choses en main 'Il est 12h15. Devant l'école Youcef Abdelkader à Douéra, la tension est à son comble. Des parents, furieux, crient. Objet de la colère : l'emploi du temps des enfants. Du dimanche au mardi, les petites ont cours de 10h15 à 12h30 et reprennent à 15h jusqu'à 17h15. Pour ce qui est de mercredi et jeudi, les élèves ont cours de 8h à 10h15.
Et en ce qui concerne l'après-midi, ils commencent à 12h30 et sortent à 15h. Une dispute éclate avec le directeur de l'école. «On ne comprend pourquoi vous avez modifié l'emploi du temps. Ce nouvel horaire n'arrange personne. Nous sommes obligés de sortir du boulot pour être présents à la sortie des classes», rouspètent les papas.
Si ces derniers sont autant remontés, c'est parce qu'il y a quelques jours, leurs enfants avaient cours soit la matinée soit l'après-midi. «L'ancien emploi du temps arrangeait tout le monde. On déposait les enfants le matin, et leurs mamans venaient les récupérer. Désormais, on se coupe en quatre et on n'y arrive pas», confient-ils.
Yasmina, cadre dans une entreprise étatique, a dû faire un choix : «J'ai dû prendre une mise en disponibilité afin de pouvoir emmener mon fils à l'école. Son papa travaille. J'ai donc dû renoncer à mon job. On habite assez loin de l'école. Et vu le manque de transport et le bas âge de mon enfant, c'était la seule solution qui s'offrait à nous.»
Et Yasmina n'est pas un cas isolé. De nombreuses mamans se sont retrouvées dans la même situation. Aïcha, récemment relogée dans la cité des 1000 à Douéra, raconte son calvaire de tous les jours : «Etant donné que mon mari commence tôt le matin, dès 6h, c'est moi qui me charge d'accompagner les enfants à l'école.
Heureusement que les deux sont scolarisés dans la même école. Avec leur nouvel emploi du temps, c'est devenu plus compliqué car je n'ai pas le temps de rentrer à la maison puis revenir. Je suis obligée de rester dans les alentours pour être à l'heure à la sortie. Le hic est que j'ai deux autres petits de 2 et 3 ans. Je n'ai pas où les laisser. Je les ramène avec moi.»
Des difficultés qui ne préoccupent pas tant le directeur qui répond : «C'est la meilleure chose à faire en ce moment. Si on charge trop les enfants, ils seront dans l'incapacité de suivre correctement les programmes. C'est simple, si on met à la disposition des enfants des jouets pendant 4 heures d'affilée, ils s'en lasseront. Imaginez ce qu'il en sera quand il s'agit d'un exercice qui demande réflexion. C'est aux parents de faire des concessions au profit de l'éducation de leurs enfants.»
Chalets
A l'école Youcef Abdelkader, on a installé le système de la double vacation en raison du nombre important d'élèves que l'école est dans l'incapacité de contenir en même temps. Dans la commune de Douéra, et suite aux nombreuses opérations de relogement, la ville se trouve «saturée».
En effet, tous les nouveaux programmes de logements ont été livrés sans les infrastructure élémentaires qui doivent accompagner un quelconque programme tels que les écoles, les commissariats ou encore les centres de santé. Et c'est l'éducation qui en fait les frais en premier.
En raison du nombre important de nouveaux élèves inscrits obligatoirement à Douéra, car résidents, l'école primaire Ahmed Hanafi a été transformée en annexe du CEM Ayachi Gettay. Cette annexe ne regroupe que deux niveaux : première et deuxième années moyennes.
Les élèves qui étudiaient dans l'école primaire Ahmed Hanafi ont été transférés vers l'école Youcef Abdelkader. Autrement dit, l'effectif de deux classes primaires est contenu dans une seule école. Mais alors, comment se fait-il qu'une même école soit arrivée à accueillir tous ces élèves ' En fait, cela était impossible.
Deux solutions ont été trouvées : la double vacation et l'installation de chalets. Si la première alternative existe déjà dans de nombreuses écoles, la seconde reste quelque peu inédite.
Samedi dernier, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, a inspecté des chalets installés au sein des écoles et devant renforcer temporairement certains établissements éducatifs des communes de Douéra et de Draria, souffrant de problèmes de surcharge dus aux flux de populations enregistrés récemment au niveau de ces deux communes.
Lors de sa visite, la ministre a appelé à la réunion des conditions nécessaires à la scolarisation, affirmant que le recours aux classes préfabriquées «n'est qu'une solution temporaire et exceptionnelle», en attendant les travaux d'extension des établissements éducatifs. Sur le terrain, la réalité est tout autre. Un rapide tour devant l'école Ahmed Hanafi nous renseigne sur l'état d'avancement d'une de ces extensions.
A titre d'exemple, le projet de réalisation de six (6) classes avec 1 logement d'astreinte en remplacement de l'école Ahmed Hanafi, devant être entamé en juin dernier, n'a pas avancé d'un iota. «Pourtant, les engins sont bien en place depuis 3 mois. Sauf que rien n'a été fait. On ne peut même pas dire que les travaux sont à l'arrêt car ils n'ont tout simplement pas commencé», se désole Souad, une maman de 37 ans.
Responsabilité
«En attendant, nos enfants et nous par la même occasion payons le prix», se désole-t-elle. De son côté, Nadia, la quarantaine, une des mamans présentes sur place confie : «Nos enfants sont entassés dans des classes de 40 élèves minimum. Ils ont du mal à suivre en classe.
Et en rentrant le soir, ils sont incapables de réviser car ils sont exténués», se plaint-elle. Et d'ajouter : «Mettre en place des chalets ne nous étonne presque pas. Le pays a toujours fonctionné avec des solutions de bricolage. Le souci est qu'on ne peut même pas se plaindre car nous n'avons pas le choix. Tout parent refuse que son enfant soit dans un chalet. Mais avons-nous le choix ' Malheureusement, non.
C'est soit on accepte, soit notre enfant sera privé de scolarité.» Cette dernière aurait d'ailleurs préféré que ces chalets soient installés plus près de ces nouvelles cités : «Nous sommes arrivés au point d'installer des chalets pour scolariser nos enfants. Pourquoi ne pas les avoir installés près de nos maisons '
Cela aurait évité à nos enfants tous les désagrément liés au transport en plus de la surcharge dans les écoles.» Yasmine, une jeune écolière, décrit les chalets installés dans son école à Douéra : «Ils ont occupé une grande partie de la cour. On a l'impression que la cour est très pleine.
De plus, dedans, il fait très chaud. En hiver, ils seront sans doute très froids.» Pourtant, la ministre a affirmé que son secteur «?uvrait d'arrache-pied», en coordination avec les autres secteurs concernés, pour trouver des solutions immédiates et permanentes en vue d'assurer de meilleures conditions de scolarisation aux élèves.
Sauf que ces assurances sonnent faux chez les parents, excédés par tant de promesses : «Ils devaient prévoir des solutions bien avant la rentrée scolaire. Ils disent travailler en coordination avec les autres ministères, sauf qu'en réalité chaque secteur travaille indépendamment de l'autre.
Comment expliquent-ils qu'on en arrive à un tel stade ' C'est grave, mais nous sommes presque habitués à cette politique du bricolage», confie Mohamed, un papa à bout. Mais où se situe la responsabilité dans cette histoire étant donné que la gestion des écoles primaires leur revient '
Normalement, c'est le service technique de l'APC qui doit se charger de la surveillance et du bon déroulement des travaux d'extension. «Malheureusement, rien n'a été fait. En fait, la responsabilité est partagée entre les APC et les ministères. Normalement, quand ces derniers se rendent compte que les APC ne font pas leur travail, ils doivent trouver des solutions au plus vite et ne pas laisser la situation s'aggraver», confie Lyes, militant associatif.
Selon lui, il n'y a pas de mal dans le fait que la responsabilité des écoles incombe aux APC, mais pour ça, il faut qu'il y ait de bons gestionnaires. «Cette année par exemple, il n'y a pas eu un travail au préalable pour inspecter les écoles et faire un état des lieux.
Or, tout est une question de planification. Normalement, quand il y a des bâtiments qui poussent, il devrait automatiquement y avoir des infrastructures qui suivent. Malheureusement, cela n'a pas été fait chez nous, c'est ce qui explique la situation dans laquelle on se retrouve.»


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